C'est jusqu'au 15 mars que se tient l'exposition «Pouvoirs des perles d'Afrique» au musée national du Bardo à Alger. Présentant des pièces de la collection privée du musée, et la collection de l'artiste Tonia Marek, cette exposition met en avant les différentes fonctions des perles, hormis l'aspect esthétique. Plus que des bijoux de fantaisie portés aux oreilles, autour du cou et des poignets et même dans les cheveux, «Pouvoirs des perles d'Afrique» vous expose différentes façons d'apprécier ces petits bijoux. El Watan week-end vous en fait découvrir cinq. Mon must de la séduction Plus qu'un bel ornement, les perles ont toujours constitué un atout de séduction. Autrefois, la séduction précédait tout engagement entre les filles et les garçons ; et pour montrer à l'autre ses intentions sentimentales, de nombreuses manières existaient. Ainsi, lors des fiançailles, le jeune homme arborait de nombreux colliers de perles dont il ne devait se séparer que lorsqu'il était assez mur pour le mariage. Quant à la fiancée, elle aussi parée de ses plus beaux colliers de perles, ce qui signifiait l'abandon de sa famille. Il est à noter que les perles en pâte odoriférante «Kemkha» du collier Skhab sont souvent portées autour du cou par les jeunes mariées au Maghreb. Mon rituel thérapeutique La perle, dans la pratique de certains tradithérapeutes, guérisseurs ou médecins traditionnels d'Afrique de l'ouest, a une fonction rituelle. Ces rituels sont-ils efficaces ? La perle n'est qu'un outil parmi d'autres, souvent accompagnée de gestes, incantations, plantes et/ou autres objets. Les perles qui sont spécialement apprêtées en matière d'occultisme servent au traitement des maladies, ainsi qu'à la protection contre les morsures de serpent, les sorciers, les mauvais esprits et contre le mauvais œil. Il en est ainsi dans le Golfe du Bénin, comme en Afrique noire. Ces mêmes usages peuvent aussi être retrouvés en Afrique du Nord. Mon talisman au pouvoir magique Pour protéger celui qui la porte, la perle devient amulette, elle repousse le mal, les dangers et peut se porter seule, sans autre adjuvant. Certaines perles réputées avoir un pouvoir magique, voire thérapeutique, entrent dans la composition de talismans, amulettes et autres «gris-gris» assurant bonheur, protection, santé. Mon attribut statutaire Les perles, dans la culture africaine, désignent le statut social de l'individu. Elles sont les attributs des rois, des prêtres, des guerriers et toute autre personne hors du commun. Les exhiber en public incite au respect et à une certaine considération et contribue à réaffirmer la position sociale. Illustrant le prestige et la richesse, chaque type de perle porte un nom et a une signification. Les perles bleues signifient la tendresse, les jaunes la maturité et la prospérité et les blanches désignent la pureté et la virginité. A titre d'exemple, ici le roi Hapi IV de Bana, au Cameroun, portant un collier de perles chevrons en verre fabriquées à Venise (XVe au XIXe s). Il est à noter que dans le centre du Cameroun, cette perle désigne le grade élevé de celui qui la porte et joue un rôle protecteur, magique. Sa valeur peut être supérieure à celle de l'or. Ma monnaie d'échange Dès l'Antiquité, les perles on été utilisées dans plusieurs régions du monde, en particulier en Afrique, comme monnaie dans le troc : tels que les cauris, chevrons etc. A cette époque, les échanges commerciaux sont très actifs et des perles, principalement en verre, venant d'Egypte et de l'Empire romain, et aussi de Chine ou d'Inde, parviennent en Afrique noire ramenées par les caravaniers qui traversent le Sahara afin de se procurer du sel, du fer ou encore des épices. Au Ve siècle, les invasions barbares entraînent la chute de l'Empire romain d'Occident dont les manufactures périclitent au profit des verreries indiennes. Les îles Maldives deviennent le principal fournisseur de cauris, des petits coquillages qui acquièrent le statut de monnaie d'échange. Et, une fois percés, ils sont largement utilisés comme perles.
