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les tromperies des concours de doctorat
Népotisme, corruption, favoritisme et impunité
Publié dans El Watan le 08 - 01 - 2014

Les concours d'accès au doctorat dans les universités algériennes soulèvent l'indignation et provoquent la révolte des candidats malheureux à travers le territoire national.
De Annaba à Khenchela en passant par les universités d'Alger, des étudiants contestent des listes de lauréats qu'ils jugent entachées de fraude, de magouille et de favoritisme. Depuis le début du mois de décembre, une vingtaine d'étudiants recalés du concours de doctorat en sciences politiques de l'Université Alger 3 ne cessent de crier à l'injustice. Durant près d'une semaine, ils ont organisé des sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur (MESRS) pour faire entendre leurs voix.
En fait, ces détenteurs de master 2 dans la spécialité «Sécurité Internationale», dont la plupart sont les majors de leur promotion, dénoncent des formules de sélection et de classement préalablement établies pour les éliminer de facto de cette phase de consécration du système LMD. «Ils ont délibérément établi des critères pour qu'aucun étudiant de l'université d'Alger n'accède au doctorat. Sur la liste des lauréats, des personnes dont on connaît la limite de leurs compétences ont été admises au détriment d'autres plus studieux, simplement parce que ces chanceux se sont portés candidats par le biais d'autres universités du pays», déplore une étudiante.
Cette semaine encore, des candidats au doctorat de français de l'Université Alger 2 sont montés au créneau pour dénoncer ce qu'ils qualifient de graves irrégularités constatées dans le déroulement du concours qui a eu lieu le 15 décembre. Ils énumèrent plusieurs entraves à la réglementation. Comme la non-publication des dates de dépôt de dossiers ni celle du déroulement des épreuves, pourtant obligatoires. Y compris, le nombre de postes ouverts à la formation est resté, selon ces étudiants, inconnu jusqu'à la dernière minute. Allant plus loin dans leurs accusations, ils affirment que des notes ont été gonflées et des dossiers incomplets de candidats acceptés. Ils suspectent même que la correction des copies d'examen n'a pas eu lieu selon les normes de l'anonymat imposées dans ce genre de concours nationaux.
«Deux enfants de responsables à l'Université d'Alger 2 et de l'UFC figurent dans la liste des reçus, alors qu'ils n'avaient même pas le droit de participer au concours», fulmine un étudiant qui s'interroge : «Pourquoi la liste affichée n'a-t-elle pas été ratifiée par le chef du département, la doyenne des langues et du comité scientifique ?». Des questions qui méritent une enquête approfondie.
Ni vu ni connu, je t'embrouille
Depuis l'avènement des premières promotions de doctorants du LMD, l'introduction de nouvelles règles pour l'accès à la post-graduation a généré des situations pour le moins confuses. La mise en place de critères «stricts» censés garantir l'équité entre candidats a non seulement compliqué la procédure, mais elle a surtout favorisé toutes sortes de louvoiements opérés par des encadreurs indélicats. L'étude des dossiers de candidatures intégrant des coefficients variables, le classement des candidats selon une formule complexe de moyennes pondérées et la note de l'examen comptant pour la moitié de la moyenne générales ont donné lieu à des gymnastiques arithmétiques permettant des variables pas toujours légitimes.
En effet, pour peu que les membres du Comité de formation doctorale (CFD), instance souveraine, aient des penchants pour la fraude, la magouille et le favoritisme, les résultats du concours s'en trouvent complètement faussés. Le «ni vu ni connu, je t'embrouille» est une formule qui y a pris tout son sens. Et, au-delà des références établies par le MESRS, ce sont surtout les «jeux troubles» auxquels s'adonnent des encadreurs indélicats qui suscitent l'ire des candidats.
Alger 2 : magouille, ou simples égarements ?
Ainsi, à la faculté des langues de l'université Alger 2, la contestation de la liste des lauréats du doctorat de français n'est pas un fait nouveau. Selon des étudiants de cette même faculté, les concours de doctorat des sciences du langage de 2012 n'ont rien à envier à ceux de cette année. Documents à l'appui, ils présentent un rapport interne (à l'administration de la faculté, dont El Watan étudiant détient une copie) dénonçant de graves irrégularités constatées alors. Non-conformité du CFD au critères établis dans l'acceptation des dossiers des candidats, absence de diplôme de magister pour certains postulants, gonflage de notes (des notes identiques ont été accordées aux étudiants de master 2 pour le premier et second semestres), d'autres candidats ont été admis sans avoir remis de dossiers, erreurs délibérées dans les moyennes, des notes de soutenance accordées plusieurs mois avant les délibérations.
Bref, autant d'irrégularités qui ne peuvent être prises pour de simples fautes d'inattention. Sur le relevé de notes de K. F. par exemple, il est étonnant en effet de voir figurer la note de 17/20 attribuée au titre de la soutenance pour l'année universitaire 2011/2012 alors que l'étudiante en question n'a réellement soutenu sa thèse de master 2 que le 28 novembre 2013 ! «Ce rapport a été transmis au rectorat de l'université et au ministère de l'Enseignement supérieur. Une enquête a bien été menée et les inspecteurs ont confirmé toutes ces informations», assure notre interlocuteur. Une première liste des lauréats a ainsi été modifiée et l'affaire étouffée.
«Personne n'a été sanctionné. C'est inadmissible ! Les mêmes responsables de CFD sont toujours en poste. Ils ont certainement des protecteurs à l'intérieur des institutions leur permettant d'agir à leur guise», dénonce-t-il. Magouille, corruption, népotisme ou simples égarements administratifs ? Dans tous les cas, l'absence de sanctions pour les «fautifs» ne rassure guère sur le déroulement des concours. L'impunité étant mère de tous les dépassements.
Alger 3 : Ahurissante impunité !
En termes d'impunité justement, les étudiants des sciences politiques de l'Universités Alger 3 en ont gros sur le cœur et des dossiers tout aussi scandaleux. Cette fois encore, c'est le Comité de formation doctorale de leur spécialité qui est directement ciblé par des candidats très en colère. Sur le concours de 2013, ils notent plusieurs entraves à la réglementation. Dans une requête détaillée, ces candidats malheureux soulèvent de nombreuses failles. D'abord au niveau de la divulgation de la liste des étudiants retenus pour le concours qui n'a été affichée que deux jours avant le déroulement de l'examen, soit le 16 novembre. «L'administration a affiché une liste de 99 noms de manière aléatoire, sans aucun ordre établi ni alphabétique ni par moyennes, ce qui indique que les dossiers n'ont pas été étudiés», dénonce l'un des postulants.
Cet étudiant explique que la participation au concours national a été ouverte à un large éventail de spécialités, «permettant de brouiller encore davantage les cartes. Sachant que la filière ‘‘sécurité internationale'' n'est dispensée que dans trois universités algériennes, à savoir Alger 3, Guelma et Tlemcen». Ce qui a semé le doute chez les candidats recalés, c'est qu'aucun étudiant issu de leur faculté n'a été retenu. «L'affichage des résultats n'était pas réglementaire. Seule la moyenne générale était mentionnée sans aucun détail supplémentaire. Et si on se fie au mode de calcul réglementaire, cela voudrait dire qu'on a eu moins de 4/20 à l'examen écrit», s'étonnait, lors d'un rassemblement devant le MESRS en décembre dernier une des étudiantes.
«C'est inimaginable, sachant qu'on est les meilleures de notre promotion et que les questions de l'examen avaient trait exclusivement à notre spécialité ! En plus, les correcteurs sont les mêmes enseignants qui nous ont noté durant tout le cursus», soutenait-elle en dénonçant le fait que la réponse modèle n'a jamais été divulguée. Mais, au-delà de ces détails techniques, le doyen de la faculté des sciences politiques et des relation internationales d'Alger, le Pr Iratni, a récusé lors d'une entrevue aux plus forts moments de tension, en affirmant que «tout a été fait dans les règles» et «dans le respect strict de la réglementation en vigueur» ; les étudiants et certains parents accusent ouvertement le CFD, à sa tête son président, de favoritisme et de manipulations frauduleuses. «Cette personne n'est pas à sa première opération de fraude. Elle est d'ailleurs poursuivie en justice pour faux et usage de faux. En mai 2013, l'homme a comparu devant la PJ de Bouzaréah et l'affaire suit son cours. Il avait falsifié les documents d'une étudiante en ‘‘études sécuritaires''», dénonce un parent exhibant un document qui indique que l'affaire a été transmise au tribunal de Bir Mourad Raïs le 4 juin 2013.
«En principe, cette personne devrait être suspendue, au moins le temps que la justice tranche sur son cas. Mais bien au contraire, elle est encore en pleine activité», fulmine-t-il. Muni d'un dossier volumineux à charge contre le président du CFD, cet émissaire affirme être venu à la rédaction d'El Watan étudiant pour faire éclater la vérité sur les méandres de la gestion dans les universités. Méthodique et sans ménagement, il cite cas par cas et documents à l'appui ce qu'il qualifie de «déboires» du responsable incriminé.
Inscription d'étudiantes en master sans aucun dossier en 2010, favoritisme pour d'autres dont «une d'origine irakienne qui s'est vu basculée du système classique au LMD et a bénéficié d'une bourse d'étude pour les Etats-Unis en 2012 aux frais de l'Etat algérien», énumère-t-il. Plus grave encore, notre interlocuteur assure qu'une commission ministérielle a été dépêchée à la faculté pour s'intéresser aux cas de deux étudiants, enfants de cadres civils et militaires, inscrits en avril 2013 alors que la liste du master 1 «Etudes sécuritaires» a été clôturée en novembre 2012. «Mais l'affaire a vite été étouffée, et ce personnage a convoqué les étudiants frauduleusement inscrits pour poursuivre leurs études en novembre 2013», assure le parent en colère.
Noms, prénoms, dates et circonstances, une longue liste de dépassements opérés par le responsable du comité de formation est minutieusement dressée. «Il s'est entouré de collaborateurs aussi indélicats que lui et mène ses petites affaires au vu et au su de tout le monde. Il est devenu le maître de sa filière et tient en otage la formation et les étudiants sans qu'aucun responsable ne daigne le freiner. C'est quand même ahurissant toute cette impunité !», peste ce père d'une étudiante.
La dynamique infernale
Triste constat et triste réalité. Quand les fléaux sociaux atteignent les établissements de l'enseignement supérieur, toute forme de lutte devient éphémère. La corruption, le népotisme, l'affairisme sauvage et l'abus de pouvoir gangrènent certes tous les domaines, mais quand ils atteignent l'université les circonscrire devient presque utopique. Lorsque des formateurs inculquent aux futurs cadres de l'Etat l'«art» de la magouille et des intrigues, ces derniers n'auront d'autres réflexes que de reproduire, une fois installés, la même dynamique infernale. Car, il faut bien mesurer les dangers que représentent ces fléaux dans l'université. Il ne s'agit pas ici de produire des tronçons routiers approximatifs ou des logements hors normes, il est bien question des futurs responsables, tous secteurs confondus.
Dans le meilleur des cas, ces indus doctorants inscrits frauduleusement seront les enseignants et professeurs d'université et ils copieront le modèle appris en favorisant à leur tour la médiocrité. Et, au mieux, ils seront les futurs présidents de la République, les ministres et les responsables des institutions, et l'avenir du pays restera tronqué à jamais.


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