L 'économie nationale multiplie les contreperformances. Les rapports des institutions de Bretton Woods se multiplient et les constats, en ce qui concernent l'Algérie, sont similaires. En matière de performances, les institutions et structures économiques nationales «brillent» par leur classement en bas de l'échelle. Ainsi, quelques mois après la publication de son Doing Business annuel classant l'Algérie à la 152e position en termes de qualité du climat des affaires, un récent rapport vient épingler l'économie nationale en ce qui concerne la logistique des transactions commerciales. Intitulé Connecting to Compete 2014 : Trade Logistics in the Global Economy, le nouveau rapport de la Banque mondiale, qui évalue l'indice de performance logistique dans 160 pays, loge l'Algérie à la 96e place du classement. Le document, qui s'appuie sur un postulat selon lequel le renchérissement des coûts dans le commerce n'est souvent pas attribuable à la distance entre les partenaires commerciaux mais à la fiabilité de la chaîne logistique, met ainsi le doigt sur les lacunes en la matière, que ce soit en ce qui concerne, entre autres, le rendement des services douaniers, la qualité de l'infrastructure et la rapidité des livraisons. Le constat est ainsi effarant. En termes de coûts, un container de 40 pieds de marchandise standard coûte, en frais logistiques, en moyenne à l'import 2000 dollars et 3 à 4 jours de délai livraison en Algérie, tandis que celui-ci n'induit des frais qu'à hauteur de 800 dollars et 1 à 2 jours de délai de livraison en Allemagne, pays qui se place en tête du classement de la Banque mondiale, et d'environ 600 dollars en France, l'un des principaux partenaires commerciaux de l'Algérie. Les écarts se font plus nets lorsqu'il s'agit de décortiquer les principaux éléments de l'indice de performance logistique et plus particulièrement la qualité des infrastructures. Ainsi, contrairement à ce que le discours officiel veut faire entendre, l'Algérie ne se positionne qu'en 87e position en ce qui concerne la qualité de ses infrastructures très loin derrière des pays comme l'Egypte, le Koweït, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis ou encore le Qatar. Et lorsqu'il s'agit d'évoquer la performance des services douaniers, le constat est plus affligeant. Si l'on concède à l'Algérie le fait que 85% des cargaisons «sont en accord avec certains critères de qualité», la Banque mondiale met à l'index la lourdeur des procédures douanières. Il faut ainsi, selon les données compilées par l'Institution de Bretton Woods, passer par 4 procédures et avoir affaire à 4 institutions pour toute opération de dédouanement. Opération qui prendra un délai variant entre 3 jours (si l'on se passe d'inspection physique sur quai) à 9 jours. En prenant en considération le fait que 75% des cargaisons passent par l'étape de l'inspection physique et que 11% d'entre ces dernières passent par des inspections multiples, l'on imagine aisément l'allongement des délais de traitement des dossiers entre la notification de la demande de dédouanement et la fin de la procédure. Ce qui ne fait, en réalité, que multiplier les coûts de manutention, aggraver l'engorgement des ports avec tout ce que cela induit comme allongement des délais de déchargement des cargaisons et d'augmentation des surestaries, induisant ainsi une hausse vertigineuse des coûts logistiques.