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Oscar Wilde, un Irlandais génial et peu conventionnel
Portrait d'un iconoclaste insouciant
Publié dans El Watan le 06 - 04 - 2006

Oscar Wilde a été poète, romancier, conteur, critique littéraire, critique artistique, chroniqueur et conférencier, en d'autres termes « un véritable intellectuel ». Il a été un homme qui a marqué son temps, ses lieux et son espace individuel, un Irlandais qui avait la rage de vivre, de réussir et de marquer son passage sur cette terre. Sa présence a été recherchée ou convoitée, parfois encombrante ou rejetée. Il a réussi ce pari de faire toujours parler de lui, d'obtenir la gloire, car n'a-t-il pas affirmé : « Tout est préférable à une obscurité vertueuse ». Aujourd'hui, il est parmi les poètes et romanciers les plus lus et étudiés dans les universités dans le monde. Il suscite toujours de l'intérêt, puisqu'une biographie écrite par Pascal Aquien vient d'être publiée, en mars 2006, aux éditions Aden : Oscar Wilde, les mots et les songes.
La biographie d'Oscar Wilde, qui compte 563 pages qu'on lit avec délectation et intérêt, incite à réfléchir sur la différence entre une biographie et une autobiographie. Dans une autobiographie, le lecteur rentre de plain-pied dans la mémoire personnelle de celui qui écrit sa vie et cette mémoire est forcément sélective, car l'auteur est tenté de parler de lui-même, plutôt en termes positifs. Dans une biographie, les enjeux sont autres dans la mesure où le biographe d'un « poète disparu », Oscar Wilde dans ce cas-ci, a un regard extérieur détaché, qui demande un travail de recherche sérieux pour fouiller dans les moindres recoins la vie narrée. Si dans l'autobiographie, la psychologie interne est plus à nue ; dans la biographie, l'auteur n'a d'autres éléments que ceux laissés dans l'œuvre, dans la correspondance du poète, dans les écrits de l'entourage du poète et dans les témoignages. Si le biographe ne s'appuie pas sur une recherche scientifique, alors il tombe dans la fiction, voire dans la diffamation, en tout cas dans la tromperie. Pascal Aquien est loin d'une telle accusation et non seulement son ouvrage démontre une érudition sans précédent sur Oscar Wilde, mais à la fin de l'ouvrage, on sent indéniablement une implication personnelle doublée d'une empathie lisible avec cette immense personnalité qu'est Oscar Wilde. Pascal Aquien s'implique, défend tout en n'évitant pas les aspects désagréables et agaçants de cet écrivain mondain, mondain dans le sens impliqué dans la société qui compte et dans laquelle il évolue. Oscar Wilde est né à Dublin le 16 octobre 1854 dans une famille aisée. Son père William Wilde, professeur de médecine, aimait visiter les sites archéologiques du pourtour méditerranéen et était passé par Alger, ce qui a influencé Oscar dans son intérêt pour l'art, la sculpture et la peinture et la beauté des choses, mais sa mère Jane lui était plus proche par sa culture et son goût pour les lettres et les mondanités. Oscar Wilde est mort à Paris, anonyme, dans le dénuement, à 14h le 30 novembre 1900. Que s'est-il passé entre ces deux dates ? Une vie de passion pour tout ce qu'il entreprenait, des études brillantes à Oxford où il a noué des amitiés particulières, un début de vie à Londres un peu à la Rastignac, le célèbre héros ambitieux de Balzac. A la différence qu'Oscar Wilde faisait tout dans l'excès et que sa volonté d'ascension n'était pas sociale, puisqu'il était bien né, mais intellectuelle, une ascension de l'esprit et des frasques. Cela dit, il a toujours eu des soucis d'argent pour maintenir un rythme de vie sophistiqué pour ne mentionner que l'intérêt qu'il portait à son apparence physique, à ses costumes qui rivalisaient d'originalité et d'innovation dans ce XIXe siècle à la recherche de la fortune. Il possédait l'art de choquer, comme lors des conférences qu'il a données aux Etats-Unis sur l'importance de l'art dans la vie quotidienne et où il affirmait sans sourciller : « Est pauvre celui qui est incapable de créer. » Justement, tout le moteur d'Oscar Wilde est dans cette formule, car il aurait pu mener une vie ordonnée avec une belle demeure comme celle qu'il a eue avec son épouse Constance à Londres, une vie mondaine sophistiquée dans les normes sociales convenues, mais il a construit sa vie à l'opposé de ce qu'il devait être. Son infidélité à tout est l'image du fait qu'il ne s'est jamais contenté sur le plan littéraire d'un genre. Il est passé de la poésie au conte, au roman psychologique, à l'écriture dramaturgique, au roman policier. Dans tout ce foisonnement intellectuel, il était fier de ses sources irlandaises et celtiques qui ont toujours été présentes dans l'esprit de son écriture. Il s'est défini à Edmont de Goncourt ainsi : « Français de sympathie, je suis Irlandais de race et les Anglais m'ont condamné à parler le langage de Shakespeare. » Le retour aux sources irlandaises a été crucial jusqu'à la fin de sa vie, il a été celui qui a encouragé le grand poète irlandais W. B. Yeats à persévérer dans la voie de l'écriture. Lors de la publication de ses premiers poèmes, Oscar Wilde a été vilipendé, critiqué sur la base qu'il avait plagié Swinburne, Rosetti, Morris. En fait, il démontrait déjà son originalité en prouvant que la littérature moderne était justement réécriture, remaniements et reprises manifestes. Ne sommes-nous pas déjà dans l'intertextualité ? Oscar Wilde a été curieux de tout, des hommes et des femmes, des hommes surtout et sur le plan de l'édition, il a même accepté de reprendre la direction d'une revue féminine Lady's World, dont il a changé le titre en Woman's World qu'il a voulu plus « intellectuelle » en termes de contenu pour l'évolution de la gent féminine qu'il encourageait à demander le droit de vote et à écrire. Il a osé demander à Sa Majesté la reine Victoria d'écrire un poème pour cette revue ! Oscar Wilde est un homme qui ose et c'est peut-être ce qu'il a perdu au niveau personnel, puisqu'il a été jeté en prison par une Angleterre bigote et intolérante. Oscar Wilde, l'homme au grand panache, à l'esprit libre et libertaire, à la plume acerbe et au verbe haut, a porté la littérature à un sommet supérieur. Il a voulu avoir cette vie tumultueuse et tortueuse, il a voulu satisfaire tous ses désirs. Epicurien et cérébral, il a assumé ce qui lui est arrivé et l'injustice dont il a été victime, car pour lui, c'était sa vie et cela ne pouvait être autrement. Mais n'est-ce pas là le lot des grands hommes qui affirment ce qu'ils sont et qui sont finalement difficilement maîtrisables. Cette biographie est complète, car elle montre l'interaction entre l'homme et l'œuvre, la poésie et le quotidien, la vie et la création littéraire, l'une influençant l'autre et vice-versa. Les procédés d'écriture soulignent combien Oscar Wilde était en avance sur son temps par rapport à la communication. Oscar Wilde avait un sens inné de la mise en scène et de la « publicité ». Cette biographie est une mine d'informations. On apprend que le fils unique de Napoléon III a été tué lors d'une bataille par les Zulus en Afrique du Sud en 1879 et qu'Oscar Wilde a rencontré des personnes aussi différentes que le pape Pie IX, la reine Victoria, Sarah Bernhardt, Walt Whitman ou Rodin. Cette biographie se lit comme un roman, tant Oscar Wilde est un personnage de fiction. Lorsque la comtesse Anna de Brémont lui a demandé pourquoi il n'écrivait plus, il répondit : « J'écrivais quand je ne connaissais pas la vie et maintenant que j'en connais le sens, je n'ai plus rien à écrire. La vie ne peut être écrite, elle ne peut qu'être vécue. J'ai vécu. » Cette vie est le sujet de Pascal Aquien qu'il faut absolument lire.

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