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10e anniversaire de la disparition de Djamel Amrani : Révolutionnaire, poète «maudit»
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Publié dans El Watan le 01 - 03 - 2015

Djamel Amrani était un grand poète algérien, un révolutionnaire, un homme de radio et critique littéraire. Les amis de l'auteur de Témoin et Bivouac des certitudes s'appellent Kateb Yacine, Issiakhem, Jean Sénac, Pablo Neruda, Françoise Sagan, Barbara, Malek
Haddad, Mohamed Zinet, Juliette Gréco, Florence Malraux, Jean et Simone Lacouture, Jean-Marie Domnac, ou encore Serge Régiani.
Un pedigree d'amis déclarés l'entourant, défendant sa cause juste, celle de l'indépendance de l'Algérie, et appréciant le grand poète. André Breton dira de lui : «Djamel Amrani est immense, il est le plus grand poète de l'Algérie...». Auteur d'une trentaine d'œuvres (Bivouac des certitudes, Le dernier crépuscule, L'été dans ta peau, Vers l'amont...), Djamel Amrani était au service de son prochain, de ses semblables, les humains.
Et de sa patrie, l'Algérie. Pour laquelle il a été un battant, un combattant, un résistant, un moudjahid sans démagogie, un «mutilé» de guerre psychologiquement et un enfant prodigue et prodige de la prosodie et autres allitérations à la consonance balistique, créative et lyrique algériennes.
Car marqué à vie par la barbarie belliqueuse et coloniale de l'armée française.«J'ai été torturé, incarcéré, ils ont tué mon père, mon frère et mon beau-frère…». Dans un entretien inédit datant de novembre 2004, Djamel Amrani nous avait livré et «délivré» une profonde, béante et lancinantensouffrance : «Au lycée Bugeaud, à Alger, j'étais confronté aux colons et non pas à la colonisation.
J'ai eu mon bac envers et contre tous. En 1956, j'étais impliqué dans le mouvement national, la réunion préparatoire de la grève des étudiants et lycéens algériens. Il était question que j'aille au maquis avec Amara Rachid…Et puis, en 1957, lors de la Bataille d'Alger, j'ai été arrêté et torturé à la villa Sésini.
Ils m'ont massacré. Ils ont tué mon père, mon frère et mon beau-frère Ali Boumendjel. J'ai été incarcéré durant un an. En 1958, j'ai été expulsé en France, où Germaine Tillon m'introduira à la gauche, anticoloniale à l'époque… J'ai traversé cela comme un enfer de couleur corbeau…».
Ayant une voix radiophonique, caverneuse, patriarcale, le flegme et l'indolence d'un petit vieux à l'espièglerie et le sourire en coin, la générosité et la grandeur humaine incarnées, tapi dans son transat, un faux air d'Ernest Hemingway, entre deux volutes de tabac, entre un sourire, un rire et un rictus, sous une moiteur domestique, respirant et transpirant la bonté des humbles, Djamel Amrani était dans son coin de Florence. Tant son paisible havre est une cour des miracles.
Un véritable musée de la photo dédié aux personnes ayant compté dans sa vie. Ici Lénine ou Che Guevara, le révolutionaire argentin, là, Kateb Yacine, le brillant écrivain de Nedjma, là-bas, Khalida Toumi, ex-ministre de la Culture, ou encore les portraits de Azzedine Medjoubi, le comédien fauché par la folie meurtrière terroriste, Myriam Makeba, la Mama Africa, ou encore Zahia Yahi et Leïla Boutaleb, des amies et confidentes.
Le 13 juillet 2004, il s'était vu décerner la médaille Pablo Neruda, à l'effigie de l'illustre poète et progressiste chilien, le non moins prix Nobel de littérature en 1971 et auteur mythique d'œuvres comme Le chant général du Chili, L'Espagne au cœur, Tout l'amour, Mémorial de l'île, ou encore celle posthume, intitulée J'avoue que j'ai vécu. Une distinction au nom de Pablo Neruda. Son ami, son maître, son frère, pair et père spirituel partageant cet amour éperdument épris pour les mots et les causes justes et nobles. Cette gratification au souffle poétique, initiée sous l'impulsion et la proposition de Khalida Toumi pour une consécration bien que tardive, mais ô combien significative. «Je n'ai jamais voulu parler de moi, rédiger ma biographie. C'est être égoïste…», estimait-il.
«Ma plaie dans l'âme, on ne la négocie pas »
Djamel Amrani est né le 19 août 1935 à Sour El Ghozlane. Issu d'une modeste famille de neuf enfants dont il était le benjamin. D'un père exerçant la profession de receveur des P et T et d'une mère n'ayant jamais été scolarisée. Suivant leur père à travers des missions itinérantes, la famille Amrani séjournera dans plusieurs localités, notamment à Cherchell, avant de s'installer définitivement, en 1952, à Alger.
Le jeune Djamel y fréquentera l'école communale de Bir Mourad Raïs. Et c'est en usant ses fonds de culotte sur les bancs d'écolier qu'il fera une découverte littéralement littéraire et capitale dans sa vie. La mort du loup, d'Alfred de Vigny, et Les amours de Chopin, de George Sand, qu'il connaissait par cœur, l'inspireront aux premiers jets poétiquement candides.
Une passion était éclose. «J'étais déjà poète à la base. Je faisais de la musique. J'étais au conservatoire d'Alger, je jouais du piano à 15 ans. J'étais le seul Algérien à avoir concouru avec la 5e étude de Chopin, la 7e nocturne de Gabriel Foret et puis suivront La Passionata...», se souviendra-t-il. Au lycée Bugeaud, le plus réputé d'Alger, où il avait emmené avec lui ce qu'il appelle des «odelettes» et dont il fera un autodafé car jugées inintéressantes.
Sa toute première œuvre fut Le Témoin, en 1960, aux éditions de Minuit. «Ce livre est l'histoire dramatique de ma vie... Je jouais pour la syntaxe quelle qu'elle soit... C'est un jeu avec mon histoire quand j'ai appris à lire et à écrire..», commentera-t-il, la gorge nouée. Après un long séjour à Cuba, de 1962 à 1964, Djamel Amrani officiera à l'état-major, dans le cabinet du président Houari Boumediène, avec Abdelaziz Bouteflika, Medegheri et Chérif Belkacem. «La première fois que j'ai rencontré Bouteflika, il m'a présenté Nelson Mandela…», se rappellera-t-il avec fierté.
A propos de ses amis, il dira avec ironie : «Kateb Yacine, qui m'a encouragé, et Jean Sénac ont été des frères immenses pour moi. Je me dois de saluer leur mémoire. Malek Haddad avait été un grand ami... Cela n'a été que des histoires de bar. On se voyait et on passait notre temps…».
A la fin de l'entretien, Djamel Amrani nous laissera ce fragment testamentaire d'un poète «maudit» : «L'être humain, poète meurtri, ne peut pas être finalement guéri d'une histoire. Je n'ai jamais été guéri. Je n'ai jamais eu l'occasion ou la chance de guérir. Ma plaie dans l'âme, on ne la négocie pas. Ma plaie est ouverte. Elle est béante !»


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