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«Si Morsi obéit au FMI, il perdra les législatives»
Magdy Sobhi. Economiste, directeur adjoint du centre Al Ahram d'études politiques et stratégiques
Publié dans El Watan le 09 - 01 - 2013

Les négociations entre les autorités égyptiennes et le FMI, suspendues le 11 décembre dernier, ont repris ce lundi pour l'octroi d'un crédit de 4,8 milliards de dollars.
Un apport financier jugé vital pour l'Egypte dans la mesure où tous les indicateurs économiques sont au rouge : chute de la livre égyptienne, inflation des produits de large consommation, déséquilibre budgétaire, croissance en berne, chômage en hausse, épuisement des réserves de change qui sont passées de 36 à 15 milliards de dollars en deux ans. En outre, les investisseurs étrangers rechignent à injecter leurs capitaux dans le marché égyptien et le tourisme n'arrive toujours pas à décoller. Devant un tableau aussi critique, quelles solutions reste-t-il au président Morsi pour sauver le pays de la banqueroute et éviter une explosion sociale synonyme de déroute aux prochaines législatives ?
Le «raïs» issu des Frères musulmans a-t-il un vrai programme ? Les «conditionnalités» du FMI ne risquent-elles pas d'aggraver la fracture sociale au sein de la société égyptienne ? Pour répondre à ces questions, nous avons été à la rencontre de Magdy Sobhi, un brillant économiste, spécialiste des questions énergétiques et directeur adjoint du centre Al Ahram d'études politiques et stratégiques.
Selon lui, le projet Ennahda du président Morsi est une «fumisterie» et l'Egypte n'a d'autre alternative, préconise-t-il, qu'un consensus politique qui soit le plus large possible pour que le pays du Sphinx renaisse de ses cendres.
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-D'abord, quelle est votre appréciation des résultats du dernier référendum sur la Constitution ?
Les forces de l'opposition ont relevé que l'opération a été entachée de nombreuses irrégularités. Pour sa part, le courant islamiste insiste sur le taux obtenu (du oui) dans ce scrutin. Moi, je retiens que ce référendum n'a pas produit le consensus escompté. Et le consensus, ce n'est pas la majorité comme le disent les partisans de l'islam politique. Le consensus signifie la possibilité de parvenir à des solutions médianes entre les différents groupes et leur vision de la politique et de l'économie. Cette Constitution représente un seul point de vue ; elle exclut tous les courants politiques à l'exception de l'islam politique. Par conséquent, elle n'est pas consensuelle. Pourtant, le consensus est primordial. Il aurait été garant de ce que tout le monde souhaite, c'est-à-dire la stabilité politique.
-On peut donc supposer que ces divergences politiques auront un impact négatif sur le rendement économique du pays….
La stabilité politique envoie un message rassurant à l'extérieur et, par là, j'entends plus exactement les flux touristiques à destination de l'Egypte et aussi les IDE (investissements directs étrangers) qui jouent un rôle important dans l'économie égyptienne, surtout avec la chute des réserves de change. Ces réserves ne dépassent pas, aujourd'hui, les 15 milliards de dollars contre 36 milliards de dollars en décembre 2010.
-La dégradation de la note souveraine de l'Egypte par l'agence Standard & Poor's est-elle directement liée à cette instabilité politique ?
Elle est liée en premier lieu à l'épuisement des réserves de change. Nous avons l'équivalent de trois mois d'importations, sans plus. Elle est liée aussi à la baisse de la croissance économique, qui est de moins de 3%. Elle est motivée également par l'absence de devises en provenance de l'étranger, que ce soit à travers les investissements étrangers ou le tourisme. Elle s'explique enfin par l'instabilité politique qui ne permet pas, à court terme, de créer un consensus qui puisse régler, à son tour, les problèmes économiques. Standard & Poor's n'a pas seulement dégradé la note de l'Egypte et son indice de confiance, elle a ajouté que cela s'accompagnait d'une «perspective négative», ce qui signifie que sur le court terme, il y a possibilité d'une baisse du seuil de solvabilité de l'Egypte si cette situation d'instabilité politique persiste.
-La position du FMI est-elle motivée par les mêmes craintes ?
Avec le FMI, les choses sont différentes. En général, le FMI a recours à ce qu'on appelle des «conditionnalités». Et cela induit la mise en place d'un certain nombre de politiques et de mesures que les gouvernements débiteurs doivent respecter afin de pouvoir obtenir leur prêt. Après plusieurs rounds de négociations et après les engagements pris par l'Etat égyptien autour d'un pack de mesures, un accord devait être finalisé le 19 décembre dernier. Le 6 décembre, le gouvernement a annoncé dans le Journal officiel une hausse des impôts et des prix d'un certain nombre de produits de consommation, en accord avec le FMI. Et comme nous étions à la veille du référendum, le président Morsi et les Frères musulmans ont préféré geler ces mesures qui auraient suscité la colère de la rue.
Cela aurait poussé les gens à voter «non». Du coup, les autorités égyptiennes ont demandé au FMI de reporter d'un mois les négociations finales autour de ce prêt. Le Président se dit qu'à ce moment-là, le référendum sera passé et donc, il y aura possibilité de conclure cet accord. Mais en réalité, l'adoption de la Constitution implique l'organisation d'élections législatives dans un délai de deux mois et dans un tel contexte, je ne pense pas que le président Morsi et les Frères musulmans seraient prêts à exécuter les directives du FMI. Cela leur vaudrait un courroux populaire qui leur ferait perdre les élections.
-On présente généralement les Frères musulmans comme étant proches de l'Arabie Saoudite et du Qatar. Est-il envisageable que le gouvernement issu de la confrérie sollicite ces deux pays pour obtenir un soutien financier ?
Le courant islamiste est divisé. Les Frères musulmans sont essentiellement soutenus par le Qatar tandis que les salafistes, qui sont des wahhabites, sont soutenus par l'Arabie Saoudite. Si l'on s'en tient au président Morsi et aux Frères musulmans, le pays qui les appuie, à savoir le Qatar, ne le fait pas pour des considérations idéologiques ou politiques. Le Qatar le fait principalement pour ses propres intérêts. Le Qatar a également des visées régionales et se voit jouer un rôle dans la région. Avant le deuxième tour de la présidentielle, Khayrat Echater, l'adjoint du guide suprême de la confrérie, a fait une déclaration claire selon laquelle, dès l'élection de Morsi, il y aurait un afflux d'argent qatari : 10 milliards de dollars sous forme d'aide et 20 milliards de dollars sous forme d'investissements. Mais il n'y a eu ni ceci ni cela.
Tout ce qu'on a vu, c'est un dépôt de deux milliards de dollars à la Banque centrale égyptienne et, à ma connaissance, seul un milliard de dollars a été réellement déposé. Après la révolution, les seuls investissements concrets qu'il y a eu se limitent à l'achat d'actions dans la banque Al Ahly-Société Générale. Le Qatar a racheté les parts du partenaire français qui étaient de 77,7% du capital. Il n'y a donc pas de flux d'investissements importants. Le Qatar se contente de sauter sur les bonnes affaires en profitant de la baisse du cours des actions. Il s'agit d'interventions opportunistes sur le marché, ciblant des entreprises qui existent déjà. On n'a pas vu de nouveaux projets.
-Comment analysez-vous le programme économique du président Morsi et sa stratégie pour sortir l'Egypte de cette crise ?
En réalité, il n'a pas de véritable programme. Il y a des promesses fictives qui ne peuvent absolument pas être tenues. C'est juste une offre séduisante à l'intention des électeurs. Et les six mois qui viennent de s'écouler le prouvent de façon irréfutable. Si l'on suit un certain nombre d'indicateurs, le président Morsi avait promis de baisser le taux de chômage en le ramenant de 12,5% à 6% en quatre ans. Et pour que cela soit possible, il faut porter la croissance à 7%. Pour booster la croissance, il faut un volume d'investissements conséquent de l'ordre de 30% du PIB. Et quand on sait que le niveau de l'épargne nationale est de 15% du PIB, cela signifie que les 15% qui manquent doivent être drainés de l'étranger. Il a également promis qu'il y aurait environ 200 milliards de dollars en cinq ans qui vont venir de l'extérieur, soit une moyenne de 40 milliards de dollars annuellement.
Mais je doute fort que l'Egypte puisse capter un volume aussi important de capitaux étrangers. Cela ne s'est jamais produit dans l'histoire du pays. Il s'ensuit qu'on n'atteindra jamais le taux de croissance promis et le chômage ne baissera jamais au niveau souhaité. Le tableau de ces six derniers mois est à l'opposé de tout cela. La croissance n'a pas décollé, le chômage caracole à 13% et j'en passe !
-Qu'en est-il de l'inflation ?
Elle se concentre essentiellement sur certains produits comme les fruits et légumes, les viandes ainsi que les produits laitiers. Et ce sont des produits de large consommation dont les gens ne peuvent se passer.
-Les dépenses publiques ont également augmenté…
Tout à fait. Le déficit budgétaire était l'an dernier de l'ordre de 140 milliards de livres égyptiennes (environ 22 milliards de dollars, ndlr). Cette année, il est susceptible d'osciller entre 180 et 200 milliards de livres égyptiennes (28 à 31 milliards de dollars). La promesse de réduire le déficit budgétaire de moitié en quatre ans est impossible à tenir. Le déficit, au contraire, est appelé à augmenter.
-Comment voyez-vous cette année 2013, notamment sur le front social ? Si cette conjoncture économique persiste, prévoyez-vous une explosion sociale ?
C'est, en effet, ce que redoutent beaucoup de gens. Comme je vous l'ai dit, le président Morsi sera confronté à deux choix qui sont tous les deux difficiles. Ou bien il sera contraint de refuser le prêt du FMI pour ne pas griller le Parti de la liberté et de la justice dans les prochaines élections et cela va aggraver le déficit budgétaire de l'Etat et sa capacité d'approvisionnement, ce qui va engendrer une situation économique et sociale critique. Soit il va se baser sur ce prêt pour régler le problème à court terme, ce qui va l'obliger à appliquer un certain nombre de politiques et de mesures qui vont accroître son impopularité et celle des Frères musulmans. Par conséquent, dans les deux cas, c'est une conjoncture très compliquée qui s'annonce, d'autant plus qu'elle précède de peu les élections législatives.
Peut-être que la situation ne va pas éclater tout de suite mais, dans tous les cas, elle aura une incidence décisive sur les prochaines élections. Si le PLJ obtient une majorité écrasante en s'alliant avec les salafistes, cela implique que nous allons nous retrouver avec des institutions totalement islamistes. Ils auront donc les coudées franches pour mettre en application leur programme. Sauf que, en analysant le programme présidentiel, je ne pense pas qu'ils aient de vraies solutions à proposer pour relancer l'économie, à moins de s'appuyer sur un important soutien de l'étranger. En revanche, s'il y a un accord avec le Front du salut national (FSN) pour conduire le gouvernement, je pense que cela est à même d'asseoir un certain consensus qui s'avère nécessaire pour que l'Etat puisse fonctionner.
On pourra escompter, à ce moment-là, une plus grande attractivité économique et cela pourrait relancer le secteur touristique, ce qui nous ouvrirait des horizons relativement meilleurs. Je dis cela tout en précisant que le Front du salut n'a pas, non plus, un programme clair, et devrait commencer dès maintenant à élaborer un programme précis et réaliste pour régler les problèmes qui minent la société égyptienne, à savoir le chômage, l'inflation, le déséquilibre de la balance des paiements, etc. Le FSN a donc l'occasion de préparer un programme électoral qu'il va pouvoir appliquer s'il remporte la majorité. Si nous avons un Parlement équilibré, on peut parvenir à un gouvernement d'union nationale formé de représentants de tous les partis. Et il faut, dans cette perspective, travailler d'ores et déjà pour trouver un terrain d'entente minimum afin de convaincre les partenaires étrangers que la situation en Egypte s'est stabilisée.


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