La chanteuse algérienne Nora, décédée dimanche dernier à Paris après une longue et éprouvante maladie, a été enterrée jeudi au cimetière de Sidi Yahia, à Hydra, en présence d'une foule nombreuse. Des centaines d'Algériens ont défilé, dans la matinée de jeudi au Palais de la culture d'Alger, devant la dépouille de la regrettée cantatrice Nora. De nombreuses personnes se sont déplacées assez tôt pour rendre un ultime hommage à Nora, cette icône de la chanson algérienne. Une artiste à la voix puissante qui a excellé dans l'interprétation de tous les genres musicaux algériens. Le cercueil de la défunte, porté par des agents de la Protection civile, est arrivé à la mi-journée au palais la culture Moufdi Zakaria, drapé de l'emblème national. L'émotion se lisait sur tous les visages. Eplorés par la douleur de cette perte immense, l'époux de la défunte, le célèbre compositeur Kamel Hammadi et ses deux enfants, Majda et Gamel, sont restés dignes. Certains admirateurs ont déposé des bouquets de fleurs sur le cercueil pour un dernier hommage en récitant la Fatiha. Outre la présence de la nouvelle ministre de la Culture, Nadia Labidi, et de plusieurs anonymes, la famille artistique s'est associée en grand nombre à cette cérémonie de recueillement à l'image, entre autres, de Mohamed Lamari, Seloua, Thouria, Aït Menguellet, Akli Yahiaten, Nardjass, Mohamed Hilmi… Les éloges étaient abondants sur cette figure de proue de la chanson algérienne. Effondrée par la perte de son amie, la chanteuse Seloua avait du mal à contenir ses larmes. D'une voix à peine audible, elle a confié que c'est un jour bien triste pour elle. «Je viens de perdre une grande amie. Une partie de moi-même s'en est allée. Nous avions une relation très étroite depuis les années 1960. Nous avons vécu des moments de bonheur, de succès et d'hommage. Nous avons vécu la vraie et belle époque, et ce, à travers les nombreuses tournées que nous avons effectuées aux côtés d'autres artistes. Je garde un très bon souvenir d'elle. Nora était une dame tolérante. Nous n'avons eu aucune querelle en ce qui concerne l'ordre de passage sur scène. Pour avoir fait le tour du monde avec elle, je peux vous dire qu'elle était exemplaire à tout point de vue. Nous nous sommes connues jeunes. L'amitié est venue d'elle-même. Sa mort est une grande perte pour la famille artistique», dit-elle en sanglots. Le chanteur de variétés Mohamed Lamari parle de Nora avec beaucoup de respect. Il indique que la défunte a participé à 80 semaines culturelles. «A l'époque, confie-t-il, nous étions une équipe de chanteurs de variétés, nous faisions des tournées en Algérie et à l'étranger. Nous passions beaucoup plus de temps entre nous qu'avec nos familles. Elle restera, pour moi et pour tous les artistes qui l'ont connue, immortelle. Elle a tant donné pour le pays. C'est la seule qui a chanté tous les genres. Son nom restera gravé dans l'histoire et dans nos cœurs.» Pour le musicologue Abdelkader Bendamèche, notre pays vient de perdre un monument de la chanson algérienne : «C'était une dame de grande valeur. Je garde le souvenir d'une femme sage, tranquille et apaisée. Bien qu'elle ait arrêté sa carrière en 1985, elle laisse un répertoire riche de plus de 500 chansons. Elle représentait la femme algérienne au sens propre du mot. Elle a pris en charge toutes les variétés musicales algériennes. Son mérite est d'avoir chanté d'une manière parfaite en tamazight. Elle restera un modèle pour tous.»
