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Au cœur des montagnes du Tiris
Voyage dans les territoires sahraouis libérés
Publié dans El Watan le 02 - 07 - 2006

Nous étions une délégation de 16 journalistes à avoir répondu le 5 juin dernier à l'invitation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Objet de ce déplacement : le 30e anniversaire de la Journée du martyr qui s'est tenu le 9 et 10 juin à Aghouinit, dans les territoires libérés du Sahara-Occidental, situé à près de 1000 km au sud-ouest de Tindouf.
Il était 17h 20, lorsque l'Iliouchine, un avion militaire de l'ANP, qui nous transportait d'Alger, fait son atterrissage à l'aéroport militaire de Tindouf. Des véhicules 4x4 - qui seront notre unique moyen de transport durant tout notre séjour dans les territoires libérés du Sahara-Occidental - sont mis à notre disposition. Direction : Rabouni (camps des réfugiés sahraouis), situé au bout d'une piste cabossée à une trentaine de kilomètres de là. Après un moment de détente, le dîner est déjà servi. Un repas frugal. Au menu : un plat d'haricot blanc, un ragoût de viande de chameau et du pain cuit au four. 19h 40, alors que le groupe ne s'est pas encore remis de la fatigue de la longue journée de vol, le chef du protocole du Front Polisario donne déjà l'ordre de départ. Nous débarquons dans quatre 4x4 à six ou sept par véhicule avec valises, cabas… et de l'eau. Un véhicule était réservé pour le ravitaillement. Destination Tifariti. Le voyage, long de 6 heures, est harassant. Nous traversons de nuit un désert caillouteux, poussiéreux, interrompu çà et là par de légers accidents de relief. Nous croisons, de temps à autre, de vieilles camionnettes de bédouins. Dans la voiture, règne au début de cette aventure une ambiance bon enfant et puis… bouche cousue. Normal ! La fatigue commence déjà à se faire sentir parmi le groupe de journalistes. On essaye de fermer l'œil comme on peut. Mohamed, pour vaincre sa fatigue, s'est mis à raconter à Danielle, une amie anglo-américaine des Sahraouis, les dernières anecdotes sur les maâskris. Le chauffeur, Bendir, est resté concentré sur la Toyota qui l'a devancé pour ne pas la perdre de vue en jetant de temps à autre un œil sur son rétroviseur pour s'assurer que ses poursuivants sont toujours derrière lui. Les Sahraouis, fils et petits-fils de méharistes, qui ont troqué les chameaux contre des Land Rover et des Toyota, sont des pilotes chevronnés. Ils utilisent leurs véhicules tout-terrain pour le transport autant que pour le combat et sont capables de conduire jusqu'à 12 heures par jour, ne s'arrêtant que pour siroter un verre de thé à l'ombre d'un acacia. « J'ai toujours essayé de faire le record, j'ai parcouru la même distance par deux fois au bout de 4 h 30, avec vous nous avons fait six heures », dit fièrement Bendir à notre arrivée à Tifariti à 1h 40. Le camp est situé à 320 km, à l'intérieur des territoires libérés à quelque 80 km du mur de défense qui divise le territoire sahraoui en deux enclaves. Les autorités sahraouies avaient décidé de réactiver la vie civile dans ce camp depuis le 11e congrès du Front Polisario. Sur notre route, nous croisons par-ci par-là des kheimat érigées par les familles bédouines sahraouies. Nous passons ce qui nous reste de la nuit dans les locaux de la 2e Région militaire sahraouie. Le climat est frais dans cette partie du désert en raison de son ouverture par « un couloir » sur l'océan atlantique. Mardi 7 juin. Réveil à 7 h après 4 heures de sommeil difficile. Après un déjeuner amélioré, œufs durs, fromage, confiture, café au lait et pain, nous poursuivons notre chemin en direction de Midjek qui se trouve à près de 500 km. Pour rejoindre ce patelin, nous avions deux possibilités : soit aller directement au Sud et traverser une partie du territoire mauritanien ou arpenter une autre piste parallèlement au mur de défense. C'est cette route qu'on a choisie pour aller vers « le village » de Midjek. Nous sommes passés entre la frontière mauritanienne et le mur de défense.
50°C à l'ombre
Nous parcourons près de 150 km puis nous marquons une halte, à Bit Mokren, au milieu de nulle part, à l'ombre des rares arbres qui tentent encore de résister dans la région. Cette région est caractérisée par ses montagnes en forme de cornes. La chaleur atteint son paroxysme. Le mercure affiche 50° à l'ombre. Nous descendons des véhicules en quête d'ombre pour nous détendre. L'irrésistible Bendir, quant à lui, sort directement de son véhicule à la recherche de bois pour allumer du feu et préparer du thé. Pendant ce temps, le cuisinier, Abdellahi, qui n'a pas le droit au repos, prépare le déjeuner. Des haricots blancs, de la salade et des poires au menu. 16 h passé, nous reprenons le chemin vers Midjek qui se trouve aux portes de la partie sahraouie qu'on appelle le Tiris. Le Sahara-Occidental est divisé en deux régions : le Zemmour et le Tiris. Le Zemmour est un vaste territoire où on retrouve des chaînes de montagnes, des oueds et des arbres en quantité et en taille. Le Tiris est par contre un territoire plat avec des montagnes éparpillées. Pas de chaînes de montagne mais en montagnes individuelles. C'est au Tiris que nous retrouvons l'une des plantes les plus aimées des chameaux : l'Askaf. Cette plante salée donne du tonus et du poids aux chameaux. Là où elle y est, en été le chameau peut rester 15 jours sans boire. La chamelle de cette région, raconte-t-on, peut donner jusqu'à 25 l de lait/jour. Elle peut devenir adulte à l'âge de 6 mois, contrairement aux autres régions du désert où l'animal ne le devient qu'après une année ou une année et demie. C'est pourquoi, quand les pluies sont abondantes au Tiris, les éleveurs mauritaniens déplacent leurs troupeaux de chameaux du côté du territoire sahraoui. « Nous partageons avec nos frères mauritaniens tout ce qui est produit par les pluies », raconte le chef du protocole du Front Polisario. Les maladies sont rares aussi bien chez les êtres humains que chez les animaux de Tiris. Les gens qui habitaient Tiris avant le départ des Espagnols ne connaissaient pas la mort avant 90 ans. C'est à la nuit tombée que nous arrivons à Midjek. Le ciel qu'embrasse le soleil couchant rend le paysage féerique. Malika sort son appareil photo pour immortaliser quelques images. Le chef du protocole négocie le prix d'un mouton pour la soirée. La bête, égorgée par Abdellahi sur place, suscite de l'étonnement chez le groupe. C'est un mouton « croisé ». Le chef de la caravane décide du lieu de la soirée. L'endroit n'est pas fortuit. « Il est choisi pour être à l'abri des piqûres des scorpions », explique Bendir. C'est aussi en raison des difficultés de poursuivre encore notre chemin que la décision a été prise. « L'existence de beaucoup de montagnes identiques dans cette région rend difficile la distinction de la direction vers le Sud », avance-t-on. Nous passons alors la nuit à la belle étoile, après avoir goûté au méchoui préparé par Abdellahi. Zineb ne pouvait pas manger car souffrant de problèmes gastriques. Mercredi 8 juin.
L'adjouad, un lieu historique et culurel
Départ vers Aghouinit. De là, nous aurions pu rejoindre Aghouinit qui se trouve à 150 km mais nous avons choisi d'aller à l'Adjouad. Le commandant de la région où est basée la 1e Région militaire sahraouie, Ahmed Val, a émis le vœu d'accueillir la délégation dans son fief. Il nous reçoit à l'intérieur d'une colline qui donne l'air d'un poste avancé. L'Adjouad est caractérisé par l'existence de plusieurs montagnes individuelles. C'est un endroit qui a son cachet à la fois historique et culturel par la présence de gravures rupestres. La région a beaucoup de potentialités touristiques. L'Adjouad a son côté mystique aussi, car les gens qui y habitaient disaient de ces montagnes qu'elles parlent la nuit. Comme ces montagnes ont plusieurs entrées, le vent en rentrant passe de l'une à une autre et crée un écho. Cet écho est interprété par les gens de cet endroit comme la voix du diable. Beaucoup de chercheurs s'y sont intéressés surtout des archéologues et des anthropologues des pays basques. « Ils ont trouvé des tombes qui datent de 2000 à 2500 ans, mais ils ont découvert des gravures rupestres qui démontrent que la région était habitée depuis au moins 8000 ans », selon le chef du protocole du Front Polisario. Cela dément catégoriquement, aux yeux de notre interlocuteur, les allégations qui disent que les Sahraouis sont arrivés au XIe siècle du Moyen-Orient. « Ces découvertes scientifiques sont importantes dans la mesure où elle nous permettent de connaître mieux notre passé pour formuler notre avenir », estime-t-il encore. La région d'Aghouinit où est basée la 7e Région militaire sahraouie se trouve à quelque 50 km de là. Elle est située entre la 3e et la 1e Région militaire sahraouie et au milieu de Zeouiret (ville mauritanienne) et Aousserd (ville occupée du Sahara-Occidental), située à 150 km au nord-est. C'est un territoire qui n'a jamais été occupé malgré plusieurs tentatives mauritaniennes et marocaines. C'est la raison pour laquelle le choix est porté sur cet endroit pour l'organisation du 30e anniversaire de la Journée du martyr. Nous quittons l'Adjouad au milieu de l'après-midi de la même journée pour arriver à notre destination. 72 heures de route dans... le néant avant d'arriver au lieu du rendez-vous. Loin de là, nous entendons déjà les youyous des familles, venues à bord de camions des camps de réfugiés de Tindouf. Elles ont mis une semaine pour arriver. Nous sommes accueillis dans les logis de la 7e Région militaire sahraouie retapés à l'occasion. Nous avons eu droit au mieux, des matelas pour dormir et des douches. Le lendemain matin, les festivités commencent. En plus d'une parade militaire, plusieurs infrastructures ont été inaugurées à Aghouinit au terme de cet événement. « C'est une manière de brûler des étapes. Ce que nous devrions commencer après l'indépendance, pourquoi ne pas le commencer tout de suite », dit un responsable sahraoui. Le message que veut faire passer le Front Polisario à travers ces festivités est à la fois politique et militaire. « Nous rappelons au Maroc que la paix n'est pas encore effective, qu'il y a une trêve et que l'armée est toujours présente », soutient le responsable sahraoui.


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