And the winner is…l'Union européenne. L'UE vient, en effet, de rafler le très prestigieux prix Nobel de la paix, une distinction qui survient en pleine crise de la zone euro. «L'UE et ses précurseurs contribuent depuis plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe», argue le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland. Ironie de l'histoire : la Norvège, pays où siège le comité Nobel de la paix, a refusé par deux fois d'intégrer la communauté européenne, en 1972 et en 1994. Il convient de noter que cette attribution ne fait point l'unanimité, loin s'en faut. Alors que les leaders européens s'en félicitent, nombre de voix se sont élevées pour contester ce choix. En tête de ceux qui ont applaudi, José Manuel Barroso, l'emblématique président de la Commission européenne, qui a déclaré : «C'est un grand honneur pour l'ensemble de l'Union européenne, pour ses 500 millions de citoyens.» De son côté, Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, s'est réjoui que les Européens aient réussi «à former ensemble un continent de paix et de prospérité». Abondant dans le même sens, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a dit : «Il est remarquable de voir comment l'Europe du XXIe siècle est unie et en paix et cela n'est pas le fruit d'une coïncidence.» Le couple franco-allemand a salué avec enthousiasme cette consécration, la chancelière allemande Angela Markel estimant que «c'est une décision formidable» en ajoutant que «c'est un encouragement à ce grand projet pacificateur», tandis que l'Elysée y voit un «grand honneur fait à l'Europe» en soulignant que «le Nobel confère à l'Europe une responsabilité encore plus grande». Au nombre des voix discordantes, maintenant, celle de Lech Valesa, l'ancien président polonais et lauréat, lui-même, du Nobel de la paix en 1983. Selon des propos rapportés par lemonde.fr, il a eu ce commentaire acerbe : «Certes, l'Union européenne tente de changer l'Europe et le monde de manière pacifique, mais elle se fait payer pour ça.» Lech Valesa regrette que ce prix n'ait pas récompensé plutôt des «activistes qui s'engagent dans leur action juste pour défendre une idée». Le même site relaie un communiqué de Jean-Luc Mélenchon qui qualifie ce choix d'«humour noir». Pour lui, «l'Union européenne a garanti la paix aux marchés financiers, aux spéculateurs et aux profits bancaires. Mais ne mène-t-elle pas une guerre contre les peuples qui la composent et leurs droits sociaux ?»