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Ce sont les discours intégristes et wahhabites qui ont engendré les amalgames
Saïd Djabelkhir. Chercheur en sciences islamiques et spécialiste du soufisme
Publié dans El Watan le 16 - 01 - 2015

Des Arabes se sont moqués du prophète à La Mecque et à Médine, le Coran ne le lui a pas ordonné de les tuer, ou même de les punir de quelque sorte que ce soit.
- L'attaque du journal français Charlie Hebdo a suscité l'indignation. Mercredi dernier, une nouvelle une provoque les musulmans du monde. A votre avis pourquoi les musulmans se sentent-ils de nouveau en colère ?
Il y a une très forte majorité de fakihs musulmans qui continuent à dire qu'il est strictement interdit de représenter les prophètes en général et le nôtre en particulier. A mon avis, ces fakihs n'ont aucune preuve dans les textes scripturaires fondateurs de l'islam pour avancer une pareille fetwa, car on ne trouve ça ni dans le Coran, ni dans la Souna, dans les hadiths du prophète Mohammed.
De plus, pour la quasi-totalité des musulmans, tous ceux qui ne sont pas musulmans, sont automatiquement des kafers (mécréants), ce qui provoque leur colère par rapport au dernier numéro de Charlie Hebdo. Pour ces musulmans, Mohamed ne peut pas et ne doit pas être Charlie.
Je pense que notre rapport et notre lecture de l'autre (surtout du Français) sont toujours une réaction à la grande déchirure causée par la colonisation. Il se trouve que la page n'a pas encore été tournée sur les deux rives, car ici comme là -bas, on continue quelque part à cultiver les deux complexes, celui du colonisateur et celui du colonisé.
- Est-il vraiment interdit de représenter le prophète de l'islam ?
Il n' y a aucune preuve religieuse pour dire ça. Les musulmans ont bien représenté le prophète à travers l'histoire, ce qui prouve bien que cet interdit ne faisait pas l'unanimité avant. Et nous avons beaucoup de manuscrits musulmans à travers les musées du monde qui en sont témoins.
- Pensez-vous que les musulmans, en Algérie et ailleurs, soient conscients de la véritable source de cette contestation ? Le comprennent-ils ?
Je continue à penser que la plupart des musulmans ne connaissent de la religion que ce que veulent bien leur faire connaître les fakihs et autres prédicateurs religieux. Ils ne font pas un travail approfondi sur les textes religieux et les interprétations que font les fakihs depuis plus de quatorze siècles sur ces textes.
Ce qui fait que l'islam d'aujourd'hui, c'est tout simplement du prêt-à-penser, nous sommes très loin de la pensée d'Ibn Sina et Ibn Rochd et autres philosophes musulmans, qui ont été condamnés par les fakihs pour leurs idées rationnelles progressistes et ô combien coraniques.
- Quelle serait la limite entre la liberté d'expression et l'acte blasphématoire ?
Dans chaque pays il devrait y avoir des lois qui régissent la liberté d'expression. Ce sont ces lois qui devraient clarifier la limite entre ce qui est blasphématoire et ce qui ne l'est pas. Le problème sur le plan religieux, c'est que le fakih se voit le «gardien du temple» pas seulement dans les sociétés musulmanes, mais à travers le monde entier. De ce fait, ses fatwas deviennent intercontinentales. Rappelons-nous les fatwas contre Salmane Rushdi et Teslima Nesrine pour ne citer que ces deux exemples.
Pour moi, le fakih n'a pas le droit de décréter des fatwas qui sortent du cadre de la société où il se trouve, car le contraire peut mener à des catastrophes. Par ailleurs, il y a des Arabes qui se sont moqués du prophète à La Mecque et à Médine, le Coran ne le lui a pas ordonné de les tuer, ou même de les punir de quelque sorte que ce soit, bien au contraire, il lui a demandé d'être patient et de ne pas répondre à l'intimidation.
- Pensez-vous que les musulmans doivent réitérer leurs «excuses» face au terrorisme, pour se justifier, ou se désolidariser des terroristes ouvertement ?
Je pense que le vrai travail doit être fait non pas sur les consciences des musulmans, mais plutôt sur les textes religieux qui régissent la façon d'être et la façon de penser des musulmans. Il nous faut une vraie révolution dans les textes et les interprétations de la religion musulmane. Nous avons déjà des ébauches par rapport à ça, mais le plus gros reste encore à faire. Le problème ce sont les réactions de l'islam officiel et de l'islam intégriste qui doivent être prises en considération, car c'est justement ces deux islams qui continuent malheureusement à gérer les idées et les attitudes des musulmans.
- Islamistes, terroristes, djihadistes... Dernièrement la presse internationale a mis les musulmans dans le même sac. Existe-t-il à la base un problème de définition et ou de redéfinition ?
Tout à fait. Je pense que les médias font l'amalgame entre musulman et terroriste. Il faut dire que tout musulman n'est pas un terroriste. Moi-même, je suis musulman, mais je ne me vois pas posséder la vérité religieuse absolue. Je crois aussi que toutes les religions se valent, il suffit d'être humain et d'aimer les humains quels qu'ils soient et d'œuvrer pour la paix et le bien de l'humanité. Je suis pour la séparation totale entre le politique et le religieux, je ne suis ni intégriste, ni djihadiste, encore moins terroriste.
Ce sont les discours intégristes, wahhabites et autres, qui ont engendré cet amalgame à travers le monde. L'islam a besoin d'une révolution, d'un nouveau manifeste coranique, d'une nouvelle écriture et d'une nouvelle lecture qui replace les textes religieux dans l'histoire et dans le monde d'aujourd'hui en s'attaquant aux vrais problèmes du monde actuel, et en prenant en considération les vrais besoins de l'homme moderne.


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