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La Méditerranée en partage
LES RIVES NORD ET SUD DIALOGUENT
Publié dans El Watan le 17 - 04 - 2006

Le Conseil économique et social a abrité récemment, à Paris, un colloque d'une grande richesse d'interventions sur le thème « La Méditerranée en partage ». Le temps fort en a été, sans conteste, l'allocution d'ouverture de notre ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, qui a réaffirmé l'attachement profond de l'Algérie à l'esprit de Barcelone.
Le ministre algérien a d'abord souligné l'importance pour l'Europe de s'arrimer à la Méditerranée pour constituer un ensemble régional à même de faire face aux Etats-Unis et à l'émergence de la Chine et de l'Inde qui composent les 2/5es de l'humanité. M. Bedjaoui a redéfini à grands traits les caractéristiques de la « Mare Nostrum », soulignant qu'elle est rebelle aux simplifications réductrices et qu'elle est à la fois « terre des contrastes et mer (mère) de consanguinités », selon la formule de Jacques Phytilis. De même, citera-t-il avec bonheur, Salah Stétié pour qui la Méditerranée constitue « le carrefour des enchantements sombres et des naufrages clairs »... Ne taisant ni ses contrastes ni ses paradoxes, il a rappelé que la Méditerranée n'est pas un « melting pot », n'étant tout au plus qu'« une mosaïque humaine aux fragments dispersés ». « Certes, dira-t-il encore, nous parlons d'avenirs - au pluriel ! - de la Méditerranée, de coopération économique, féconde, de pôles de développement, de partenariat euroméditerranéen, de plan bleu, de développement durable. » « C'est dire, ajoutera-t-il, que nous tenons à un espace méditerranéen prospère, libre et pacifique, alors même que nous le savons pauvre dans ses ressources, désarticulé dans ses vecteurs, fragile dans ses terres, ses eaux et son environnement et indécis dans sa volonté de se reconstruire ».
Immobilismes institutionnels
Il stigmatise au passage la myopie d'une rive nord qui ne voit dans le Sud que trois ondes de déstabilisation, à savoir le sous-développement, l'excès démographique et le déficit démocratique. « Le Nord et le Sud, en particulier l'Islam, sont présentés comme deux mondes opposés, évoluant irrémédiablement en sens contraire dans tous leurs paramètres et dans tous les secteurs », enchaînera-t-il. Aussi, face aux immobilismes institutionnels, en appellera-t-il à la société civile méditerranéenne et européenne pour jouer un rôle capital. En venant aux remèdes, l'orateur évoquera la nécessité d'en finir d'abord avec la guerre de 60 ans entre Israéliens et Palestiniens, de condamner « le terrorisme partout où il sévit, sans aucune réticence mentale », de pratiquer une méfiance salutaire à l'égard de « l'ethnocentrisme facteur d'incompréhension réciproque », de mobiliser les moyens d'information et de communication et contrôler scientifiquement les manuels scolaires d'histoire « qui apprennent aux enfants d'un peuple des insanités sur un autre » et enfin, de combattre la standardisation culturelle. Avant d'en venir à sa conclusion, Mohamed Bedjaoui s'élèvera contre « le raidissement injustifié de la politique communautaire et européenne en général sur la question de la circulation des personnes ». Enfin, il déplorera le peu de résultats de la décennie écoulée du processus de Barcelone.
Appels à la tolérance
La première table ronde à caractère économique avait pour thème « Un partenariat en développement ». Dans son introduction, Richard Weber, directeur à la direction d'Europaid, en charge de la politique de voisinage auprès de l'Union européenne, indiquera l'obligation des besoins réciproques entre le Nord et le Sud, un Nord avide de marchés, de jeunesse et de main-d'œuvre quand le Sud offre, entre autres, des terres de culture et des sites qui attirent le tourisme « puissant outil de développement et d'échanges ». Il évoquera également la question de l'eau, enjeu majeur, de l'énergie et de l'économie avant d'admettre que les ambitions de Barcelone 95 se sont avérées inatteignables. Il a appelé à la tolérance en écartant toute idée qu'un modèle donné (le Nord) serait supérieur aux aspirations de l'autre (le Sud) et que la tolérance se devait de marquer les relations entre rive nord et rive sud. Les intervenants à cette table ronde ont évoqué différentes problématiques : le dessalement de l'eau de mer devenu une technique compétitive, les financements croisés électricité/eau, les transports de technologie et l'énergie solaire. Certains interlocuteurs rebondiront sur les propos de Mohamed Bedjaoui en soulignant la nécessité d'un espace commun aux deux rives pour affronter les défis de la mondialisation. La deuxième table ronde a abordé les questions de société sur le thème « Une dynamique complémentaire ». Chantal Lebatard, membre du CES français, rebondira elle aussi sur le discours de M. Bedjaoui, en indiquant que des légions de la société civile « pouvaient être levées afin de booster la volonté politique ». Comme elle le soulignera plus loin, l'Europe se doit de prendre en considération l'existence sur son sol de 20 millions de musulmans. Un intervenant croate, Mislov Jesic, professeur à l'université de Zagreb, a rappelé tout ce que l'Occident chrétien doit au Sud arabo-musulman, évoquant Euripide, traduit en latin par l'abbé de Cluny à partir de l'héritage arabe. Mohamed Sayah, ancien ministre d'Etat tunisien, a évoqué avec brio et pertinence le riche héritage onirique arabe, appuyant sa démonstration sur les deux songes indicatifs. Celui de Mohamed (sourate 18) et celui d'El Maâmoun, le fils de Haroun Arachid. Il dira aussi comment les problèmes actuels de l'Islam résultent d'une absence d'approche historique des textes religieux et qu'un fort courant réformiste voyait désormais le jour en Tunisie, un courant soucieux de « lecture critique ».
Qui se partage la Méditerranée ?
La troisième table ronde consacrée à la géopolitique y a vu, bien sûr, les interventions les plus en phase avec la réalité contemporaine et l'actualité. François Gouyette, ambassadeur français chargé du processus euroméditerranéen, s'est longuement étendu sur les déceptions nées du processus de Barcelone, l'imputant en partie à une série d'événements parmi lesquels l'assassinat de Ytzhak Rabin. Il a toutefois rappelé quelques exemples de partenariat réussis, en particulier dans le domaine de la protection civile, où l'Algérie est d'ailleurs concernée. Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d'investissement de l'UE, s'est élevé contre les écarts de niveau de vie qu'il a jugés « insoutenables » et rappelé que la réforme du secteur financier et bancaire du Sud était un préalable à tout décollage . Alexis Bautzmann, directeur de la rédaction de la revue Diplomatie a mis les pieds dans le plat en s'écriant : « Qui se partage la Méditerranée ? plutôt que : « La Méditerranée en partage. » Ainsi, a-t-il démonté le plan américain du « Grand Moyen-Orient », en soulignant au passage de ne pas sous-estimer la realpolitik.
« Une géostratégie de la peur »
Quant à Leïla Chahid, désormais représentante générale de la Palestine auprès de l'Union européenne, elle s'est étonnée que la Palestine soit le seul partenaire depuis 1995 qui ne soit pas un Etat. Elle a appelé à respecter les résultats des urnes qui ont porté Mahmoud Abbas à la présidence avec 62% de voix et le Hamas à la majorité du Parlement, le Hamas qu'elle a qualifié de « nationaliste et non fondamentaliste ». Ce sont les mêmes citoyens qui se sont prononcés pour l'un et l'autre. Stigmatisant « une géostratégie de la peur », elle a surtout élevé une mise en garde contre l'arrêt des aides à la Palestine, arrêt qui la ramènerait à la situation de 48 et au statut de réfugiés. Dans sa conclusion, elle a rappelé qu'on ne pourra parler de partenariat sans la fin de l'occupation israélienne des territoires palestriniens. Du colloque est ressortie un certain nombre de propositions : un secrétariat politique permanent, un sommet annuel des chefs d'Atrat, une banque dédiée à l'Euro-méditerranée, une chaîne TV commune, un lieu fixe structurel entre Sud et Nord, la prise en compte des résultats de la démocratie. Jacques Barrot, commissaire européen, a reconnu l'insuffisance des résultats du partenariat euroméditerranéen au bout de 10 ans, que le terrorisme et la sécurité ont trop dominé à Barcelone en 2005 et, qu'enfin, « la politique euroméditerranéenne doit rester une priorité de l'Union européenne ». Vœux pieux ? L'avenir le dira.


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