La piste n'est plus libre. Elle ne l'a jamais vraiment été. Et pourtant, l'Algérie a décidé de l'occuper. Résolument. Audacieusement. Depuis quelque temps, des noms jusque-là méconnus se hissent avec fierté sur la scène sportive, traçant une nouvelle voie dans des disciplines qui détournent peu à peu les supporters du football. À chaque grand événement, l'athlétisme grignote du terrain, draine des foules, attire des regards : les tribunes du foot se dégarnissent pour mieux remplir celles des stades d'athlétisme. C'est en soi une victoire. Une preuve que les mentalités changent. Les acteurs du sport algérien y prennent goût. Ils veulent être partout. Sur toutes les affiches, dans toutes les disciplines, depuis tous les coins du globe, l'emblème national surgit. Et surprend. Et inquiète parfois les adversaires. Car cette force nouvelle intrigue. Elle grandit. Elle prend forme, compétition après compétition. La gymnastique en est un exemple éclatant. Grâce à Kaylia Nemour, sacrée championne olympique aux JO de Paris 2024, l'Algérie a explosé les attentes et les plafonds. Son triomphe a suscité une immense fierté au pays…et un certain malaise en France, où les regrets sont nombreux. Kaylia est devenue un symbole : celui d'une Algérie conquérante, d'un espoir immense et d'une revanche douce sur le passé. La presse algérienne et internationale l'a souligné : l'Algérie est désormais un acteur majeur de la gymnastique mondiale. Kaylia Nemour est la principale personnalité internationale à parler de la gymnastique algérienne, notamment après son sacre olympique. La reconnaissance de son talent et de ses performances a suscité un intérêt international et une vague d'enthousiasme en Algérie, où des jeunes gymnastes l'admirent et suivent son exemple. Et ce n'est pas tout. Les médailles d'or, d'argent, parfois de bronze, remportées dans plusieurs disciplines, viennent nourrir un discours nouveau : celui d'une Algérie qui ne veut plus être à la traîne. Une Algérie qui ose, qui construit, qui rêve. Une jeunesse attentive, déterminée, met aujourd'hui le pied dans le sport avec ambition. Lentement mais sûrement, un vivier prend forme. Lors de ces Championnats du Monde 2025 à Tokyo, ils étaient dix athlètes algériens engagés dans sept épreuves. Un seul est monté sur le podium. Mais pas n'importe qui. Il s'agit de Djamel Sedjati, figure montante de l'athlétisme algérien qui a remporté la médaille d'argent du 800 mètres. Une performance salutaire, qui vient confirmer un talent devenu incontournable. Après l'ère Taoufik Makhloufi, voici venue celle de Sedjati. Depuis 2022 et sa médaille d'argent aux Mondiaux d'Eugene (Etats-Unis), il incarne l'avenir et le présent de l'athlétisme DZ. Il ne lui manque que l'or. Mais ce n'est sans doute qu'une question de temps. À 26 ans, il est déjà détenteur du record national sur 800m (1:41.46) et s'impose comme une des figures majeures du sport algérien. Tokyo, d'ailleurs, n'est pas un lieu anodin. C'est là, en 1991, que Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli ont décroché l'or mondial sur 1500m. Une époque dorée, que Sedjati ravive à sa manière, dans un contexte plus difficile, plus exigeant. Grâce à lui, l'Algérie figure à la 25e place du tableau des médailles, à égalité avec le Maroc. Devant elle, le Kenya (6 or, 2 argent, 2 bronze), la Tanzanie (1 or), l'Ethiopie (2 argent, 2 bronze). Et sur le plan arabe, le Bahreïn fait mieux avec 1 argent et 1 bronze. De quoi nourrir encore plus d'ambitions.