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«Un film humain avant d'être politique»
Talal Derki. Réalisateur syrien
Publié dans El Watan le 29 - 03 - 2014

A propos de son film, «Retour à Homs», de son pays et de ses visions…
-Vous venez de recevoir le Grand Prix de la 12e édition du Festival international des droits humains de Genève mais, pour beaucoup, vous demeurez peu connu. Pouvez-vous nous parler de vous…
Je m'appelle Talal Derki, je suis né en 1977 à Damas. J'ai étudié le cinéma à Athènes en Grèce, j'ai obtenu mon diplôme en 2003. J'ai produit et réalisé un documentaire intitulé Le héros des mers. A travers ce film, j'ai traité le phénomène de l'exil des Kurdes qui quittent la Syrie clandestinement à travers la mer à cause de l'oppression qu'ils vivent sous le régime syrien. J'ai suivi ainsi les périples d'un jeune garçon qui a voyagé à la nage depuis la Turquie jusqu'à une île grecque ! Il s'agissait de parler des raisons qui poussaient les Kurdes de Syrie à s'exiler en Europe.
-Donc Retour à Homs n'est pas le premier documentaire engagé et politique que vous réalisez ?
Pour moi, Retour à Homs est d'abord un film humain avant d'être politique. Il n'y a pas vraiment de discours politique dans ce film. Tout au long de ce documentaire, il s'agit d'hommes qui luttent contre un régime autoritaire qui les spolie, les oppresse et qui dure depuis plus de quarante ans.
-En lançant le tournage de Retour à Homs, aviez-vous déjà une idée de ce que vous aviez envie de montrer et de raconter ?
Je voulais montrer les changements qui se sont opérés au sein de cette jeunesse, de ces rebelles et les conditions inégales dans lesquelles ils combattent. Et là, je reviens à la dimension humaine, parce que ce qui a fait bouger ces militants, ce sont des émotions, des sentiments de révolte et de colère suscités par l'arbitraire et le despotisme du régime. C'est aussi une grande aspiration à la liberté et à la justice. Ce sont des expériences humaines qui ont changé la vie de cette jeunesse à 180 degrés. Je voulais montrer les raisons humaines qui ont poussé cette jeunesse syrienne à se révolter.
-Les deux personnages de votre documentaire, Oussama et Abdel Basset, que symbolisent-ils ? Pourquoi les avoir choisis ?
Oussama est cameraman de profession et il fait partie de ceux qui ont défié le pouvoir. Quand celui-ci a interdit que l'on filme la révolution, il n'a pas cessé de filmer et de poster ses films sur internet. Nous étions collègues. Oussama, c'est moi, je me vois à travers lui. Au début, Oussama était derrière la caméra puis, petit à petit, au fur et à mesure du tournage, il est entré dans le cadre. Abdel Basset avait 19 ans quand nous avons commencé à le filmer, c'est un joueur de football connu en Syrie. C'est une personnalité charismatique qui, grâce à sa notoriété et à ses chants patriotiques, a donné de l'élan aux premières revendications de la population. Il faut savoir que la révolution a commencé de manière pacifique et elle l'est restée pendant neuf mois… Aujourd'hui, Abdel Basset est un grand leader militaire et il ne se rendra pas. Il est résolu à mener jusqu'au bout cette guerre qui lui a été imposée. Dès que je l'ai vu, j'ai su que le documentaire se ferait à travers lui, que son parcours serait à même de raconter cette révolution.
-Mais pourquoi avoir choisi Homs en particulier ?
A Homs, le peuple s'est toujours exprimé d'une seule voix, contrairement à Damas par exemple, où il était courant de soupçonner son voisin d'espionnage pour le compte du régime. C'est ce qui a valu à Homs le titre de «capitale de révolution», c'est la Mecque de tous ceux qui ont cru au changement… Et, de plus, c'est à Homs que j'ai rencontré Abdel Basset.
-Le tournage a dû se faire dans des conditions pour le moins difficiles et dangereuses…
C'est vrai, avec le cameraman, nous avons filmé les séquences que nous sentions porter une charge dramatique. Le reste du temps, c'est Oussama et Quahtar Hassoun — dont je salue le grand courage — qui filmaient. Nous avons pris des risques qui dépassaient le but initial, celui de faire un film. Si nous avions en tête seulement de faire un film, nous n'aurions pas pu continuer parce qu'à tout moment nous risquions de perdre la vie. D'ailleurs, le producteur du film est décédé peu de temps après le film, pendant qu'il portait secours aux réfugiés de Kosseïr. Beaucoup de personnes qui entouraient ou faisaient partie de l'équipe du film sont décédées pendant et après le tournage. Nous avons malheureusement perdu beaucoup d'amis.
-A travers ses chants révolutionnaires, Abdel Basset dénonce le silence de la communauté internationale. Vous aussi vous dénoncez ce silence…
Il y a un chant qui me vient à l'esprit, il a pour refrain : «Votre silence nous tue». Effectivement, on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi est-ce que la Syrie a été abandonnée. On constate aujourd'hui que l'ONU n'est vraiment pas à même de faire respecter le droit international. Le monde est gouverné par les vainqueurs de la deuxième Guerre mondiale et s'il y a conflits d'intérêts entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, tout est gelé. Le régime de Bachar Al Assad a pour amis la Russie, l'Iran et bien d'autres puissances qui restent dans l'ombre. Les révolutionnaires et la société civile affrontent les affres de cette guerre seuls. C'est triste, car cette révolution a été pacifique pendant neuf mois… Ce vide a été comblé — alors que la communauté internationale n'a pas jugé opportun de protéger les civils en Syrie — par des milices islamistes qui nous font aussi la guerre. Nous avons donc deux ennemis : l'armée régulière de Bachar Al Assad et ces milices islamistes.
-Est-ce le sentiment général qui prévaut en Syrie ? La population civile se sent-elle abandonnée de tous ?
Oui, c'est le sentiment général. Le peuple syrien se sent orphelin, mais nous sommes déterminés ; on ne se rendra pas, car notre cause est juste et nous sommes décidés à la mener jusqu'au bout. Le régime est d'une cruauté inouïe. Il torture les enfants et les femmes et utilise la faim comme arme de guerre. De son côté, la Cour internationale de justice ne fait rien non plus, à cause du droit de veto russe. Donc, nous ne devons compter que sur nous-mêmes.
-Peut-on dire, en dépit de la situation tragique, qu'il y a eu des changements en Syrie depuis 2011 ?
Des choses pas vraiment tangibles pour le moment. Ce sont des changements que l'on verra et vivra à long terme. Mais, à court terme, tout ce que l'on voit et que l'on vit, c'est la guerre, la destruction et la mort d'innocents…
-Pensez-vous que le film documentaire a le pouvoir d'éveiller les consciences ? Voire de faire bouger les lignes, à travers l'opinion publique notamment ?
Ce n'est qu'un travail cinématographique. Mon but était de donner une image claire de ce qui se passe en ce moment même en Syrie. Le film a été montré aux Etats-Unis lors de la dernière édition du festival «Sundance», et le public, apparemment très peu informé sur les événements en Syrie, a été atterré par la violence des images qu'il venait de visionner. De nombreuses personnes m'ont fait part de leurs interrogations quant au rôle de la communauté internationale face aux souffrances endurées par le peuple syrien.


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