Plusieurs associations, notamment des familles des victimes du terrorisme, ont appelé hier à un rassemblement aujourd'hui, à 11 h, à la place Karima Belhadj, à la placette de la Grande Poste à Alger, pour commémorer le 12 e anniversaire de la marche du 22 mars 1994, contre le terrorisme, qui avait drainé dans la rue des centaines de milliers de personnes. Les organisateurs de ce rassemblement comptent dénoncer la politique de libération massive des terroristes et exiger la réhabilitation de la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que l'Algérie républicaine reste debout. Le choix de la date du 22 mars, pour la tenue d'une telle manifestation, n'est pas fortuit. La marche du 22 mars 1994 a été, rappelons-le, initiée par des associations de femmes, dans le but de dénoncer le terrorisme au moment où il avait atteint son paroxysme. La marche avait démarré de la place du 1er Mai, pour se terminer devant le siège de l'ex-Observatoire des droits de l'homme, devenu aujourd'hui la Commission consultative nationale de promotion des droits de l'homme. Cette manifestation avait été suivie par plusieurs autres à l'intérieur du pays, surtout dans les wilayas les plus touchées par le terrorisme. Dans une déclaration commune rendue publique hier, l'association Djazaïrouna de Blida, le collectif des femmes du Mouvement démocratique et social (MDS), le collectif des femmes du Printemps noir, Tharwa Fadhma n'Soumeur, l'association Volonté initiative et engagement (VIE), Rassemblement algérien des femmes démocrates (RAFD), ainsi que de nombreuses victimes du terrorisme et de citoyens, et après avoir fait de l'année 2006 celle du combat pour le respect de la mémoire et de l'égalité, ont appelé « tous les patriotes, les familles des victimes du terrorisme et les militants de la démocratie à se joindre massivement » au rassemblement du 22 mars, à la place Karima Belhadj, la première femme assassinée par les balles criminelles des intégristes islamistes au quartier des Eucalyptus, alors fief du GIA, afin d'exprimer le refus catégorique de cautionner les libérations massives des tueurs de cette organisation terroriste et le rejet de la politique du pardon, imposée par la charte pour la paix. « Non à l'amnésie imposée », « Non à la remise en cause du caractère imprescriptible des crimes contre l'humanité commis par l'intégrisme religieux », « Oui, au droit à une justice », « Non au pardon imposé », sont les quelques slogans choisis pour ce rassemblement. Des slogans déjà adoptés par les nombreuses familles des victimes du terrorisme qui se rassemblent chaque dimanche devant le Palais du gouvernement. Sous le mot d'ordre de « tous les dimanches pour hanter les consciences », les manifestants ont déjà observé deux sit-in devant l'imposant bâtiment du premier ministère, et en dépit du dispositif policier impressionnant déployé par les autorités. Ils se sont donné rendez-vous pour aujourd'hui à la Grande-Poste à partir de 11 h, mais aussi pour dimanche prochain. Pour sa part, la fédération d'Oran du MDS compte célébrer cet anniversaire en rendant hommage aux victimes de l'intégrisme religieux. La première action aura lieu, le jeudi 23 mars, au siège même du parti à Oran, à travers la projection d'un film débat, et le recueillement, le vendredi 24 mars, à la mémoire des victimes du terrorisme au cimetière de Aïn El Beïda.