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Mosquées, salles de prière, biens wakfs...
Les dinars de la foi
Publié dans El Watan le 16 - 03 - 2006

C'est comme si l'on avait construit une mosquée par jour depuis 1962. Un record mondial. » C'est ainsi que Abdellah Tamine, chargé de la communication au ministère des Affaires religieuses, commente le chiffre de 15 000 mosquées existant en Algérie. On compte 138 mosquées historiques en Algérie, 328 zaouïas, 2870 écoles coraniques et 2344 petites écoles coraniques.
La répartition des « maisons d'Allah » est assez inégale, selon lui : la wilaya de Tizi Ouzou compte 731 mosquées, le nombre le plus élevé, alors que la wilaya de Tindouf arrive au bas du tableau avec 15 lieux de culte. Le chef-lieu de Tindouf connaît la réalisation d'un complexe islamique s'étendant sur 2500 m2, comprenant une mosquée d'une capacité d'accueil de 3000 fidèles. Selon le ministère, les 15 000 mosquées ne suffisent plus à répondre à une demande qui serait de plus en plus forte. Les affaires religieuses avancent le chiffre de 14 millions de fidèles à travers le territoire national, « quasiment 50% de la population », observe M. Tamine, lors de la prière du vendredi. « Lors de cette grande prière et celle de l'Aïd notamment, nous avons remarqué que les gens sont obligés dans plusieurs villes d'accomplir leur prière à l'extérieur, dans la rue, dans des espaces improvisés aux alentours des mosquées », indique M. Tamine. Le ministère a calculé une sorte de projection évoquant la nécessité de construire dans les années à venir quelque 3000 mosquées à travers le territoire en prenant en compte les variantes démographiques et leur actualisation. Difficile d'en avoir le détail. Car rien que sur le volet des déplacements de population, on ne sait pas combien des 1,5 million de ruraux, déplacés vers les villes à cause de la violence ces dix dernières années, sont retournés dans leurs villages ou dechras. Ces 3000 nouvelles mosquées, selon M. Tamine, devraient compléter la couverture totale du territoire national. Qui va financer ces projets ? « Il n'y a pas de prise en charge intégrale de la part de l'Etat, les associations agréées devront jouer leur rôle », répond le chargé de la communication. Tous les deux ans, la direction des affaires religieuses de la wilaya octroie entre 30 millions et 40 millions de centimes aux associations de mosquées. Subventions allouées aux directions de wilaya par le ministère qui tient à une totale transparence du travail de ses associations. L'Etat, en théorie, intervient financièrement en fonction du niveau des dons de particuliers. Lors de sa visite dans la wilaya de Médéa, le 10 décembre 2005, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdellah Ghlamallah, a insisté sur la mission qui revient aux associations religieuses dans la gestion et le fonctionnement des mosquées. Le but étant que ces associations puissent avoir les moyens de leur rôle dans le tissu social et assurer leur autofinancement. Le ministre Ghlamallah a appuyé l'idée de la nécessité de diversifier les sources de financement des lieux de culte, dont « l'édification et les frais de fonctionnement ne doivent plus être supportés uniquement par l'Etat, qui a beaucoup investi dans ce domaine, mais c'est aux associations de mosquées de mieux exploiter le bien dont ils ont la charge ». Le ministre des Affaires religieuses a néanmoins témoigné de la disponibilité de l'Etat à continuer à apporter sa contribution financière en vue de l'achèvement des mosquées en cours de construction.
Autoconstruction et régulation
Pour le projet de la mosquée Larbi Tebessi dans la ville de Tébessa, dont le coût a été évalué à 800 millions de dinars, l'Etat a déjà déboursé 35 millions de dinars, alors que le projet n'est réalisé qu'à 5%. Une lenteur due à la faiblesse des collectes de dons de particuliers. Par contre, dans la ville de Ouenza, dans la wilaya de Tébessa, la mosquée Ennour, jumelée à une école coranique, en chantier avancée à 80% de réalisation, suit un autre schéma. 90% du coût total du projet, évalué à 600 millions de dinars, proviennent des dons collectés par l'association de la mosquée. Pour la construction de la grande mosquée d'Alger à Mohammadia (15 km à l'est d'Alger), qui devra avoir une capacité d'accueil de 120 000 fidèles, c'est l'Etat qui finance entièrement les travaux. « C'est un projet attaché à la souveraineté du pays. Chaque Etat musulman a sa propre grande mosquée officielle, où se déroulent notamment les cérémonies d'importance », explique le chargé de la communication du ministère des Affaires religieuses. Djamaâ El Kebir d'Alger, qui accueille les cérémonies, telle la prière de l'Aïd à laquelle prennent part les officiels, ne peut plus répondre aux besoins actuels. Le complexe de la grande mosquée d'Alger englobera également Dar El Qor'an, une importante école coranique, un centre culturel, un centre de santé, des parkings, des espaces verts, un centre d'affaires, etc. L'Agence nationale de réalisation et de gestion de la nouvelle grande mosquée d'Alger, dont le directeur général est nommé par décret présidentiel, chapeaute le projet. L'agence est un établissement public à caractère industriel et commercial, et c'est en Conseil des ministres, le 28 septembre 2004, qu'a été décidée sa création. La phase de réception des plis, après le lancement d'un appel d'offres international, serait en cours, et l'ouverture des plis et la désignation des bureaux d'études se feront après l'opération d'évaluation du hadj 2005-2006. Les travaux débuteront en 2006 et s'étaleront sur une période de 25 à 30 mois, selon le ministère. Sur le plan local, et même au niveau des quartiers, l'on observe que les habitants prennent en charge eux-mêmes la construction d'un lieu de culte, mosquée, ou moussala, salle de prière. L'une des grandes différences entre ces deux structures est qu'une salle de prière ne peut abriter la prière du vendredi, celle de la djamaâ, de la communauté. On trouve des salles de prière dans certains lieux de travail, dans les universités, dans des casernes, etc. Selon le ministère des Affaires religieuses, il n'existerait pas de salles de prière informelles, non déclarées. Mais on apprend que les services du ministère ou des directions de wilaya des affaires religieuses ne s'autosaisissent pas pour déclencher une inspection. « Les contrôles ne se font que sur demande », indique le chargé de communication au ministère. « Ici, dans ce quartier, on a construit une salle de prière depuis quatre ans pour éviter aux personnes âgées de se déplacer à la mosquée qui est située un peu plus loin. Mais voyez-vous, moi qui habite au rez-de-chaussée à côté de la moussala, je n'ai plus de soleil et l'entrée du bâtiment est obstruée à chaque prière. Si jamais il y a un sinistre, un incendie ou un séisme, j'ai peur qu'on y laisse nos vies », témoigne un habitant d'un quartier central à Alger. Pourtant, au niveau du ministère et des communes, la procédure expliquée tend à limiter ces cas de figure. « Dans le cas de l'autoconstruction, c'est la direction de wilaya des Affaires religieuses qui gère le dossier », indique-t-on au département de Ghlamallah, ajoutant que « l'approche est la même pour n'importe quelle construction, comme par exemple l'avis de la Protection civile. Sauf qu'il y a des règles spécifiques à un lieu de culte ». Les services de l'urbanisme contrôlent le permis de construire et les conditions proprement techniques inhérentes. Mais aussi, ces services vérifient le respect de l'architecture musulmane pour le cas des mosquées autoconstruites. Il y a également l'intervention de la commission de la qibla qui s'assure de l'orientation vers La Mecque. Les autorités se montrent particulièrement sur le qui-vive sur cette question. La peur de l'existence de lieux de culte incontrôlés, réminiscences des débuts des années de violences intégristes, est présente. Devant les parlementaires, en 2001, le ministre a souligné qu'il ne disposait plus de postes budgétaires d'imam pour couvrir le territoire. Il serait près de 22 000 imams à travers le pays. Et là, le ministre ne parlait que des mosquées « déclarées ». Car même dans ce cas, le contrôle semble un souci pour les autorités : en juillet 2005, le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, avait déclaré lors d'une conférence de presse que « dans chaque mosquée vous trouverez deux agents des renseignements généraux. Nous n'avons rien contre le prosélytisme. Priorité à prévenir la violence ».
Wakfs, la terre et le don
En évoquant la construction, on ne peut faire l'impasse sur les wakfs, ou ce que le droit français définit comme les biens de main morte. Il s'agit des propriétés foncières régies par le ministère des Affaires religieuses et qui recouvrent notamment les terrains des 15 000 mosquées, des mausolées, zaouïas, des 2400 cimetières musulmans et des 800 cimetières non musulmans, des lieux de culte chrétiens ou israélites, etc. Le ministère des Affaires religieuses a enregistré, « jusqu'à fin 2005 », 1140 locaux commerciaux, 2619 logements et 618,7 ha de terres relevant des biens wakfs. Il faut ajouter également à ce patrimoine 1555 arbres divers, 3816 palmiers et 7638 vergers. D'ailleurs, la première condition pour un particulier désirant faire don de son terrain pour construire une mosquée est d'inscrire l'assiette foncière aux wakfs. Par ailleurs, il est à noter que les arriérés des loyers des biens wakfs dans 39 wilayas du pays ont atteint, l'année 2004, 4 milliards 218 millions de centimes, selon une évaluation réalisée par la direction des wakfs et du hadj. A noter que, selon le ministère, les biens wakfs, répartis à travers le territoire national, rapportent plus de trois milliards de centimes de recettes annuellement. L'étude citée montre que l'inventaire sur le deuxième semestre de l'année en cours fait état de 218 millions de centimes d'arriérés. Il y a quatre ans, le ministère de tutelle a lancé une opération pour évaluer les activités de la direction des wakfs et du hadj englobant le montant des loyers, les biens wakfs non utilisés et ceux utilisés à titre gracieux. A ce titre, les données exposées par des cadres du ministère lors de journées d'études sur la formation des cadres des services des wakfs et des rites tenues à Alger fin novembre 2005, évoquent 19 locaux commerciaux wakfs utilisés sans loyer, 27 locaux commerciaux wakfs non utilisés, 37 logements wakfs non utilisés et 25 douches dans la même situation, recensés dans 13 wilayas. Un véritable casse-tête. « L'essentiel est de gérer dans la légalité, autant pour le financement des mosquées que dans la gestion des biens wakfs. Si on sort de la légalité, si l'on sort de la légitimité, on court de gros risques. Des gens ont manipulé la religion au sein même des lieux de culte, et nous nous sommes retrouvés avec les géniteurs du terrorisme », tient à conclure Abdellah Tamine.


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