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Un roman noir et sulfureux
L'harmattan. Les chemins inutiles de Saïd Oussad
Publié dans El Watan le 07 - 09 - 2014

Les chemins inutiles est le titre d'une nouvelle œuvre sulfureuse qui s'affirme comme une écriture au plus proche de l'univers du roman noir.
Un roman signé Saïd Oussad, grand reporter de Liberté à Oran, vient de paraître chez L'Harmattan, en France. Un livre qui ne se contente pas de flirter avec une géniale (et très provocatrice) idée romanesque : il la déroule intelligemment sur 140 pages, jusque dans des recoins parfois très inattendus. Le récit se nourrit de faits réels survenus en Algérie durant les années noires (1992-1998). Mais là n'est pas la question, ni au fond l'intérêt. Les chemins inutiles est d'abord un témoignage vivant.
Le début du livre renvoie à une allégorie : un journaliste, écœuré par la violence de la guerre civile et la désagrégation de son pays, désormais sans boussole. Saïd Oussad bâtit son roman en force et en finesse, et conserve ce qu'il faut de silence pour montrer, et admirablement, l'abîme dans lequel est plongée son Algérie sanguinolente. On peut prendre ce roman émouvant, très personnel, pour un récit autobiographique, mais l'imagination du journaliste-écrivain a joué à fond. Il s'amuse à souhait avec ses personnages glauques, dont l'omniprésent compagnon du narrateur, Kader, le myope et néanmoins photographe de presse. Ce roman mosaïque fait d'Oran la ville des crimes, et de l'Algérie un pays de violences. Le narrateur est témoin de l'horreur : «des cadavres semés sur les sentiers de la peur».
Le récit est dense, sombre. L'auteur choisit Oran à la réputation sulfureuse (une ville qui fit son beurre de la criminalité) et nous promène sur les sentiers brumeux de Tlemcen et dans les forêts fantômes de Ramka (Relizane). Le roman est certes noir, sans espoir, mais il est très attachant. Le narrateur est pathétique, un journaliste curieux, têtu et sans nom : «Je n'ai ni vie familiale ni âme sœur. Un désert de solitude dans lequel je me complais, craignant de m'attacher à un acte de décès pas encore légalisé». Un personnage pour qui rien que le fait de réfléchir au programme de sa journée a le don de l'enterrer un peu plus : «Le boulot. Les morts. La propagande. La misère. Les intouchables. La peur de l'autre, des murs et des consciences. De mourir avant d'avoir vécu. De la politique et de ses dessous sales, des mauvaises nouvelles, de l'amour impossible (…)».
Un personnage que seuls les bras mélancoliques et Salima, la secrétaire, peuvent mettre un peu de piquant dans son existence, «le temps de tirer son coup en pensant que c'est la dernière crampe avant l'apocalypse. (…). Je voulais me la faire avant de crever sur ces routes anonymes». Dans un pays où «depuis six ans, une guerre sans nom fauchait des vies au quotidien, se servant comme dans un self-service, récoltant les âmes par milliers et sacrifiant toute une génération qui n'aura connu que la violence des mots et des corps». «L'avenir était barré par ces murs et l'horizon bouché par une cécité collective. Les morts tombaient aussi vite qu'étaient creusées les tombes». C'est la guerre civile. «Qui n'a pas de nom ni de visage. Ou si. Peut-être celui des 200 000 tombes creusées et oubliées, des massacres de civils et des escadrons de la mort».
Ce roman, au rythme soutenu, sait conjuguer ambitieusement les trajectoires des personnages. Peu à peu, la paranoïa s'installe. Tous les endroits sont des pièges à l'heure où les tempêtes s'annoncent dans le ciel. Le reporter et son encombrant photographe (ou plutôt l'inverse) ne cessent de sillonner l'Oranie, sur les traces des massacres des innocents. Mais leur chemin est ô combien parsemé d'embûches ! Rien ne leur est épargné : ils tombent dans un guêpier où ils se font passer à tabac, victimes d'une guerre fratricide entre bandes armées islamistes rivales. C'était sur leur route improbable pour la rencontre de Benaïcha, numéro deux de ce que fut l'Armée islamique du salut (AIS).
Le roman regorge d'événements cyniques et cruels. L'Algérie offre l'image d'un pays sans repères, violent et hors du temps. La peur et la mort conservent leur emprise et les cauchemars sont prémonitoires. L'angoisse va crescendo. L'auteur se prête volontiers au jeu des renvois, des allusions, des clins d'œil, mais il se refuse absolument de se positionner en moraliste. Les allusions sont transparentes au drame du pays. Le récit est particulièrement émouvant et profond, car il éclaire d'une lumière triste une douloureuse page qu'ont vécue les Algériens.
Jusque-là classique, respectant tous les codes habituels du roman noir, sauf que le coup de théâtre final recèle un saisissant retournement au pays de la folie pure. Pour faire pendant à la série noire, le récit verse dans les tourments psychologiques. Une embuscade, un mort par accident et puis la fin tragique du malheureux Kader. Le journaliste est alors accusé d'un double meurtre. Il perd la parole et le sens des réalités. Interné dans un asile psychiatrique, il occupe son temps à jouer au débile, «histoire de tromper l'ennemi». Quel ennemi ? «C'est absurde, insensé. Des noms, des âges et des vies fauchées». Le roman donne une appétence incroyable à le dévorer en un temps record.
Les chemins inutiles/Saïd Oussad
Harmattan/ Août 2014
141 pages.


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