La question des avoirs des pays ayant été touchés par le Printemps arabe refait surface. Plus de deux ans après la chute des régimes de Tunisie, d'Egypte et de Libye, le montant des fonds bloqués en Suisse est révélé, mais sans qu'aucun délai ne soit avancé en vue de leur éventuelle restitution. Un haut responsable du ministère suisse des Affaires étrangères a déclaré, hier à Genève, que son pays détient environ un milliard de francs suisses, soit 800 millions d'euros, de fonds appartenant aux pays secoués par le Printemps arabe. Interrogé sur la lenteur de la restitution des fonds aux pays concernés, M. Zellweger a répondu que la balle était dans le camp des pays d'origine, notamment la Tunisie et l'Egypte. «Ce sont eux qui donnent la vitesse à la procédure», a-t-il déclaré. Une déclaration qui pourrait inciter à l'optimisme mais en fait est démentie par de précédentes affaires de ce genre dont le règlement a pris des dizaines d'années. Ce fut le cas pour les Philippines, lorsque le président Marcos avait quitté le pouvoir en 1986. Sa fortune avait été évaluée entre 5 et 10 milliards de dollars, mais il a fallu 17 ans pour que la Suisse restitue à peine 658 millions de dollars au gouvernement philippin. Déjà interrogé par El Watan sur cette question après le blocage des avoirs tunisiens, égyptiens et libyens, maître Brice Marchision, avocat d'affaires français, spécialiste dans le recouvrement des actifs frauduleusement acquis, avait rappelé à juste titre que «l'histoire se répète malheureusement, car dans le cas de Jean-Claude Duvalier à Haïti, les procédures sont toujours en cours, 25 ans plus tard». En effet, les avoirs qui sont selon la nouvelle évaluation du ministère des Affaires étrangères suisse équivalents à 7 millions de francs suisses (5,7 millions d'euros) dorment toujours dans les banques helvétiques. Interrogé sur le bout du tunnel des procédures pour restituer l'argent aux pays concernés, un diplomate helvète a répondu qu'il ne pouvait pas donner de date, étant donné la multitude des recours possibles, tant en Suisse que dans les pays d'origine. La procédure la plus rapide dans le passé concernant les fonds bloqués d'un potentat a été celle concernant l'ex-président du Nigeria, Sani Abacha, qui a duré 5 ans a-t-il déclaré. «La Suisse est le seul pays à publier les chiffres des montants bloqués», a encore précisé le diplomate. Les fonds bloqués en Suisse se décomposent à hauteur d'environ 700 millions de francs suisses (CHF) pour l'Egypte, 60 millions CHF pour la Tunisie, 100 millions CHF pour la Libye et 100 millions CHF pour la Syrie.