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«L'élevage ovin ne dispose pas de marché mais d'une niche spéculative»
Riad Bensouiah, Expert en développement rural
Publié dans El Watan le 22 - 10 - 2012

Spécialiste des questions de développement rural, Riad Bensouiah est auteur de plusieurs études sur les problématiques de l'agriculture, de l'élevage ovin, des pratiques pastorales dans la steppe algérienne et plus généralement sur les activités dans les milieux ruraux, notamment en Algérie. Parmi ses écrits, un ouvrage intitulé Pasteurs et agro-pasteurs du semi-aride algérien : entre tradition et modernité. Il est également l'auteur d'études sur «La lutte contre la désertification dans la steppe algérienne», ainsi que sur «L'environnement dans la steppe algérienne», en collaboration avec Slimane Bedrani.
-Le prix du mouton atteint actuellement en Algérie des niveaux jamais vus auparavant. Le fait que le cheptel ovin atteigne plus de 22 millions de têtes, exclut-il d'emblée la production comme facteur de flambée du marché ?
En théorie, les marchés, quels que soient les filières ou les produits, sont régis par la loi de l'offre et de la demande. Dans le cas de la «filière» ovine, la production n'a jamais été un facteur de prix. Le marché évolue au gré des conditions climatiques, de l'état des parcours steppiques et du volume des stocks des aliments de bétail (en grande partie importés). Au sens économique du terme, l'élevage ovin ne dispose pas de marché, mais d'une niche spéculative qui permet aux maquignons, en l'absence d'une réelle organisation des éleveurs, d'imposer leurs propres règles de fonctionnement.
Les parcours steppiques constituent en ce sens un réel réservoir ou silo permettant de stocker le cheptel, quelle que soit sa taille et au détriment de la charge tolérée en fonction des disponibilités fourragères des parcours, pour le mettre sur le marché durant les périodes les plus propices. Un simple raisonnement s'impose quand on voit les prix du mouton sur le marché : on se demande où va cet argent ? Ce qui est clair, c'est que les bénéfices ne sont pas perçus dans la zone steppique. Le niveau de pauvreté est important dans ces zones qui constituent un réservoir de petits éleveurs (la grande majorité des éleveurs de la steppe). C'est pour dire que la valeur ajoutée de l'activité est captée autre part et réinvestie ailleurs.
-Le manque de fourrage est évoqué par le ministère pour justifier cette situation. Jusqu'à quel point l'état de la production fourragère freine-t-il le développement de la filière?
Comme précisé avant, on ne peut pas parler de filière dans le cas de la viande ovine. L'élevage ovin souffre d'une «non organisation» qui profite en premier lieu aux maquignons, seuls maîtres à bord sur le marché de la viande ovine en Algérie. Quant à l'impact des disponibilités fourragères sur le prix, il est vrai que cela influe sur les prix mais pas dans les proportions constatées sur le marché. En effet, il est connu que les éleveurs thésaurisent quand les unités fourragères sont disponibles et décapitalisent quand ces dernières manquent. Dans ce dernier cas de figure, les éleveurs sont censés décapitaliser à défaut de pouvoir alimenter leurs cheptels correctement.
Autrement dit, l'offre de cheptel sur le marché est plus importante et les prix devront baisser. Dans l'autre cas, quand les disponibilités fourragères sont importantes, les éleveurs ont tendance à capitaliser. Autrement dit, l'offre du cheptel sur le marché est moins importante et les prix devront augmenter. Au final, il est vrai que les disponibilités fourragères ont un impact sur le prix du mouton et que ces disponibilités se raréfient d'année en année, mais je ne suis pas d'avis que seules ces disponibilités sont responsables de l'état de la «filière» ou freinent son développement Une vraie gestion des stocks annuels des unités fourragères disponibles (unités fourragères naturelles issues des parcours et alimentation complémentaire) peut constituer un atout de taille pour le développement et/ou la régulation de l'élevage ovin, à condition que cela se fasse en-dehors de toute activité spéculative.
-Les conditions climatiques, la dégradation des pâturages naturels, l'accès à l'eau posent aujourd'hui de sérieuses contraintes aux éleveurs. Certains experts affirment qu'à terme, la durabilité des activités d'élevage peut être menacée. Pensez-vous que les perspectives soient aussi catastrophique?
Les pâturages et l'eau sont les principaux facteurs de production, notamment pour les éleveurs de la steppe. Les changements climatiques et la succession des années de sécheresse ont impacté négativement l'état des parcours steppiques. Mais, il n'y a pas que cela. L'augmentation de l'indice de charge dans les parcours steppiques, comme résultats de l'augmentation du cheptel et la diminution de la superficie des parcours, est autant responsable de cet état de dégradation, sans parler des changements socio-économiques dans ces régions et du changement dans le mode de production et du mode de vie de la population locale. La sonnette d'alarme a été tirée déjà durant les années 70 avec une diminution importante des pâturages comme résultats à la désertification et à la désertisation.
Depuis, les choses n'ont malheureusement pas évolué dans le sens positif, et ce, en dépit des efforts, surtout d'ordre technique, déployés par les pouvoirs publics, notamment par le Haut commissariat au développement de la steppe (HCDS). Mais, à mon sens, la solution n'est pas que technique. Le côté organisationnel est très important. On ne peut pas laisser une telle activité sans organisation et au gré des seuls conditions naturelles/climatiques. Il s'agit en quelque sorte d'institutionnaliser l'activité en créant, au niveau de tous les maillons de la chaîne (ou filière) les mécanismes et/ou dispositifs nécessaires en mesure de clarifier les rôles et les responsabilités de chaque intervenant, leurs droits et leurs devoirs. C'est pour dire que malgré l'état alarmant signalé par les différents experts, la situation ne devrait pas être aussi catastrophique si les pouvoir publics décident de se pencher sur les problèmes profonds de cette activité pour identifier les mesures nécessaires à mettre en œuvre afin d'inverser la tendance. Ceci nécessite une réelle volonté politique
-Le ministère de l'agriculture a prévu pour le développement de la production ovine l'extension notamment des superficies consacrées aux plantations pastorales. Quelles mesures doivent être prises prioritairement, selon vous, pour le développement et la pérennité de l'élevage ovin ?
Le développement et la pérennité de l'élevage ovin ne sont pas tributaires uniquement des disponibilités fourragères. Certes, l'alimentation constitue le principal facteur de production de cette activité, mais l'extension des superficies consacrées aux plantations pastorales doit s'accompagner d'autres mesures, notamment d'ordre organisationnel pour permettre une professionnalisation de l'activité et une responsabilisation des divers acteurs de la «filière»/la chaîne. Par ailleurs, aucune mesure ne pourra donner de résultats en l'absence de statistiques fiables sur l'activité, notamment en termes de taille de cheptel, de nombre d'éleveurs, de l'organisation des pâturages et de leur gestion. Dans ce sens, la maîtrise de l'information constitue un prélude à toute intervention efficace.


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