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Roman : La dernière sortie de Akli Tadjer L'optimisme funèbre
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Publié dans El Watan le 10 - 01 - 2015

Une sorte de conte moderne bien enlevé et attachant.
L'écrivain Akli Tadjer consacre une partie de son nouveau roman, intitulé Les thermes du paradis, à déconstruire sans les nommer, la manie qu'ont les journaux de la mode et la doxa médiatique à dicter au commun des mortels leur comportement et à anticiper sur leurs habitudes de consommation. Dans cette mainmise sur «les cerveaux disponibles», travaillés par la publicité et les émissions de télévision débiles, il s'agit d'arriver à modéliser l'idéal féminin et de proposer les recettes qui permettent de l'atteindre.
A partir de là, certaines femmes deviennent des victimes de cette image à laquelle elles doivent se conformer coûte que coûte. C'est ainsi qu'on découvre chez le personnage principal du roman, Adèle Reverdy, un corps qui lui donne le tournis car il est loin de cet idéal incarné par les icônes de la mode.
A trente ans, elle se sent déjà hors circuit et condamnée à vivre le restant de ses jours parmi les cercueils, les épitaphes et les couronnes de chrysanthèmes. Tout ça pour dire qu'elle a hérité de son père d'une entreprise de pompes-funèbres, ce qui l'accable et n'arrange pas les choses pour elle. Côté cœur, elle se rend compte qu'il est difficile de se présenter à un homme comme croque-mort féminin.
Même le milieu professionnel dans lequel elle évolue ne lui fait rencontrer que des personnes atypiques comme sa colocataire du moment et amie intime : Leïla, d'origine algérienne. Cette jeune femme évolue sur un autre paradigme, car elle est belle et carbure à la bonne humeur, même si le métier qu'elle exerce semble rebutant. En effet, Leïla est «thanatopractrice» et, comme elle l'a expliqué à ses parents qui croyaient qu'elle était esthéticienne, il s'agit de «rendre la dignité aux défunts avant qu'ils quittent la société des vivants». En un mot, elle répare les corps accidentés et/ou autopsiés.
Donc, on reste toujours avec les deux amies dans la manipulation macabre. Leïla donne aux corps une contenance et les prépare comme le faisaient les Pharaons à rejoindre l'au-delà et Adèle assure leur transport jusqu'à la demeure éternelle. Leïla aussi n'a pas beaucoup de chance avec la gent masculine, car sa profession éteint le désir. Akli Tadjer manie bien l'humour noir pour ne pas ennuyer les lecteurs et voilà par exemple comment se décrit Adèle, sous sa plume : «Moi, je savais déjà que je n'étais pas photogénique. Ma mère disait que c'était ma peau trop pâle qui n'accrochait pas la lumière mais que ça lui était égal puisqu'elle m'aimait même sans éclat». Comme dans une pièce de théâtre, d'autres personnages font leur apparition dans cette comédie tendre et cruelle. L'arrivée de Rose, la sœur aînée d'Adèle, détend l'atmosphère.
Elle est l'antithèse d'Adèle par son côté exubérant, sa façon d'être et sa manie de se conformer aux standards de la femme moderne libérée et à laquelle tout réussit. Et, c'est cette même Rose qui va faire basculer la vie de sa sœur lorsqu'elle organise une soirée pour fêter son anniversaire. Adèle, réticente comme à son habitude, refuse catégoriquement d'y participer, mais devant l'insistance générale elle finit par y aller sans grande conviction.
Devant ses yeux, des couples se font et se défont pour la soirée, quand elle est approchée par un bel athlète d'origine sénégalaise qui se nomme Léo. Son corps couleur d'ébène respire la sensualité et la force, une survivance de son ancien métier de trapéziste de cirque. L'auteur, comme un prestidigitateur, nous propulse dans l'univers des arts du spectacle pour revivre avec Léo ses exploits sous les grands chapiteaux de l'univers. Rapidement, le lecteur est happé par le souvenir de ces êtres fabuleux qui enchantent les yeux de spectateurs par leur agilité et leur savoir-faire.
L'auteur, féru de cinéma, réutilise un intertexte très riche et subtil sur ce thème. On pense au film de Charlie Chaplin sur le cirque et toute la tendresse que dégage le personnage de Charlot, ou à ces peintres du XIXe siècle, comme Georges Seurat qui a peint une scène représentant le mouvement d'une équilibriste sur un cheval. Au XXe siècle, d'autres artistes peintres donnent à la thématique du cirque ses lettres de noblesse, Pablo Picasso en 1945 ou Marc Chagall en 1955.
Et, dans ces histoires de cirque, le rêve ne dure pas très longtemps car il est rattrapé par ce besoin de se dépasser et de se transcender qui s'empare de l'artiste en allant puiser au fin fond de sa témérité. L'accident arrive et tout s'arrête. Le verdict est sans appel. Il faut laisser sa place à quelqu'un d'autre qui saura aller encore plus loin dans la performance.
Adèle écoute religieusement l'histoire de cette épopée et tombe sous le charme de cet homme devenu aveugle par générosité envers les spectateurs. La discussion continue entre Adèle et Léo jusqu'à ce qu'il lui avoue qu'il travaille comme masseur dans un hammam qui a un nom édénique, à savoir «Les thermes du paradis».
Cette rencontre improbable est le début d'une histoire d'amour fulgurante et très romantique. Adèle est convaincue qu'elle vient de rencontrer l'homme de sa vie, Léo, de son côté, voit en Adèle la femme qui annonce l'espoir d'une vie meilleure. Akli Tadjer a su avec beaucoup de perspicacité retranscrire pour nous une histoire d'amour des temps modernes avec ses splendeurs, ses doutes et les bons questionnements.


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