Face à l'abattage des milliers d'arbres fruitiers, face à toutes ces constructions anarchiques sur les terres agricoles, et vu le silence des autorités locales, le site de Sidi M'hamed El Ghorab est sérieusement menacé. Selon le témoignage de Larbi Boudjnana, notre guide et l'un des propriétaires des terrains à El Ghorab, des personnes ayant acquis ces terrains ont entamé les travaux sans avoir des permis de construire, et sans prendre en considération les risques de glissement qui peuvent survenir. «Je me demande pourquoi les autorités n'ont pas réagi après l'abattage de 2000 arbres. En plus, une note a été publiée par le ministère de l'Habitat au mois de juillet 2002, et qui détermine les normes des constructions rurales, mais elle n'est jamais respectée», a déclaré notre interlocuteur. Selon ce dernier, ces terrains d'une superficie de 640 ha, appartenant aux héritiers Bendjelloul, sont déclarés Houbous, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent être ni loués, ni vendus. Et pourtant 200 ha ont été vendus récemment. Tout a commencé durant l'année 2000 quand l'un des héritiers a voulu récupérer les terrains vendus au profit de Mr Larbi Boudjenana sans le rembourser. «C'est aberrant, comment j'achète un terrain, je le cultive pendant des années, et je le donne gratuitement ?» a-t-il fulminé. Ce dernier nous a déclaré que certains héritiers vendent les terres actuellement avec des actes illégaux, dont nous avons une copie. Et il a ajouté : «Je me suis retrouvé dans un combat avec les héritiers, mais aussi avec certains acheteurs. Ces derniers veulent faire passer les conduites des eaux usées à travers mes terres agricoles. Même la source naturelle va disparaître et il y a risque que son eau se mélange avec les eaux usées». Notre interlocuteur nous a avoué qu'il a saisi l'APC de Constantine pour mettre fin à ce scandale, mais en vain, alors que cette catastrophe écologique prend de l'ampleur chaque jour. Contacté à ce sujet, le maire de Constantine nous a fourni, à travers la cellule de communication de l'APC, les précisions suivantes : « Toutes les constructions sur les terrains agricoles à El Ghorab ont été réalisées de manière illicite. C'est la raison pour laquelle l'APC va établir un procès d'infraction contre ces gens. Les services de l'APC vont se préparer en collaboration avec les forces publiques (la police de l'urbanisme et la Gendarmerie), pour l'opération de démolition. Mais concernant le cas de Larbi Boudjenana, et le passage de conduite sur son terrain, cela ne fait pas partie des prérogatives de l'APC ; il faut voir avec la justice».