Courant juillet et août 2004, quelque 500 pieds-noirs ont séjourné ou visité durant plusieurs jours, Annaba, Guelma et Souk Ahras, des régions d'où la plupart sont originaires. Dans leurs « oh » et « ah » exprimés à la vue de leur quartier ou maison natale, il n'y a que regrets et nostalgie d'un pays que tous avaient quitté adolescents ou à l'âge adulte. En l'espace de quelques jours, ces Français de différents âges et sexes ont renoué avec des souvenirs. Ils les avaient gardés, diront-ils, au fond d'eux-mêmes malgré le nombre d'années passées qui n'ont pu les effacer. Bon nombre sont venus en éclaireurs à la demande d'autres pieds-noirs qui comme eux veulent voir « l'Algérie et mourir ». Certains représentent des associations de Français algériens qui n'ont cessé d'œuvrer au rapprochement ou de participer à toute action tendant à développer les échanges économique, social et culturel entre les deux pays. Les représentants de l'Association des enfants de Tagaste (AET) basée à Paris sont de ceux-là. Créée en juin 2003, l'AET, qui regroupe tous les natifs de Tagaste (Souk Ahras) sans distinction de sexe, race, religion ou nationalité, a multiplié les actions pour consolider des liens d'amitié, de fraternité et de tolérance entre les peuples français et algériens. Ils sont venus séjourner et visiter jusqu'à être essoufflés, le moindre coin et recoin de leur enfance ou celui de leurs aïeux. Ils ont versé des larmes combien salvatrices tout en reconnaissant que des erreurs avaient été commises vis-à-vis du peuple algérien et qu'il fallait corriger sans perdre de temps. M. Gilbert Quaranta est le président de l'AEI. Sans renier la France sa patrie, il est Algérien jusqu'au bout des ongles. Souk ahras la millénaire Tout autant que beaucoup de membres de son association de France, des Amériques, du Canada, de Suisse, de Cuba, d'Argentine..., avec lesquels il entretient des relations étroites avec pour seul point de discussions, Tagaste, Souk Ahras l'historique, la millénaire, la ville qui a donné naissance au saint des saints saint Augustin et à sa mère Monique, à Yacine et Mustapha Kateb, Ahmed El Tifachi, Badji Mokhtar, Takfarinas et la liste des étoiles de Souk Ahras est longue. A son arrivée à Souk Ahras, la ville où il est né le 29 janvier 1947, Gilbert Quaranta a eu la gorge nouée sous l'émotion. L'accueil très chaleureux, l'hospitalité et surtout l'amabilité et la gentillesse des Soukahrassiens ont rendu son séjour des plus agréables. « Ma grand-mère a vécu à Souk Ahras jusqu'à l'âge de 65 ans. Notre génération est la 3e née à Souk Ahras. Un des membres et doyen de notre association est l'entrepreneur Rizzo qui a construit le siège de la mairie, de la poste et de la Chambre d'agriculture de cette ville. Je remercie tous ceux qui m'ont permis de vivre des moments inoubliables notamment le maire et les membres du CRI tous d'une grande culture et motivés pour faire sortir Souk Ahras de l'anonymat », a déclaré très ému M. Quaranta. Il a par ailleurs affirmé qu'il fera tout pour permettre à d'autres de ses compatriotes originaires de Souk Ahras d'y effectuer un séjour touristique pour se retremper dans les souvenirs de leur enfance ou de leur jeunesse. « Mes enfants seront les premiers de la liste à visiter cette terre bénie qui a vu naître leurs parents. Outre la consolidation des liens avec d'autres associations Tagaste à l'échelle planétaire, notre association s'est fixé comme autre objectif le jumelage de Souk Ahras avec une commune de la métropole », a-t-il souligné euphorique. Depuis sa création, l'AET a réalisé de nombreux travaux de recherche sur la ville algérienne. Ses travaux seront compilés dans un film documentaire sur Tagaste, Souk Ahras, sa ville et ses enfants. Le cri du cœur Au contact de ses homologues algériens du Club de réflexion et d'initiative (CRI), le président de l'AET s'est voulu très optimiste. A ses côtés, un autre représentant d'une association également basée en région parisienne. Il s'agit de l'ASAT créée il y a 12 ans par des Algériens issus de l'émigration, elle est présidée par Larbi Bendifallah notoire pour son assistance à tout Algérien en difficulté dans l'Hexagone. « Notre ville recèle des potentialités énormes sur tous les plans. Elles sont malheureusement sous-exploitées. Nous activons pour faire en sorte que ces potentialités soient redynamisées et servent de moyens de développement économique et social pour la ville de Souk Ahras et sa région », a indiqué M. Bendiffallah. Sa déclaration rejoint celle de Badri Loudjani, président du CRI, et des objectifs que s'est fixés son club pour fouetter la léthargie culturelle qui frappe Souk Ahras depuis des années. Le colloque sur saint Augustin prévu pour être organisé au mois d'avril 2005 à Alger à l'initiative du président de la République pourrait servir de tremplin à un raffermissement des liens avec l'arrivée attendue de plusieurs Soukahrassiens de toutes les confessions et nationalités. Ce serait également le point de départ d'une réelle relance de l'activité culturelle dans cette ville. C'est en tous les cas le souhait de M. Loudjani lorsqu'il affirme : « A l'occasion de la tenu du colloque sur saint Augustin en avril 2005, nous allons inviter les enfants de Tagaste de par le monde à venir séjourner et visiter leur ville natale. Toutes les dispositions sont déjà prises pour facilier cette visite. Il s'agit d'un des objectifs que se sont tracés les 3 associations CIR, AET, ASAT dans le but de stimuler les contacts entre les Tagastiens dans le monde et de développer les relations. »
