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Le courage politique serait de sortir de cette rhétorique guerrière
Nedjib Sidi Moussa. Docteur en sciences politiques à l'université Panthéon-Sorbonne (France)
Publié dans El Watan le 09 - 01 - 2015

- L'histoire otage de la politique : est-ce un poncif en Algérie ou une manière de cacher notre inaptitude collective à écrire et à assumer notre histoire ?
L'idée selon laquelle l'histoire pourrait être complètement séparée de la vie politique me semble illusoire. Il y a, par contre, un véritable défi concernant la conquête de l'autonomie du champ scientifique, à propos du mouvement indépendantiste en particulier. Cela concerne en premier lieu les chercheurs qui doivent travailler dans les meilleures conditions, avoir librement accès aux diverses sources et publier leurs travaux sans craindre les sanctions administratives ou judiciaires.
Ces problèmes ne sont pas propres à l'Algérie, mais s'expriment sous une forme spécifique en raison de la violence de la domination coloniale, de la permanence du régime autoritaire et de la guerre civile des dernières années. Il a fallu attendre la fin du parti unique pour se procurer librement la biographie de Messali Hadj en Algérie. Les voies discordantes ont pu commencer à se faire entendre seulement après octobre 1988. Cela ne fait pas encore vingt ans.
- Pourquoi nous n'arrivons pas à structurer une fois pour toutes un récit national de l'Algérie ?
L'existence d'un récit national se heurte de fait aux progrès de la recherche scientifique et aux évolutions de la société algérienne. Il sera toujours remis en question par des individus ou groupes qui se sentent marginalisés, à tort ou à raison. Le conflit n'est pas quelque chose qui doit effrayer, à condition qu'il soit encadré, apaisé et productif. Chaque génération a le droit d'interroger son rapport à l'histoire et au récit qui apparaît dominant. Même s'il reste des progrès à faire, on a pu observer une évolution dans les manuels scolaires où des figures historiques, longtemps occultées comme Messali Hadj, ont fait leur apparition. Malgré des résistances qui paraissent anachroniques, des infrastructures publiques portent désormais les noms de ces mêmes personnages qui ont contribué, dans leur diversité, à l'indépendance de l'Algérie. C'est justement cette pluralité que refusent les sectaires, indépendamment de leurs obédiences.
- Est-ce que le politique doit vraiment être en dehors de la fabrication du récit national ?
Quand un professionnel de la politique intervient sur le terrain historique, il le fait le plus souvent avec les mots de la compétition partisane et non avec la rigueur supposée du chercheur. On constate tous les jours, avec les petites phrases ou les déclarations choc, ou encore par le biais des messages postés sur les réseaux sociaux, que le débat politique ne vole pas très haut. Par principe, n'importe quel individu peut s'exprimer sur l'histoire mais cela ne signifie pas pour autant que son opinion soit pertinente. Mais critiquer ne donne pas le droit de calomnier. Surtout quand il s'agit de figures historiques, et à travers elles leurs partisans, qui se sont sacrifiéss pour libérer le peuple algérien du joug colonial. Le courage politique aujourd'hui serait de sortir de cette rhétorique guerrière et de militer pour la reconnaissance de tous les indépendantistes, indépendamment de leur sexe, de leur origine, ou de leur affiliation partisane (FLN, MNA, PCA).
- La réécriture de l'histoire est un débat qui a tant duré en Algérie, ne faut-il pas passer à son écriture tout simplement ? C'est-à-dire refonder notre manière d'approcher notre histoire.
L'histoire s'écrit en ce moment dans les universités algériennes, françaises, américaines et bien au-delà. Il se pose toutefois un problème concernant la publication des travaux universitaires, et plus particulièrement de leur circulation voire de leur appropriation par certains segments de la société. Rares sont les revues en Algérie diffusant des articles scientifiques ayant un rapport avec l'histoire.
En raison de cette lacune, la presse publie des contributions de chercheurs ou d'acteurs donnant parfois lieu à des polémiques. Mais l'écriture de l'histoire ne peut se faire uniquement à travers les journaux et encore moins dans les tribunaux. Non seulement les chercheurs doivent pouvoir fixer eux-mêmes les règles du jeu, leur rythme, leurs objets, mais ils doivent aussi bénéficier du soutien des secteurs éclairés de la société, y compris quand ils remettent en cause certaines idées reçues. L'unanimisme ne fait pas bon ménage avec la pensée critique.
- L'histoire des années 1990, des violences, que seuls la littérature, la presse et les décrets de la charte pour la paix et la réconciliation écrivent, ne subira-t-elle pas le même sort que l'histoire de la guerre de Libération et du mouvement national ?
On peut constater que cette séquence de l'histoire récente fait l'objet de controverses, ne serait-ce que dans sa dénomination : guerre civile, décennie noire ou tragédie nationale. Le parallèle avec l'autre séquence fondatrice de l'Algérie contemporaine est saisissant, car les terminologies varient selon les auteurs : révolution, guerre (de libération) ou encore djihad. Mais l'écriture de ce moment de terreur, de répression et de résistance se heurte à plusieurs contraintes.
A commencer par la consultation des archives étatiques, et plus largement celles des protagonistes qui ont eu à gérer la question de la violence... Il s'agit sans doute d'une question de temps et de mobilisation citoyenne, au même titre que la censure ou l'autocensure. Plus que l'accès aux sources, il convient surtout de s'émanciper des deux récits dominants (dialoguistes et éradicateurs) afin d'éviter de sombrer dans une infructueuse chasse aux «héros» ou aux «traîtres».


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