Des retraités et immigrés se plaignent de la disparition de leur épargne et de leur carnet Cnep au niveau du bureau de poste du village Ighil Ouantar, dans la commune de M'cisna, à une soixantaine de kilomètres au sud de Béjaïa. Ils accusent en premier lieu le receveur à qui, par confiance, ils remettaient les carnets Cnep pour effectuer des opérations financières en l'absence des détenteurs de compte. Ce dernier aurait abusé de la confiance des clients en prenant soin de ne pas délivrer de reçus, d'après les plaignants. La direction de wilaya d'Algérie Poste n'a relevé aucune anomalie dans les états de service de son employé, notamment à la vérification de son écriture comptable.Ce qui a accentué le doute sur l'implication du receveur est que ce dernier a quitté le pays, selon des sources proches de sa famille, après s'être servi abondamment des économies de plus d'une dizaine de clients. Rencontré dans son bureau, Youcef Chambi, directeur d'Algérie Poste à Béjaïa, a confirmé «l'abandon de poste» de son employé depuis le 11 janvier dernier. Il a estimé que «certaines requêtes des clients sont recevables. Il leur suffit de nous écrire une déclaration mentionnant les opérations qu'ils jugent frauduleuses et nous nous chargerons de leur fournir toutes les informations nécessaires pour qu'ils puissent engager une action en justice». Quant aux autres victimes, le directeur a précisé : «Nul ne doit ignorer la loi. Le carnet Cnep est une propriété privée et on ne se dépossède pas de son carnet sans avoir au préalable obtenu un reçu.» Néanmoins, en plus d'une enquête qui a été ouverte par la Gendarmerie nationale, Algérie Poste compte aussi procéder à la vérification de tous les comptes et en cas où des lacunes sont constatées, l'institution postale déposera plainte de son côté, a affirmé Youcef Chambi. Et ce, en reconnaissant, non pour disculper l'employeur mais à titre préventif, qu'il y a «une pratique qui a tendance à se généraliser. Les gens laissent leurs chèques ou leurs carnets Cnep aux fonctionnaires, une façon de faire que ces derniers tolèrent, alors que c'est formellement interdit». Nordine Douici