Le 11e Festival international de jazz, DimaJazz, se tient jusqu'au 3 mai 2013 à la salle du Théâtre régional de Constantine. Constantine. De notre envoyé spécial Qui ne se souvient pas de Hit the road jack, la célèbre chanson de Ray Charles ? Jeudi soir, le public de la salle du Théâtre régional de Constantine a répété avec chaleur le refrain de ce tube de «The Genius» (le «génie», surnom de Ray Charles), en ouverture du 11e Festival international de jazz (DimaJazz). Sur scène, le groupe franco-américain Soul Family présentait son spectacle «Tribute to Ray Charles» (hommage). En front line, les chanteurs Joniece Jamison, Ange Laure Fandoh, Tori Robinson et Theos Allen, soutenus par cinq cuivres, une basse, une guitare, un clavier et une batterie, ont interprété avec plaisir les grands titres de Ray : What I say, Georgia, Let the good time roll, Hallelujah I love her so, Night time is the right time... Bref, le répertoire rythm'n blues, jazz et gospel de Ray Charles. Et bien sûr du soul, son style ! Ray Charles n'a pas décroché douze Grammy Awards pour rien durant sa longue carrière. Ray Charles est décédé en juin 2004, laissant derrière lui un répertoire d'une soixantaine d'albums et d'une quinzaine d'opus live. Le public, nombreux, a complètement adhéré à la démarche de Soul Family. La réputation de Ray Charles a traversé toutes les frontières, celles des âges, de la géographie et des traditions musicales. «On garde les deux pieds sur terre», s'est amusé Ange Laure Fandoh, ravi par l'ambiance créée par les jeunes. Soul Family, une formation créée par Bernie Hopman, existe depuis bientôt seize ans. Après avoir assuré la première partie d'un concert de James Brown au festival de jazz de Montreux en Suisse en 1993, il est sollicité pour animer des concerts en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Bernie Hopman fera plus tard d'intéressantes rencontres artistiques avec notamment Quincy Jones et George Duke. Ce grand amateur de Bach, de Gershwin et de Charlie Parker passe sa vie entre la Suisse et la France. «Ce soir, le public était merveilleux. Nous avons beaucoup apprécié le spectacle. Et les spectateurs également. C'est ce que nous voulons lorsqu'on fait des shows», a soutenu Joniece Jamison lors de la conférence de presse qui a suivi le concert. «Nous avons vu la joie sur les visages, ça nous motivait plus», a renchéri Ange Laure Fandoh. «Le public chantait avec nous. Il connaissait les textes, ça nous a surpris», a confié Theos Allen, qui est établi à Miami, en Floride. «Ray Charles a mené un grand combat pour les droits civiques aux Etats-Unis. Les années 1950 étaient difficiles pour les Noirs américains. Ray avait refusé de se produire dans certains endroits en raison du racisme qui sévissait à l'époque. Au-delà de la musique, il était un homme engagé, qui représente beaucoup pour nous», a-t-il souligné. Joniece Jamison, une artiste native de Baltimore, a relevé que l'arrivée d'un président noir à la Maison-Blanche a changé beaucoup de choses non seulement pour les Afro-Américains, mais pour les gens de la classe moyenne aux Etats-Unis. «Barack Obama est le président du peuple», a-t-elle appuyé, relayée par Théos Allen qui a estimé que le président américain «ne peut tout faire tout seul». «La musique c'est l'universalité, c'est l'espoir, la paix. La musique rapproche les gens», a-t-il relevé. Joniece Jamison est allée dans le même sens : «Aujourd'hui, dans le monde, les gens veulent la paix, de l'espoir et de l'amour. C'est aussi notre message qui a été bien reçu partout où nous sommes allés.» Les chanteurs de Soul Family ont chacun sa propre carrière musicale. «Ce sont la richesse et l'expérience de chacun qui forment notre famille. Les artistes ont tous leurs projets, mais nous jouons ensemble car ça nous fait plaisir», a appuyé Bernie Hopman qui s'est dit, lui aussi, émerveillé par la générosité du public du DimaJazz.