Trop de saignées en si peu de temps : Ramadhan, Aïd El Fitr, rentrée scolaire, Aïd El Adha… C'est l'heure des emplettes dans les marchés des effets vestimentaires à Souk Ahras et c'est l'inévitable ruée vers les rues commerçantes qui annonce déjà la fin du mois de Ramadhan. Commerçants et marchands ambulants mettent à profit la grande affluence pour écouler leurs marchandises, voire d'anciens stocks au prix fort. La frénésie des achats étant à son apogée et la vente garantie, des fonctionnaires, des étudiants, des enseignants et même des avocats se sont convertis en vendeurs de friperie. «Venez voir vous-même; ceux qui vendent sont plus nombreux que ceux qui achètent et malgré ça tout le monde finit par liquider le plus gros des produits avant minuit», nous confie le propriétaire d'un taxiphone, témoin de la frénésie des achats qui caractérise les rues du centre-ville. Côté petites bourses, le cauchemar a déjà commencé avec le premier jour du mois sacré, où tous les prix ont pris des ailes, notamment la semoule, les viandes et les fruits et légumes …et l'Aïd n'est que partie prenante d'une série de dépenses excessives, à mettre sur le compte des barons du marché et sur celui de certains comportements qui n'associent guère frugalité ou rationalité à leurs habitudes. Le qu'en-dira-t-on, faut-il le rappeler, a la primauté sur tous les autres réflexes, et c'est le circuit infernal qui perdure. De 3500 à 5000 DA un semble de deux pièces pour fillette, des chaussures pour enfants en bas âge qui dépassent les 4000 DA, le smicard est sûr d'avoir cédé la moitié de son maigre salaire. « Même la friperie n'est plus à la portée des maigres revenus; la demande dépasse de loin l'offre et les vêtements usés n'ont plus les mêmes prix», a remarqué un homme d'âge moyen égaré entre les ballots énormes autour desquels se bouscule une faune de personnes en quête de la bonne occasion. Passée la ruée sur les effets vestimentaires, tout ce beau monde ira, volontiers, se faire plumer par l'épicier du quartier qui a déjà revu à la hausse les prix des ingrédients pour gâteaux et autres mets prévus pour l'Aïd. Onéreuses sont nos fêtes.