La bande de Ghaza est soumise depuis trois jour à un blocus total imposé par les forces d'occupation israéliennes. Tous les points de passage qui conduisent vers l'Etat hébreu (Erez, Sofa) ainsi que celui de Rafah, la seule ouverture vers le monde extérieur, ont été fermés. Le barrage militaire d'Abou Holi situé entre Deir El Balah et Khan Younès au sud empêche tout passage de véhicules ou de personnes dans les deux sens. Au niveau de la colonie de peuplement juif de Netzarim au centre, les bulldozers israéliens ont creusé de profondes tranchées en travers de l'unique route côtière qui relie le sud et le nord de la bande de Ghaza. La rue Salah Eddine, principale voie d'accès des citoyens du nord vers le sud, est interdite à la circulation de façon permanente. Celle-ci est située à l'est de cette colonie alors que la route côtière est située à l'ouest. La bande de Ghaza est ainsi découpée en trois segments isolés. Cette forme de punition collective est périodiquement utilisée par le commandement des forces israéliennes opérant dans ce secteur. Du fait de ces mesures, près de 1 300 000 Palestiniens, qui vivent déjà dans des conditions économiques et sécuritaires lamentables, sont littéralement pris en otages. Des centaines de personnes surprises par cette fermeture se sont retrouvées bloquées dans une partie ou dans une autre de l'un des barrages qui devient au fil des jours un élément que tout le monde doit prendre en considération avant de décider un déplacement. De ce fait, les visites familiales, le travail, les affaires sont considérablement affectés. Même la disponibilité des légumes et des fruits dans les marchés dépend aussi de ces fermetures. Nombreux sont ceux qui ont été contraints de louer des logements à proximité de leur lieu de travail, alors qu'ils possédaient leur propre maison de l'autre côté de l'un de ces barrages, devenus la bête noire des citoyens. Le prétexte israélien pour justifier ces mesures devant la communauté internationale est la garantie de la sécurité des citoyens de l'Etat hébreu. Ce qui est totalement faux. Ni l'occupation des secteurs nord de la bande de Ghaza d'où sont régulièrement lancées des roquettes artisanales de type Qassam vers les localités israéliennes proches, ni les incursions régulières des forces israéliennes dans les secteurs dépendant de l'autorité palestinienne, ni les assassinats des militants, ni les fermetures répétées des principaux axes routiers n'ont réussi à mettre un terme à la résistance. Le coordinateur spécial de l'ONU pour le Proche-Orient Terje Roed-Larsen a, par ailleurs, exhorté Israël à trouver une solution à la grève de la faim entamée, il y a 13 jours, par des milliers de prisonniers palestiniens, rappelant à l'Etat hébreu ses obligations dans le cadre du droit international et les conventions sur les droits de l'homme. Huit cents prisonniers ont suspendu leur grève de la faim jusqu'à aujourd'hui, après que les autorités pénitentiaires eurent accédé à certaines de leurs exigences, notamment l'autorisation de visites de proches, la fin de l'isolement pour certains détenus et la fin des fouilles corporelles humiliantes, selon Issa Karake, directeur de l'Association des prisonniers palestiniens. Le mouvement des prisonniers suscite une grande mobilisation parmi la population. Vendredi, à Abou Dis en Cisjordanie, une manifestation regroupant des Palestiniens et des pacifistes israéliens a été organisée en signe de protestation contre l'édification par Israël du mur de séparation, et en signe de solidarité avec les prisonniers. Arun Gandhi, le petit-fils du célèbre Mahatma Gandhi, a participé à cette manifestation. S'adressant aux manifestants rassemblés au pied du mur, il a dénoncé cet ouvrage. « Ce n'est pas un mur pour la sécurité, il a été bâti pour diviser les gens et il constitue une source de souffrance et de malheur pour eux », a-t-il déclaré. « Je voudrais voir le jour où des milliers d'Israéliens et de Palestiniens marcheront ensemble pour régler leur conflit et démanteler le mur qui les divise », a-t-il ajouté. M. Gandhi, qui a jeûné durant toute la journée en signe de solidarité avec les grévistes, a affirmé que les détenus palestiniens étaient « traités pire que les animaux ». M. Qoreï qui participait aussi à cette manifestation s'en est, pour sa part, pris aux autorités israéliennes pour leur refus de satisfaire les demandes des prisonniers en affirmant que le mouvement de grève avait atteint « une étape critique ».
