-Bande dessinée : les Vêpres algériennes de Nawel Laoured A la base architecte, ayant fait par la suite des études de scénographie et de théâtre, cette jeune dessinatrice est entrée dans l'aventure de la BD par l'intermédiaire du Festival international de la Bande dessinée d'Alger. Elle a fait partie du collectif «Les Monstres», initié à partir d'une formation-création du festival en 2011. Les Vêpres algériennes» est son premier album personnel qui détonne, non seulement, dans le 9e art algérien mais peut s'aligner même au plan international. C'est une œuvre pour adultes qui met en scène la question de la mémoire des Algériens par rapport à leur histoire ; celle de la guerre de libération nationale, celle de la décennie dite noire. A travers des personnages et des situations extraordinaires qui ne sont pas sans rappeler le théâtre, autre passion de l'auteure, elle réussit à nous renvoyer à notre ordinaire et à interroger notre lien au passé. Pas un mot de politique, on est plutôt dans une dimension philosophique, mais sans pédanterie ni le jargon de cette discipline. Quant au dessin, il est d'une qualité créative et d'exécution admirables pour un premier album. A suivre de près. (Editions Dalimen, 2012. XX pages.) -Roman : la Kahéna de Salim Bacha Non, ce n'est pas la reine berbère qui a défrayé la chronique de l'avènement de l'Islam dans les Aurès, mais une demeure qui porte ce nom. Elle a été construite par un certain Louis Bergagna en 1900 dans la mythique ville de Cyrtha, construite dans l'imaginaire de l'auteur et qui rejaillit de roman en roman, cité inventée mais repérable dans la réalité et qui figure en fait tout le pays. Cette construction survient après un long périple colonial de Bergagna en Guyanne, puis en Amazonie brésilienne. La Kahéna deviendra ainsi le lieu symbolique où se croiseront ou se succèderont des personnages de plusieurs époques, mettant en relief, progressivement, l'histoire de l'Algérie depuis la colonisation jusqu'à l'indépendance avant d'aboutir aux émeutes de 1988. Avec sa verve romanesque habituelle, Salim Bacha nous entraîne dans un monde chargé de tensions et de passions et où la poésie de sa prose défile selon un rythme haletant. L'écriture est de celles qui, tout en étant résolument modernes, gardent les saveurs et l'élégance des romans classiques. Un roman accompli. (Editions Barzakh, 2012. 288 pages. ) -Essai : comment De Gaulle et le FLN ont mis fin à la guerre d'Algérie de Chantal Morelle Sous-titré «1962, les Accords d'Evian», cet ouvrage des Editions Media Plus de Constantine, fait partie de la «fournée» de cette maison à l'occasion du Cinquantenaire de l'indépendance, proposant aux lecteurs algériens des essais publiés en France par des historiens chevronnés ou des témoins des événements. L'auteure maîtrise à la perfection son sujet. Agrégée d'histoire, elle a été chargée d'études et de recherches à la Fondation Charles de Gaulle, ce qui lui a donné accès à des archives de première main. Entre le retour au pouvoir de De Gaulle, en 1958, et la signature des Accords d'Evian, le 18 mars 1962, que s'est-il passé exactement ? Comment les négociations ont-elles été rendues possibles malgré des obstacles qui paraissaient insurmontables ? Comment les accords ont été mis en œuvre ? Cet essai rigoureux se laisse lire comme un récit, celui de la grande aventure de l'Histoire. (Editions Média Plus, 2012. 284 pages.)
