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Qom tara !
Escapade à Médéa : pour accueillir le printemps
Publié dans El Watan le 21 - 03 - 2015

Saison du renouveau, des amours, des fleurs, des plaisirs et du couscous aux herbes, le printemps est de retour. Célébré quasiment par toutes les civilisations et de nombreux créateurs à travers les âges, le printemps est une fête, dans la nature comme dans la culture. Afin de l'accueillir comme il se doit, des centaines de citoyens se sont réunis, le 7 mars près de Médéa, pour un «pique-nique culturel» organisé par le Musée des arts et traditions populaires de cette ville.
Tout a commencé par un message internet : «Avec l'entrée du printemps, la nature sort des rigueurs et des affres de l'hiver pour ouvrir la vie sur un nouveau cycle. Les végétaux éclosent à nouveau, la terre se couvre d'un tapis floral bariolé, la chaleur du soleil féconde les graines cachées dans le sous-sol gorgé d'eau…» Cette ouverture accompagnée d'une image de fleurs multicolores paraît assez incongrue dans le flot d'horreurs et de méchancetés qui traversent ce réseau qui n'a de social que le nom.
Pour une fois, la belle saison est évoquée pour ce qu'elle est et non dans sa métaphore politique galvaudée (lire encadré page suivante). Plus loin, le texte évoque «imensi tefsut», traditionnel repas d'accueil du printemps, pour finir par nous inviter carrément à nous rouler dans l'herbe «pour y prendre les couleurs, les parfums et les odeurs de la terre et du tapis végétal !» Une invitation qui ne se refuse pas. Direction Médéa donc. Plus précisément la commune de Si Mahdjoub, perchée au-dessus de la ville.
En ce samedi champêtre, le soleil est au rendez-vous. Les automobilistes également, et en grand nombre. Sur la route qui serpente à travers les montages de l'Atlas tellien pour relier les Gorges de la Chiffa à la ville de Médéa (900 m d'altitude), l'embouteillage était prévisible. Profitant du bouchon, quelques automobilistes sortent prendre un bol d'air et admirer le paysage : un tapis de verdure irisé de fleurs et surmonté de quelques amandiers en fleurs.
Un adolescent s'écrie : «On dirait le fond d'écran de Windows !» Visiblement, un jeune Algérois en cure de désintoxication technologique qui n'a pas résisté à l'invitation à se rouler dans l'herbe de Si Mahdjoub. Avant le système d'exploitation cité plus haut, bien des peintres se sont inspirés de la saison : de l'allégorique Printemps de Botticelli, à l'onirique Premiers jours du printemps de Dali, en passant par les nombreux paysages sublimés par les impressionnistes. La circulation redevient plus fluide et, après une petite heure de route au milieu du «tapis vert» déroulé devant nous, la petite commune de Si Mahdjoub se dévoile sous son plus beau jour.
Banderoles, affiches et fanfare improvisées devant le siège de l'APC. Le maire de la commune et ceux des villages alentour sont au rendez-vous, de même que les pompiers, les élèves des écoles environnantes, un bibliobus, l'office du tourisme… «Il paraît que Boubagra (ndlr : personnage rural du comédien Hassan El Hassani, natif de la région et décédé en 1987) ne tardera pas à nous rejoindre !», plaisante le directeur du musée, devant l'enthousiasme des habitants à participer à la fête.
Quelques dattes de bienvenue nous sont offertes en attendant l'arrivée du bus reliant gratuitement Alger à Si Mahdjoub. M. Belachheb nous confie que l'événement devait se dérouler, selon la coutume, dès les premiers jours du mois de mars, mais Dame météo en avait décidé autrement. Accueillir le printemps sous la pluie n'aurait pas été très raccord.
Ce samedi, le temps clément sied mieux à fêter la saison du milieu : à mi-chemin entre les rigueurs de l'hiver et l'ardeur de l'été, les jours y sont d'une longueur intermédiaire et la température moyenne…
Et quelle meilleure ville que Médéa (du latin ad medias signifiant «à mi-chemin») pour fêter la saison médiane ?
La célébration du printemps n'est pas spécifiquement algérienne, on en trouve des variantes sous toutes les latitudes. La fête de Norouz marque par exemple le début du printemps et le premier jour du calendrier persan.
Cette célébration «païenne» est encore célébrée en grande pompe dans la République islamique d'Iran. Au Japon, des quatre fêtes de Setsubun (marquant le passage des saisons), seule celle du printemps subsiste de nos jours.
Au Mexique, le soir de chaque 21 mars, des dizaines de milliers de personnes se rendent sur le site de Chichén Itzá pour admirer ce miraculeux vestige du génie maya. Le soir de l'équinoxe de printemps, une ombre portée dessine la progression du légendaire serpent à plumes, Kukulkan, descendant l'un des escaliers de la grande pyramide de la cité.
Cette figure mythique de la résurrection revient ainsi sur Terre pour annoncer le cycle nouveau. On pourrait encore citer les innombrables carnavals européens ou les bains dans l'eau glacée en Russie… Chaque peuple accueille le printemps à sa manière, mais avec la même passion universelle.
Tout cela est bien instructif, mais le bus d'Alger n'arrive toujours pas et la faim se fait sérieusement sentir dans le rang des citoyens printaniers. Alors, en attendant le pique-nique annoncé, certains se rabattent sur la petite gargote du village, adresse inconnue de la gastronomie. On y déguste pourtant de délicieux mets préparés dans un four à pierre. Rien de bien local certes : pizza et frites-omelettes. Oui, la mondialisation est passée par Si Mahdjoub. Le bus d'Alger débarque enfin, et, après les allocutions d'usage, on descend enfin vers la plaine.
Nous voilà au milieu d'un tapis de verdure bercé par le murmure de l'oued. Pour assurer la sécurité des 300 personnes, les gendarmes sont aussi de sortie. Le souvenir des années noires est encore là, et l'un des enjeux de cet événement est aussi de rassurer les citoyens, nous confie Belachheb. Mission accomplie sur ce point. Les seules détonations entendues sont celles du baroud qu'a fait retentir un cavalier pour nous souhaiter la bienvenue. A présent, le programme commence : partager son repas en profitant du paysage.
Ce n'est pas plus compliqué que cela. Les enfants (de 7 à 77 ans) ne se font pas prier pour gambader dans tous les sens, sortir les cerfs-volants et se rouler dans l'herbe.
Nous suivons un groupe d'enfants aventuriers de Si Mahdjoub qui nous mène au bord de Guelt Zerga.
Les grenouilles, de sortie, redoublent de caossements. «Un vieil étang/ Une grenouille saute/ Des sons d'eau», chantait le poète japonais Matsu Basho (XVIIe siècle) dans un haïku célébrant précisément le printemps. Nos poètes aussi ont chanté la belle saison. Les rabiîiyate (printanières) sont un genre poétique à part entière dans le zadjal andalou comme dans le melhoun maghrébin.
Un des airs de musique arabo-andalouse les plus joués en Algérie (on en trouve même une version chinoise sur Internet !) est certainement Qom tara. Comme son titre l'indique, ce chant nous convie à nous «lever pour voir» la nature en fête, les bourgeons d'amandiers, les feuilles de noyer pour finir par l'invitation : «Ô commensal/ Viens dans le jardin/ Jouir d'un moment volé à la vie». Une version du carpe diem bien de chez nous. Mais il n'y a pas que cela, nous expliquera le spécialiste en poésie populaire, Ahmed Amine Dellaï. Comme souvent, il existe une lecture mystique. En effet, le Prophète est né au mois lunaire de Rabiî El Awal (littéralement «premier printemps»).
Nos p oètes joignent donc à l'admiration profane de la nature la célébration sacrée de l'arrivée du Messager. Le printemps des poètes est typiquement citadin. La nature luxuriante décrite est celle des riches jardins de l'aristocratie. «Ces poèmes sont un véritable trésor lexical dans le domaine de la flore», signale Dellaï. A ce propos, le jeune Abdelghani nous informe, après avoir demandé à être pris en photo, qu'il ne faut pas repartir sans cueillir de la guernina (chardon comestible).
Cet enfant de Si Mahdjoub perpétue ainsi, et peut-être sans le savoir, une tradition millénaire. Nos ancêtres, joignant l'utile à l'agréable, profitaient de cette sortie pour cueillir cette «mauvaise herbe» et en faire un délicieux couscous. Le printemps est décidément la saison de toutes les résurrections.


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