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De Détroit à Belgrade
Zoom. «Sugar Man» de Malik Bendjelloul et «Circles» de Srdan Golubovic
Publié dans El Watan le 28 - 12 - 2013

Deux coups de cœur cinématographiques lors du festival international du film d'Alger...
Merci de m'avoir gardé en vie !». Ce soir-là, dans cette salle archi comble du Cap en Afrique du sud, Sixto Rodriguez, chanteur de folk américain, renaît, comme un sphinx, de ses cendres. Il revient de loin. Dans les années 1970, aux Etats Unis, il a sorti deux albums, dont Cold Fact. Un échec. Sussex, son producteur, abandonne Rodriguez en pleine route. C'est l'impitoyable loi du marché ! Mais, dans la vie, des miracles peuvent se produire. «Rodriguez est plus connu qu'Elvis Presly en Afrique du Sud», confie un journaliste à Malik Bendjelloul dans Searching for Sugar man, un documentaire suédo-britannique de 85 minutes, projeté mercredi soir à la salle El Mougar lors de l'avant-dernière journée du 4e Festival international du cinéma d'Alger (FICA). Malik Bendjelloul, un algéro-suédois, s'est intéressé au parcours surprenant de Sixto Rodriguez dont la voix et l'interprétation rappellent celles de Bob Dylan et Neil Diamond. «Il était l'esprit nomade de Détroit, le poète des quartiers pauvres», raconte un ex-producteur de l'artiste. «Il donnait l'impression de n'avoir pas de maison.
Il passait d'une rue à une autre, d'un foyer à un autre. Il est comme un sage, un prophète», ajoute-t-il. D'ailleurs, le documentaire débute avec un orage nocturne à Détroit. Les rues de la ville la plus célèbre du Michigan sont «visitées» par la caméra de Malik Bendjelloul avec une rare poésie. Sixto Rodriguez, dont les parents étaient d'origine mexicaine, a commencé sa carrière à la fin des années soixante dans le bar, The Sewer, situé au bord de la rivière Détroit. Il a été découvert par Mike Theodore et Dennis Coffre, deux producteurs qui l'ont aidé à produire l'album Cold Fact précité. Ils évoquent dans le documentaire leur première rencontre avec l'artiste.
«Il chantait au milieu d'un brouillard qui venait de la rivière et de la fumée du bar», se souvient Mike Theodore. Sixto Rodriguez était déjà auteur-compositeur. Cold Fact n'emballe pas les radios américaines ni le public. En Afrique du Sud et même en Australie, l'album est plutôt bien accueilli. Rodriguez ne le sait pas encore. I wonder, l'une des pièces de l'album, devient un véritable tube en Afrique du Sud. «Cette chanson qui évoque le sexe a aidé à casser des tabous chez nous», se rappelle un fan.
Durant les années de lutte contre le régime de l'apartheid, la minorité blanche antiraciste – «anti establishment» également – utilisait les chansons contestataires de Rodriguez pour se faire entendre. Coming for reality est le second et dernier album de Rodriguez sorti en novembre 1971. Cause, une chanson qui évoque le licenciement d'un ouvrier à deux semaines de Noël, connaît un immense succès en Afrique du Sud et en Australie. Le producteur Sussex chasse Rodriguez également à deux semaines de Noël après l'échec américain du deuxième album. Cause était donc une chanson prémonitoire ! La rumeur «tue» Rodriguez sur scène, immolé en public… Et l'artiste tombe dans l'oubli. Un journaliste, à la demande de Steve Segerman, un disquaire du Cap, fan de Rodriguez, s'intéresse au sort du chanteur. Il découvre au fil de ses recherches qu'il n'est pas mort. Après ses échecs, Rodriguez change de métier, travaille dans le bâtiment, range sa guitare et accepte, avec philosophie, sa situation d'artiste peu chanceux.
A la manière d'un enquêteur, Malik Bendjelloul va retrouvez Rodriguez chez lui à Détroit pour le faire parler et le filmer en train de marcher dans la neige. Rodriguez parle avec simplicité, sans aucune acidité dans le propos. Le documentariste ouvre le micro aux trois filles du chanteur qui parlent avec douceur d'un père les ayant toujours encouragées à visiter les musées et à assister aux concerts. Le documentariste fouille dans l'album-photos de la famille, ravive des souvenirs. Il raconte le voyage historique de Rodriguez en Afrique du Sud en 1998. «A la descente de l'avion, nous avions trouvé des limousines. Nous pensions qu'on attendait une délégation importante. Nous avons contourné les voitures pour avancer. Et pourtant, les limousines étaient là pour nous !», se souvient une fille du chanteur. C'est donc la résurrection en terres africaines ! Le 6 mars 1998, Sixto Rodriguez monte sur scène devant une salle archi-comble.
L'accueil est triomphal. Il reviendra quatre fois en Afrique du Sud pour animer trente concerts ! Il fera ensuite une tournée mondiale. Searching for Sugar man est un excellent documentaire basé sur l'interview, l'image d'archives et la créativité visuelle. Le montage et le choix des illustrations musicales sont parfaits. Malik Bendjelloul a réussi à garder la distance avec Rodriguez, objet de son film, mais en suggérant l'existence d'une grande sympathie à son égard. Le film contient une critique intelligente de l'industrie du disque qui écrase les talents quand elle veut. Il y a aussi une autre idée qui se dégage clairement de documentaire : l'Amérique n'est pas le centre du monde. Searching for Sugar man a décroché plusieurs distinctions comme l'Oscar du meilleur documentaire à Los Angeles, le Bafta Award à Londres et les prix spéciaux du jury et du public au Sundance Festival aux Etats-Unis. Des récompenses amplement méritées…
Circles, du serbe Srdan Golubovic, est sans doute la meilleure fiction de la sélection de ce 4e Festival international du cinéma d'Alger (FICA) qui s'est achevé jeudi soir à la salle El Mougar. L'histoire, basée sur des faits réels, débute à Trebinje, en Bosnie Herzégovine, en 1993. La guerre des Balkans fait rage. Chrétiens et musulmans se regardent dans le blanc des yeux. La guerre, invisible dans Circles, vire au massacre. Malgré les menaces, les musulmans restent à Trebinje. Marko (Vuk Kostic) est un soldat serbe qui revient en ville pour retrouver un père caressant Ranko (Aleksandar Bercek) et une amie aimante Nada (Hristina Popovic).
Marko va prendre un café avec un copain médecin, Nebojsa (Nebojsa Glogovac), lorsqu'il assiste à une scène dramatique. Trois soldats serbes s'acharnent sur Haris (Leon Lucev), vendeur de tabac, un musulman, dont l'impitoyable Todor (Boris Isakovic). Marko intervient. Tout bascule après. Douze ans sont déjà passés. Haris s'est installé avec sa famille en Allemagne. Nebojsa est déjà un chirurgien célèbre à Belgrade. Ranko construit une église loin de la ville de Trebinje. Il est harcelé par Bogdan (Nikola Rakocevic) qui veut être recruté au chantier. Ranko le rejette, semble lui reprocher quelque chose. Mais quoi au juste ? La mère de Bogdan tente de le dissuader de ne pas travailler chez Ranko. A Belgrade, Todor tombe entre les mains du médecin Nebojsa après un accident de la circulation. Il lui rappelle ce qu'il a fait. «Un con reste un con», dit le praticien. «Et un lâche reste un lâche», réplique Todor qui ne regrette pas ce qu'il a fait. Mais qu'a-t-il fait exactement ?
Le film évolue en laissant le spectateur se poser une foule de questions. En Allemagne, Haris est aux prises à un mari furieux qui cherche Nada en fuite avec son fils. L'homme habillé en noir menace de kidnapper les deux filles d'Haris s'il ne lui ramène pas son petit garçon. Haris tente de résister. La haine est là. Dans le regard de Ranko à l'égard de Bogdan, dans celui de Nebojsa à l'adresse de Todor, et dans celui du mari de Nada vers Haris. Les fantômes du passé semblent revenir. Et les cercles de l'eau s'élargissent dans un mouvement ondulatoire régulier. La guerre, comme la rancune, laisse des traces, comme un caillou jeté dans une mare tranquille. Marko a fait montre de courage à un moment donné de sa vie. Moment sensible. Ranko peine à construire l'église en haut d'une colline comme il éprouve des difficultés à oublier le geste du père de Bogdan. Le chemin du pardon est tortueux.
A plusieurs reprises, Srdan Golubovic filme ses personnages de dos comme pour suggérer l'hésitation, la douleur enfouie, le malaise d'affronter les vérités, le monde tel qu'il est. La musique enveloppe le récit dramatique d'une charge mélancolique et troublante qui complète les silences interrogatifs. Srdan Golubovic, appuyé par le montage intelligent de Marko Glusac, a su revenir sur le drame des Balkans avec finesse, sans grands discours ni théories grasses. Circles est un film sensible, profond, bouleversant et remuant. Il confirme encore une fois la fraîcheur et la vitalité du cinéma balkanique. Les producteurs ont voulu rendre hommage au soldat serbe Srdjan Aleksic, qui avait réellement sauvé un commerçant des griffes de militaires serbes haineux. La première mondiale de Circles, production germano-serbo-croato-slovène, a eu lieu aussi au Sundance festival. Le film a été sélectionnée au festival de Berlin et primé au festival de Belgrade.


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