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Albert Camus, au centre d'une rencontre internationale à Alger
Une figure littéraire en débat
Publié dans El Watan le 04 - 05 - 2006

Lorsque la figure d'Albert Camus est convoquée à Alger, l'événement ne laisse pas indifférent. En moyenne, plus d'une centaine de personnes, enseignants et étudiants, ont assisté au colloque international qui s'est tenu à Alger la semaine dernière.
La symbolique de cet événement scientifique est forte dans ce qu'il a de positif. L'organisatrice, Afifa Bererhi de l'université d'Alger, secondée par Bouba Tabti et Amina Bekkat, a sélectionné des spécialistes de Camus avec d'autres universitaires qui s'y intéressent de manière indirecte ainsi que des doctorants qui travaillent sur l'auteur. Ils sont venus de partout : Hollande, Autriche, Etats-Unis, Afrique du Sud, Tunisie, Congo, Grande-Bretagne, Brésil, Gambie, France, Algérie. Chacun de ces universitaires a présenté Camus avec ses propres outils critiques, avec sa propre sensibilité littéraire, selon ses visions et ses intérêts académiques. Au bout d'une semaine de riches débats, on ne pouvait que constater combien l'œuvre de Camus peut être inspiratrice d'opinions contradictoires, de lectures différentes, les unes n'excluant pas les autres. L'œuvre de ce prix Nobel est si multiple, dans laquelle l'implicite est si riche d'interprétations, que chaque critique littéraires peut en effet trouver ce qu'il cherche. Cette semaine de travaux universitaires a démontré combien finalement l'œuvre de Camus est universelle et combien elle est ancrée dans ce pays qui s'appelle l'Algérie. Le thème du colloque Albert camus et les lettres algériennes, Albert Camus et l'Algérie a prouvé combien il était absurde et surtout incomplet d'étudier Camus sans parler de l'Algérie, tant ce pays est en effet la matrice indéfectible et fondatrice de toute son œuvre. L'intérêt de cette rencontre est qu'elle a été loin d'être consensuelle vis-à-vis de l'homme, de l'œuvre. Ce n'était pas un hommage à Albert Camus mais une véritable dissection de ses écrits, ce qui a mis en évidence leur complexité. Au fur et à mesure, il devenait évident qu'il était absurde et inconvenant d'avoir une idée tranchée sur l'homme de lettres. L'intertextualité, la métatextualité, l'interdiscours, l'étude des métaphores et des symboles, l'approche philosophique du texte camusien, les études purement narratologiques, les approches thématiques, ont encore une fois prouvé la diversité et la richesse de l'œuvre. L'envers et l'endroit au Premier homme, en passant par La peste, Noces, Les justes, L'Etranger, les textes philosophiques, les textes journalistiques, les essais, ont été passés au crible avec une critique stimulante durant une semaine riche de débats vivifiants. Les témoignages ont été nombreux comme celui de Jean-Pierre Benisti qui a rappelé ses souvenirs d'enfance, les souvenirs de son père, ami d'Albert Camus qui a été à l'origine de l'existence de la stèle en hommage à Albert Camus dans les ruines de Tipaza. Dans ce lieu féérique, il a rappelé la présence et sa rencontre avec Mouloud Feraoun, Emmanuel Roblès, Benisti, père, Mohamed Dib et d'autres qui ont rendu hommage à Camus après sa mort accidentelle. L'homme Camus fascine, indéniablement et son enfance pauvre, loin des colons arrogants et cyniques, ses rapports avec sa mère, alors femme de ménage, avec sa grand-mère, dans le quartier de Belcourt, ont été approchés par le biais de la critique psychanalytique. Les autres textes fondateurs comme L'Etranger et La peste ont été revisités avec diverses approches critiques, y compris celles d'écrivains qui ont évoqué leur réception de l'œuvre de Camus durant leur adolescence. Les termes utilisés alors ont été fulgurance, étonnement, subjugation, reconnaissance de son moi intime dans les textes camusiens. La phrase la plus dite a été : « Mais il parle de l'endroit, du lieu que je connais, des sensations que je connais ». Ces confessions ont été faites par des Algériens ou par des Français d'Algérie. Tous les témoignages ont été émouvants. Ce que ce colloque a aussi démontré au-delà des témoignages, par des travaux sur les textes, c'est aussi l'influence d'Albert Camus sur les écrivains algériens de la deuxième génération, la génération de l'indépendance et qui n'a donc pas connu la colonisation. Malgré un discours réducteur et sclérosant, portant sur le rejet de Camus de la sphère algérienne, il était évident que les jeunes ont lu Camus qu'ils on été imprégnés des œuvres de Camus. Des études comparatives étonnantes de précision ont démontré ce dialogue avec Camus, comme celui de Aziz Chauaki, de Malika Mokadem, de Salim Bachi, de Nina Bouraoui ou de Abdelkader Djemaï. Albert Camus a dépassé aussi les frontières de l'Algérie et son œuvre a été aussi comparée aux Frères Karamazov de Dostoievski, à Don Quichotte de Cervantès. Moi-même, j'ai trouvé une similitude entre Camus Camus et J. M. Coetzee étonnante au niveau du mental des deux écrivains face au fait colonial. Les analyses et les réflexions du théoricien palestinien Edouard Saïd sur Albert Camus ont été anlysées et revisitées avec pertinence. L'originalité de ce colloque est à souligner au niveau des lieux. Il s'est tenu en trois endroits différents d'une portée symbolique particulière. D'abord à Tipaza, sur les lieux de Noces avec une visite au musée et aux ruines de Tipaza, ensuite un retour à Alger, à la salle des actes de l'université d'Alger où Albert Camus a soutenu son DES en philosophie qui se trouve dans les archives de la bibliothèque de l'université. Enfin le troisième lieu a été la Bibliothèque nationale du Hamma, symbole de l'Algérie indépendante, bibliothèque située non loin de Belcourt où a vécu Albert Camus. Par-delà les travaux scientifiques, ce que l'œuvre de Camus a démontré, c'est son amour pour l'Algérie qui ne peut être égalé que par l'amour des Algériens pour leur pays. Ensuite, ce sont les écrits journalistiques qui montrent combien Camus rêvait d'une Algérie où tout le monde devait avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ce colloque a rappelé aussi qu'il y avait une autre facette politique de Camus qui a été celle de sa condamnation des massacres de Sétif le 8 mai 1945. La convocation de la mémoire d'Albert Camus a été reliée au présent - une mémoire non nostalgique - mais en prise avec l'Algérie académique d'aujourd'hui qui se veut ouverte à toutes les cultures, qui se veut récupératrice de sa mémoire culturelle et historique, une mémoire multiple, car c'est ce qui devrait faire sa force et sa vitalité afin d'avancer dans la démocratie, le partage, la générosité de tous ses textes littéraires, en sachant qu'un vrai texte littéraire ne devrait plus avoir de frontières. Ce colloque n'a pas accusé Albert Camus. Il ne l'a pas mis sur un piédestal. Le colloque s'est voulu être un lieu de débat sur la liberté d'être, sur le cheminement d'un intellectuel qui avait ses doutes et ses angoisses. Albert Camus a été replacé dans son contexte géopolitique, dans sa psychologie et dans son histoire personnelle, ainsi que dans ses rapports avec le monde colonial de l'époque des années 1940. Ce colloque s'est terminé avec une superbe représentation théâtrale des Justes d'Albert Camus, jouée par une troupe oranaise, mise en scène par Lardjam. Albert Camus, un écrivain de toujours dont l'écriture est ancrée en Algérie.

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