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Le FLN ou les circuits intégrés de l'obéissance
Voyage à l'intérieur des partis
Publié dans El Watan le 02 - 04 - 2006

FLN. Trois lettres nées dans le tumulte d'une révolution d'il y a cinquante-deux ans. Le Front de libération nationale, patrimoine historique promis au musée par l'un de ses fondateurs, Mohamed Boudiaf, assassiné en 1992, a accompagné le processus algérien. Du maquis à la plus haute sphère du pouvoir, parti « multi-confessionnel » à ses débuts, parti-Etat à sa maturité, parti qui se recherche aujourd'hui en pleine logique d'allégeance, le FLN séduit, intrigue, passionne. « Vous me demandez qu'est-ce que je fais au FLN ?
Ma mère est une ancienne moudjahida et ce parti est celui de tous les Algériens, si vous n'êtes pas d'accord avec moi, ce n'est pas grave », commence par dire Ahmed, la quarantaine, agent administratif dans une entreprise publique à Alger-Est. « J'ai adhéré début 2004 au parti. Jamais j'aurai imaginé m'engager. Mais la course électorale paraissait intéressante. Dans le quartier, dans les journaux, on ne parlait que de ça. Même au boulot, mon directeur de service, qui était pro-Ali Benflis, m'a incité à rejoindre le FLN. Des gens du syndicat UGTA, pro-Bouteflika, ont mené une campagne opposée. C'était animé. Pour une fois. Mais bon... », s'interrompt-il comme pour exprimer un dépit. La suite, on la connaît : Bouteflika remporte l'élection présidentielle d'avril 2004 et ses opposants sont politiquement « décimés » avec méthode et détermination, selon la bonne et vieille morale du FLN historique, « celui qui n'est pas avec nous est contre nous », appuyé par les traditionnels ressorts sécuritaires. Depuis, le FLN passe sous la coupe d'un secrétaire général qui est en même temps ministre d'Etat, représentant du président de la République et, accessoirement, ministre des Affaires étrangères. Et le poste de président d'honneur est revenu, au terme d'un 8e congrès bis début 2005, à Abdelaziz Bouteflika, militant FLN, « évidemment », nous rétorque t-on au « djihaz », « l'appareil », siège national du parti, sis rue du Stade, à Hydra, sur les hauteurs protégées d'Alger, qui emploie 36 agents et une dizaine de cadres. « La crise du FLN, en dépit de nombreuses apparences, n'est pas due à des divergences internes au parti. Elle est la conséquence de pratiques extérieures dictées par des cercles qui refusent un véritable multipartisme et les changements qu'il implique dans le rapport du FLN au pouvoir. Les tentatives de faire ramener le FLN à la ‘‘maison de l'obéissance'' n'ont pas cessé depuis le passage formel au pluralisme partisan, mais elles se sont accrues et intensifiées depuis le début de l'année 1996 », avait analysé Abdelhamid Mehri, ex-SG du FLN, victime d'un « coup d'Etat scientifique » en 1996 fomenté dans la discrétion luxueuse de l'hôtel El Djazaïr (ex-Saint Georges), à Alger. Et ce n'est pas un hasard si le titre de l'intervention écrite de Mehri en 2004, « Le fond du problème » soit un emprunt de l'intitulé d'un des derniers romans de l'auteur britannique Graham Green, abordant les tumultes de l‘amour et de la fidélité ! « Personne n'a été courageux dans cette affaire, ni les redresseurs ni les légalistes. Ils se sont fondus maintenant dans le même moule. Et on fait comme si rien ne s'était passé. Et on a laissé les militants livrés à eux-mêmes et au doute », lâche Ahmed. « Comme si rien ne s'était passé » ? Pas évident comme constat. Fin janvier 2006, sur fond de bataille organique autour de la restructuration des instances locales et de wilaya du parti, des listes mettant en cause des membres de l'exécutif du FLN circulent dans les coulisses du « djihaz » et du groupe parlementaire. L'affaire éclate dans les journaux et des sources parlent d'une résurgence de la crise de 2004 : des « redresseurs » de l'aile dure refusent d'accomplir le « grand pardon », en dépit de l'ambiance réconciliatrice, pour leurs adversaires d'hier, « légalistes », pro-Benflis. « La pacification a en partie échoué », a expliqué un ex-ministre FLN frondeur, car, à ses yeux, « cette opération d'unification des rangs a été imposée de l'extérieur, le FLN étant tombé dans le piège d'un parti-appareil, une machine électorale, un appendice stable d'un système verrouillé par le chef de l'Etat et du FLN. » L'autonomie, tant regrettée par Abdelhamid Mehri, remonte à la surface comme l'une des grandes problématiques du vieux parti. Pour revenir au scandale des listes, Abdelaziz Belkhadem a annoncé la mise en place d'une commission d'enquête, chapeautée par Ahmed Sbaâ, anciennement responsable des ex-organisations de masse. Où en est l'investigation ? « Ne vous attendez pas à voir des résultats de sitôt. Le FLN prépare les troupes pour les législatives et les locales de 2007 et la direction veut y aller en rangs serrés », affirme un cadre du parti de la mouhafada de Constantine. « Si des mesures punitives sont à prévoir à l'encontre des agitateurs, on fera cela dans le style de la maison : discrétion absolue pour ne pas donner l'impression d'un parti qui se déchire tous les deux ans », a-t-il ajouté. « Tout va bien ici, nous sommes des rassembleurs », maintient l'affable Saïd Bouhadja, une tête à la Yacef Saâdi, moustache à la Clark Gable, chargé de la communication au siège national. Il offre volontiers du thé dans son bureau meublé de manière fonctionnelle au deuxième étage du « djihaz ». Aussi bien dans son bureau que dans les autres locaux du siège national, on ne perçoit nullement le portrait de l'actuel secrétaire général, « le frère oustadh » Belkhadem. Ce sont les portraits officiels du chef de l'Etat, président d'honneur de l'appareil, qui meublent les murs du bâtiment du 7, rue du Stade. « Ce n'est pas un parti dictatorial avec un potentat charismatique à sa tête. Bouteflika est un militant, un frère, mais aussi un père dans la lutte d'hier et d'aujourd'hui. Cela ne me gêne pas que ses portraits soient ainsi affichés au ‘‘djihaz'' ou dans les autres locaux du FLN. Il est comme nous : un rassembleur », lance d'un coup Ahmed, le militant désabusé qui assure ne pas se faire des raisons pour son actuelle adhésion aux projets du chef de l'Etat. « Partir aux élections avec Bouteflika comme président d'honneur du parti, qui peut s'en vanter ? », poursuit-il. Il se dit optimiste lorsqu'il lit et écoute les déclarations de la direction du parti : le FLN serait en train d'agrandir le rang de ses adhérents.
Le FLN, combien de divisions ?
Pour aller plus loin, nous tentons d'avoir plus de détails sur ces « vagues d'adhésion » auprès de Abdelkrim Abada, chargé de l'organique. Arrivé au siège de Hydra, thé avec Bouhadja, communiquant en chef qui n'arrive pas à convaincre Abada au téléphone de livrer les détails de la répartition des 350 000 adhérents annoncés maintes fois par Belkhadem. « Je suis le responsable de l'information et je te dis que tu peux parler », répétait Bouhadja à Abada qui n'en démordait pas à l'autre bout du fil. On était pourtant loin de l'alinéa 5 article 29 du règlement intérieur du parti interdisant toute déclaration hors circuit organique ! A souligner que la profusion des témoignages anonymes lorsqu'on travaille sur le FLN reste saisissante. Est-ce un indice de discipline rigoriste ou un signe de déficit de transparence ? « Contactez-moi plus tard, je vous donnerai l'info », dit Bouhadja en soufflant et en reposant le combiné du téléphone. Il tient parole quelques jours plus tard. Le chargé de la com' précise, le chiffre de 350 000 ne peut être pris en compte qu'en termes d'approximation, « car tous les jours des gens adhèrent ». « Tenez, là, je viens de recevoir un coup de fil du village de Selloum (commune de Aghbalou, Bouira), ce sont des étudiants qui veulent rejoindre le parti », lâche Bouhadja avec une satisfaction retenue. D'accord, mais qu'en est-il des pyramides d'âge, de sexe et de niveau de formation des adhérants ? Selon les taux officiels du parti, presque 70% ont le niveau universitaire ou le bac. 62% sont âgés entre 25 et 40 ans, 25% ont entre 40 et 60 ans. L'élément féminin ne dépasse pas le taux de 10% à 11%, « pour le moment », tient à préciser Bouhadja. Le Parti socialiste français, sur une population de 66 millions, comptabilise dans les 130 000 adhérents. C'est dire que les 350 000 annoncés pour le FLN, pour la moitié du nombre d'habitants en France par comparaison, constitue une curiosité organique, algébrique et même géographique. Les cadres interrogés sourient aimablement à la remarque. Et l'argent ? Le droit d'adhésion, 400 dinars par an, pourra être revu à la baisse pour les étudiants et les jeunes. Les élus offrent 40% de leurs revenus au niveau central et les cadres se désistent d'un mois de salaire par an. « On emploie nos propres moyens », explique Bouhadja qui affirme que le parti ne lui offre aucun salaire et qu'il pousse son militantisme à utiliser sa propre voiture. « Ce n'est pas comme avant », dit Bouhadja en un souffle. Avant ? Le parti-système, le patrimoine immobilier le plus important du pays, les finances à flots... « Nous allons lancer un audit pour étudier où est passé tout notre patrimoine... Il y a même des partis qui occupent nos propres locaux un peu partout dans le pays », affirme Bouhadja. Pour rappel, cette démarche était déjà inscrite dans la plateforme organique du 8e congrès bis du début 2005. « Le FLN doit se poser cette question : représente-t-il l'opinion majoritaire de la société ? Non, car la société est traversée par un puissant courant islamo-culturel, un nouveau conservatisme, et le FLN ne reflète pas ce courant », indique un ancien ministre, membre du bureau politique dans les années 1980, notamment lors de l'explosion d'Octobre 1988 qui emporta le système parti unique. « Maintenant, le FLN est la première puissance politique. Oui, c'est vrai, mais dans les appareils. Pas dans la société. C'est le défi à relever pour 2007 », ajoute le vénérable ancien cadre. « Tout se concentre sur le politique et l'enjeu du pouvoir : quand Belkhadem vient au ‘‘djihaz'', il n'a d'yeux que pour les onze commissions de suivi du programme gouvernemental que vous journalistes appelez le ‘‘gouvernement de l'ombre''. C'est un vrai vivier de cadres et je crois bien que ça sera le fer de lance du parti dans les prochains délais », confie une source rencontrée au siège.


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