Désertés parce qu'ils ont perdu leur fonction de «poumon des villes et des lieux de détente», les espaces verts de la wilaya de Guelma, une soixantaine environ entre jardins botaniques collectifs, épigraphiques, ornementaux, résidentiels, particuliers, forêts urbaines et autres alignements boisés, suscitent indignation et réprobation vu leur état de dégradation. Un récent recensement, bien que préliminaire, des jardins publics, établi par la direction de l'environnement de la wilaya de Guelma, confirme ce constat. «Si l'état général des jardins publics est lamentable à Guelma, pourquoi la loi tarde-t-elle à être appliquée ?» C'est la question qui revient à chaque entretien avec les autorités compétentes. Pourtant, il y a bien la loi n°2007-06 du 13 mai 2007 relative à la gestion, la protection et le développement de ces espaces, dont les dispositions générales avaient pour objectif, justement, d'améliorer et d'entretenir la qualité des espaces verts qui existent à travers le territoire national ! Mais force est de constater que pratiquement rien n'a été fait en sens par les pouvoirs publics à Guelma. La situation est déplorable, et c'est peu dire ! Dans ce contexte, certains riverains du jardin public Seridi Mustapha, le plus important et surtout le plus ancien du chef-lieu de wilaya, dénoncent : «Et ils appellent (les autorités locales) cela un espace vert ; on y voit beaucoup plus pousser des immondices que des fleurs !» Créé au début du siècle dernier, cet espace a été, jusqu'à l'indépendance et quelques années après, un jardin botanique unique en son genre, une centaine d'espèces végétales rares y ont été plantées, mais aujourd'hui, elles ont dépéri ! Même constat du côté du jardin public des Frères Boulmoukh (face au siège de la wilaya de Guelma). Ce jardin provoque des crises d'angoisse chez les passants qui s'y aventurent plutôt que de la quiétude, s'indignent des personnes âgées en quête de fraîcheur et de détente en ces journées de Ramadhan. En effet, si l'éclairage public du jardin Seridi Mustapha a subi les affres du vandalisme, l'état du jardin des Frères Boulmoukh s'apparente beaucoup plus à une destruction méthodique. Même le revêtement des allées, les bancs et les luminaires ont disparu du paysage. La même situation chaotique est constatée du côté de la forêt urbaine de la cité Champs de manœuvres dont les dealers et autres voyous ont fait leur lieu de rencontre. Mais qu'en est-il au juste ? Selon des sources au fait de ce dossier, il faudrait d'abord procéder au classement des espaces verts pour ensuite prétendre à une quelconque gestion. C'est un bureau d'études à la charge de chaque APC qui devra classifier lesdits espaces. Ce classement comporte, nous dit-on, deux phases : celle de l'étude de classement de l'espace et celle du classement proprement dit. Cette procédure est ensuite avalisée par des arrêtés : du wali, pour les parcs urbains, et du maire, pour les jardins publics. Ce n'est qu'après la classification, laquelle au final déterminera la nature juridique de l'espace vert (jardin botanique, collectif, ornemental, résidentiel, particulier, forêt urbaine, alignement boisé ou parc national), que la gestion incombera à l'autorité qui l'a demandée. Mais l'application de cette loi piétine à Guelma. A ce jour, sur les 34 communes que compte la wilaya, seules 7 ont délivré des arrêtés, mais d'une façon globale, indiquent nos sources. Quoi qu'il en soit, une solution provisoire semble arranger les autorités locales, qui ont dépêché plus de 1200 jeunes pour nettoyer les espaces verts dans le cadre du contrat de formation et d'insertion des jeunes chômeurs (CFI). Mais le résultat est peu convaincant.