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Les nuits des joies incertaines
Prostitution, entre précarité et maux sociaux
Publié dans El Watan le 06 - 04 - 2006

La plaque d'anti-dépresseurs ne quitte jamais son sac à main. Recourir à Largactil, à très forte dose, reste le seul moyen pour oublier et pouvoir aussi dormir quelques heures la nuit. Des images horribles défilent dans sa tête dès qu'elle se met au lit.
L'« acte », qui l'avait poussée à quitter sa famille résidant quelque part dans la région centre du pays, ne quitte quasiment plus ses pensées. Une « affaire d'honneur » dont elle a été témoin, « mais guère impliquée », souligne-t-elle. Choquée à vie, elle n'en dira pas plus, sauf pour évoquer son départ « forcé » de la maison. C'est le coup d'envoi d'une vie mouvementée à laquelle elle n'était guère préparée. D'ailleurs, pourquoi devrait-on se préparer à affronter l'enfer si l'on coule une vie tranquille. Une existence équilibrée lorsque la famille était au grand complet. Lorsque la présence du père, « le complice, le bien-aimé », avant sa subite disparition, égayait le foyer. Rencontrée dans une structure institutionnelle, celle qu'on nommera Amina ne connaissait pas Alger avant qu'elle n'y débarque, il y a quelques années. « J'ai atterri en catastrophe dans la capitale. Mon objectif immédiat était de trouver un travail et d'essayer de ne plus voir dans le rétroviseur. Pour toute connaissance que j'avais, une parente lointaine, habitant la banlieue d'Alger. Elle a bien voulu m'héberger chez elle, mais je me suis tout de suite rendu compte qu'elle n'agissait pas par humanité mais pour m'exploiter dans un réseau de prostitution. Sa maison faisant office de lieu de rendez-vous, je me suis retrouvée, contre mon gré, dans une maison close », raconte-t-elle, s'efforçant de tenir en haleine sa petite fille de 3 ans, qui « bouge trop », selon elle.
Je veux donner un nom à ma fille
La petite Ryma est née « hors mariage ». Le supposé papa refuse de reconnaître l'enfant au motif que Amina a été approchée par une « multitude d'hommes » et que par conséquent il se réserve le droit de dire : « Je ne suis pas le géniteur. Va chercher ailleurs, je ne suis pas ton homme ! » « Et pourtant, je m'étais déjà rangée lorsque j'ai connu cet homme. J'avais déjà quitté l'enfer que me faisait subir cette femme-proxénète, pour, heureusement, intégrer une structure d'accueil de l'Etat. Je ne sortais plus avec personne, à part avec le papa de Ryma qui m'a promis le mariage », dit-elle, signalant au passage qu'elle vient d'introduire une action en justice afin d'amener le « récalcitrant » à reconnaître son enfant. « Je n'attends pas qu'il m'épouse. Je fais cela pour ma fille. Elle a le droit d'avoir un père et d'être inscrite à l'état civil », explique-t-elle. En attendant l'aboutissement de sa requête, Amina s'efforce de remonter la pente. Si le centre lui assure, ainsi qu'à sa fille, le gîte et le couvert, il lui arrive parfois de proposer ses bras. « Plus jamais mon corps ! », tonne-t-elle, entrecoupant sciemment la discussion comme pour signifier la fin d'une époque. La fin de la déchéance. « Je fais le ménage à droite et à gauche. Ce qui me permet de gagner quelque 3000 à 4000 DA par mois. Le tout, ou presque, est consacré exclusivement à ma fille, j'essaie tant bien que mal de subvenir à ses besoins. » Jeudi. 20 h. Une file de voitures rutilantes avance, presque à pas de tortue, devant l'entrée principale d'une des principales résidences universitaires pour filles. On a l'impression d'être dans une station de taxis. Les « passagères », ayant déjà repéré « leur » véhicule, accourent vers celui-ci, lui faisant éviter ainsi de rouler encore jusqu'à la tête de la « station ». « Vlan ! » La portière est fermée violemment. L'homme au volant, la cinquantaine environ, ne bronche pas mais laisse déborder une joie ostentatoire. Heureux d'être en compagnie d'une fille qui aurait pu être sa fille cadette. L'étudiante, 21 ( ?), 22 ans ( ?), au maquillage prononcé, porte une tenue branchée : mini jean « patte d'ef », un « haut » collant au buste et drapée d'une veste légère. Un accoutrement qui n'a rien à voir avec la tenue d'amphi. Démarrage en trombe sous l'œil médusé des policiers chargés de régler la circulation. « Où vont-elles ainsi ? », avons-nous osé à l'adresse d'un serveur du fast-food qui fait face à la résidence ? « Certaines vont s'amuser avec le mec qui est venu les chercher. Une soirée bien arrosée et quelques billets au retour. D'autres vont travailler, dans des boîtes, soit sur la Côte, soit à Ryad El Feth », dit-il tout en appuyant sur le bras de la machine à café. Ryad El Feth offre un visage d'une superbe structure culturelle, qui, au départ, était censée ressembler au Centre Beaubourg (ou Pompidou), à Paris. Lors de son inauguration, en 1982, Ryad El Feth, à l'instar de son « homologue » français, était le lieu de prédilection des artistes, artisans, plasticiens, musiciens et autres amoureux du livre. Il y avait même le Petit théâtre qui avait fait propulser le plus célèbre des humoristes, Mohamed Fellag. Hormis les espaces culturels, Ryad El Feth hébergeait quelques restaurants au cadre agréable où l'on servait de la bonne cuisine à la sauce orientale et occidentale. On y venait en famille du moment que les salaires de l'époque le permettaient, plus ou moins. En mars 2006, les lieux se sont métamorphosés. Laissant place à une clochardisation tous azimuts. Assassinat (prémédité ?) de la culture. D'autres « espaces » ont vu le jour, où, à la nuit tombée, il est déconseillé de s'y aventurer. Aux agressions, devenues monnaie courante, s'ajoute la prostitution, qui se pratique dans les nombreux night-clubs qui activent au niveau du...centre des arts et au Bois des arcades. Les deux sites font partie de l'Office du Ryad El Feth (OREF), institution dépendant du ministère de la Culture. Vers 1h, les restaurants-spectacles (c'est l'appellation officielle) affichent complet. Nous faisons intrusion dans l'un d'eux, sur « conseil » d'un « taxieur » clandestin posté à l'entrée du centre des arts. « Vous y trouverez ce que vous cherchez. Sinon évitez la boîte..., les bagarres y sont fréquentes. Et c'est sordide », dit-il, pensant que nous étions en quête de femmes. A l'orée du « cabaret », les décibels fusent à en crever le tympan. « Mrah'ba bikoum ! (Soyez les bienvenus) », nous lance un gaillard, au visage sympathique (ndlr : j'étais accompagné par un collègue d'El Watan). Nous prenons place dans un boucan indescriptible. Deux filles s'invitent à notre table, Nora et Belinda. Visiblement éméchée, Belinda (elle nous a certainement donné un faux prénom), ne s'empêche pas de délier sa langue. « Je viens de déplumer un vieux pigeon. Te rends-tu compte ? 2 millions de centimes, c'est le pactole que j'ai obtenu en quelques minutes sans contre-partie aucune. Le pauvre bougre, il était ivre mort, mais généreux quand même », ironise-t-elle. Le jour étudiante, Belinda se travestit en « vendeuse de charme » pendant le week-end. A 4h, elle quitte le « centre des arts » pour rentrer à la cité, dont le portail est en principe fermé à 22 h. « Pas de soucis. Je fais comme d'habitude, je glisserai un billet à l'agent de sécurité. »


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