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Les témoignages inédits de la moudjahida
Disparition d'Eveline Safir Lavalette
Publié dans El Watan le 28 - 04 - 2014

La native de Rouiba, Eveline Lavalette, était consciente des risques encourus et n'a jamais dénoncé ses frères et les caches. Cette grande dame, qui a vécu dans la simplicité, a fait partie de la délégation algérienne qui avait participé aux travaux de l'Unesco en 1963.
Quelques semaines avant la célébration de son 85e anniversaire, grâce à un coup de pouce de la moudjahida Zoubida Amirat, nous avons pu retrouver et rencontrer cette Algérienne d'origine européenne, Eveline Safir Lavalette, dans sa maison à Médéa. Cette grande dame, qui a vécu dans la simplicité, a fait partie de la délégation algérienne qui avait participé aux travaux de l'Unesco en 1963.
A l'instar des authentiques combattants pour l'indépendance d'une Algérie de justice, fidèles au serment du 1er Novembre 1954, en l'occurrence Pierre Chaulet (décédé, ndlr), Annie Fiorio Steiner et bien d'autres, la native de Rouiba, Eveline Lavalette nous a légué son précieux témoignage sur sa participation et son engagement pour son pays.
Ses parents ignoraient totalement tout ce qu'elle faisait. Ils avaient découvert son adhésion à la Révolution une fois arrêtée par la police coloniale. Sa rencontre avec Drareni avait allumé sa flamme d'amour pour son pays jusqu'à ce qu'elle décède à son domicile à Médéa vendredi dernier. Au début des années 1950, ses contacts se multipliaient avec Salah Louanchi, Mahfoud Kaddache, Pierre Chaulet et bien entendu Drareni, dans le cadre des rencontres organisées par l'Association des jeunes Algériens pour l'action sociale (Ajaas) qui se tenaient dans les auberges de jeunesse de Sidi Fredj, Aïn Taya et Birkhadem.
Durant la guerre, elle était agent de liaison
L'Ajaas était constituée en grande majorité de jeunes des Scouts musulmans algériens et de quelques jeunes Algériens d'origine européenne. Benkhedda Benyoucef, qu'elle appelait affectueusement «Joseph», lui confie les missions d'agent de liaison entre Alger, Oran et Constantine. La jeune et belle Eveline Lavalette, allure européenne, issue d'un milieu social aisé, célibataire, intellectuelle, insoupçonnable, passait inaperçue auprès des forces de sécurité coloniales.
Elle était consciente des risques encourus. Elle avait offert sa «tanière» aux lions de la Révolution. Son appartement avait abrité plusieurs réunions clandestines. Benkheda Benyoucef lui faisait confiance.
«Joseph» détenait le double des clés de son appartement à Alger. Elle avait reçu les responsables de la Révolution, selon ses témoignages. Elle nous cite le colonel Ouamrane, le colonel Si Sadek Dehilès, et bien d'autres. «J'exécutais tout ce que me demandait Joseph», raconte-t-elle. «Comment trouviez-vous Abane Ramdane ? lui avons-nous demandé. C'est un homme franc, droit, sympathique, simple, nous répond-elle. D'ailleurs, en rentrant chez moi il m'avait dit : ‘‘Savez-vous ce que vous êtes en train de faire ?'' Je lui ai répondu par oui. Et il s'installa, avant l'arrivée de Benkhedda. Je ne restais jamais à côté d'eux», nous précise-t-elle.
L'autre héros de la Révolution, Larbi Ben M'hidi, avait logé plusieurs fois chez elle. «Je me rappelle, nous dit-elle, Larbi Ben M'hidi qui pensait être hébergé chez une famille à Alger. Il avait été surpris de se voir accueillir par une jeune Française qui vit seule». Après un court instant de silence, Eveline Lavalette enchaîne : «Est-ce que tu es majeure ? me demanda Larbi Ben'hidi. ‘‘Oui !''je lui répondis.» En nous relatant ses souvenirs, ses yeux pétillaient de bonheur.
«Parce que si tu n'es pas majeure je m'en vais tout de suite, déclara Ben M'hidi, je ne veux pas être impliqué avec une fille mineure, dit-il. Tu sais, si on m'attrape chez toi, tu seras condamnée lourdement, avait-il dit.»
Une longue discussion s'installa entre elle et l'un des géants de la guerre de Libération nationale, nous confie Eveline Lavalette, en attendant l'arrivée éventuelle de ses compagnons : «Il y avait beaucoup de respect et de solidarité entre nous tous durant cette période.» «Madame, décrivez-nous brièvement Larbi Ben M'hidi», lui demande-t-on.
Son appartement avait abrité plusieurs réunions clandestines
«Je vous dirai qu'il est d'une grande droiture, d'une grande simplicité, une volonté incroyable, un homme de grande valeur, d'une pureté révolutionnaire. D'ailleurs, c'est grâce à mes rencontres avec toutes ces personnes que je suis devenue ce que je suis aujourd'hui», ajouta-t-elle. La moudjahida ne pouvait plus continuer à héberger les révolutionnaires algériens dans ce quartier habité par les Européens. «Il y avait en face de mon immeuble une femme française qui regardait de temps à autre le mouvement des personnes, surtout le colonel Ouamrane qui venait avec ses vêtements de montagne, avec un couffin dans lequel était cachée son arme, nous précise-t-elle. Alors, je suis partie louer une maison au 35, rue Khelifa Boukhalfa, afin de pouvoir les accueillir, grâce à l'intervention d'un ami médecin qui s'appelait Pierre Roche», nous explique-t-elle. Arrestation, tortures dans les prisons d'Oran, El Harrach, Chlef, rencontres avec les moudjahidate dans les prisons, menaces des éléments de l'OAS rythmeront ses difficiles quotidiens jusqu'à l'Indépendance du pays. Un parcours dense et riche qui sera pérennisé sans aucun doute un jour par l'écriture de la vraie histoire de la guerre d'Algérie.
Respect et solidarité
En dépit des tortures, Eveline Lavalette n'a jamais dénoncé ses frères et les caches.
«Comment avez-vous pu résister aux interrogatoires musclés et inhumains des policiers français», lui demande-t-on. «Vous savez que Benkhedda m'avait appris un plan composé de beaucoup de mensonges, nous dit-elle en minimisant les choses, et il insistait pour me dire de ne jamais me souvenir de ses faits», conclut-elle.
Eveline Lavalette, la moudjahida, devait assister à la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse organisée à Tipasa par l'Association des journalistes de la wilaya. Elle m'appelle dans la matinée de ce 2 mai 2012 pour s'excuser, car son genou lui faisait mal. Notre dernière rencontre avait eu lieu à la librairie de l'hôtel El Aurassi, à Alger. «Ah ! vous êtes le journaliste d'El Watan, vous êtes venu chez moi à Médéa, n'est-ce-pas ?» nous interrogea-t-elle. «Effectivement, mais je voudrais immortaliser ma rencontre avec vous encore, Madame, aujourd'hui. — Avec un grand plaisir et je vais d'ailleurs vous dédicacer mon livre», conclut-elle. Moins de deux années plus tard, elle nous quitte.


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