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Vie et mort d'Ibnou Al Moukaffaâ
Publié dans El Watan le 30 - 03 - 2006

Plusieurs écrivains arabes ont essayé de transposer les Mille et une Nuits en livre pour enfants et ce depuis l'apparition ce cette œuvre. En vain ! Il en fut de même pour Kalila oua Dimna, le livre d'Ibnou Al Moukaffaâ, paru vers l'an 135 de l'Hégire et dont on a essayé de vider sa substantifique moelle politique, philosophique et esthétique, pour le simplifier et en faire un livre pour enfants.
Le pouvoir politique de l'époque ne s'y est pas trompé ! qui va vite interdire le livre, le brûler et condamner son auteur à la peine de mort par la roue. Ibnou Al Moukaffaâ fut condamné en 145 de l'Hégire par le khalife Soufiane Ibnou Mouaouia, pour hérésie. En réalité, il fut assassiné pour des raisons politiques. Car rien dans le livre ne remettait en cause la foi musulmane, mais, par contre, il était porteur d'une charge subversive très forte. Les deux petits animaux qu'étaient Kalila oua Dimna étaient féroces dans leurs critiques vis-à-vis du lion, qui configurait et symbolisait bien évidemment, le tyran qu'était Soufiane Ibn Mouaouia. Un tyran absolu. Terrible et sanguinaire. Ce lion méchant et féroce était non seulement critiqué mais était ridiculisé dans Kalila oua Dimna, ainsi que son entourage vorace, corrompu et d'une cruauté terrifiante. Cet entourage se caractérisait surtout par sa bassesse et par sa perfidie. Par son hypocrisie et sa lâcheté. Par son opportunisme et sa prétention. Très vite, après la parution du livre, les gens ont compris qu'il s'agissait d'une critique fine et intelligente du système kalifal dans son ensemble. Pourtant, Ibnou Al Moukaffaâ n'a fait que s'inspirer d'Esope. Mais un Esope virulent et mis au goût du jour arabo-musulman par un analyste particulièrement avisé des affaires du sérail et des mœurs des gouvernants et qui avait une vision de l'intérieur même du système. Un Esope aussi imprégné d'une culture philosophique et scientifique phénoménale. Ce livre pour adultes avisés est donc une autopsie méticuleuse qui utilise le bistouri pour aller au plus profond du pouvoir politique et s'enfoncer dans son conscient et son inconscient. En réalité, Ibn Al Moukaffaâ ne s'attaquait pas uniquement au pouvoir kalifal arabo-musulman de son époque, mais s'attaquait à la notion même de la tyrannie politique, quelle que soit son origine et quel que soit son espace géographique ou culturel. Le génie d'Ibnou Al Moukaffaâ ne consiste pas seulement à dénoncer les maux des systèmes politiques dictatoriaux (et à l'époque, ils l'étaient tous et sur toute la planète), mais il prend toute sa valeur, grâce à la fondation d'une prose moderne et efficace dont il a été certainement le créateur, puisque Les Mille et une Nuits viendront, quelques décades après la mort de cet auteur génial. D'autant, qu'il va bannir, complètement, la poésie de son texte et qu'il va ainsi procéder à l'installation de la prose à l'état brut. Sans aucune concession. Sans aucun amalgame. Ou faire semblant. Ainsi, il Ibnou Al Moukaffaâ va être l'homme de la rupture fondamentale et épistémologique, tant sur le point philosophique que littéraire. En effet, la poésie qui était une pratique de cour, d'allégeance et d'opportunisme, gênait beaucoup les esprits indépendants et rebelles qui y voyaient un genre dévoyé et même dépassé. Ce fut là le grand génie d'Ibnou Al Moukaffaâ ! Ainsi, il a ébranlé tout ce qui était préconçu, pré-fabriqué et artificielle, pour ouvrir la voie royale à l'art de la prose capable de véhiculer le rationnel, le scientifique, le philosophique et le poétique ! Sans a priori.

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