Slimane Laïchour, du nom de guerre «Si Rachid», un ancien compagnon d'armes du colonel Amirouche durant la guerre d'indépendance, a tenu vendredi dernier à Tassaft Ouguemoune, daïra d'Ath Yenni, à 45 km au sud-est de Tizi Ouzou, une conférence en compagnie du Dr Saïd Sadi et du fils du colonel martyr, Nordine Aït Hamouda, pour témoigner du parcours épique du colonel de la wilaya III historique. Cette rencontre a été organisée par le comité du village pour commémorer le 56e anniversaire de la mort, les armes à la main, de deux prestigieux colonels de l'ALN, le 29 mars 1959 à Bou-Saada, à savoir Si Amirouche Aït Hamouda et Si El Houes. L'ancien compagnon d'armes du colonel de la Wilaya III, Slimane Laïchour, a narré avec émotion son parcours aux côtés d'Amirouche et comment il l'avait rencontré en décembre 1954 dans son village natal, à Taourirt Moussa, dans la commune d'Aït Mahmoud (daïra d'Aït Douala), par l'intermédiaire de Belkacem Krim et pour lesquels il deviendra un agent de liaison dès janvier 1955, alors qu'il n'avait que 19 ans. Ensuite il deviendra agent de liaison entre Krim, Abane et Amirouche avant d'assurer, au lendemain du Congrès de la Soummam, le même service de liaison pour le CCE (Comité de coordination et d'exécution). De Amirouche, il dira qu'il «incarnait l'esprit de la libération. Un monument de la Révolution. C'est l'unique colonel reconnu comme tel par les généraux français, qui lui ont déclaré une guerre sans merci», rappelle M. Laïchour. «Dès son retour de toute mission que lui confiait Krim Belkacem, notamment à Tunis et dans les Aurès pour régler de graves problèmes, Amirouche faisait renaître, comme par enchantement, la confiance, l'espoir, la convivialité, la fraternité dans les rangs des djounouds de sa wilaya». Devant une forte assistance, le conférencier rappellera une anecdote parmi d'innombrables autres exemples d'humilité du colonel de la wilaya III, qui eut lieu au refuge des moudjahidine à Taslent (vallée de la Soummam). «Un jour, après des heures de marche aux côtés de notre infatigable chef, nous aboutîmes au refuge des moudjahidine de Taslent. Le chef du refuge nous invite à nous installer en un coin pour diner, ou déjeuner, à vrai dire. Amirouche demanda alors au maître des lieux s'il a servi la même nourriture aux malades et les blessés. Ce dernier répondit que non ! Notre colonel, pris de colère, ordonna alors à son interlocuteur qu'il ne faut plus jamais commettre pareil acte, sous peine de grave sanction». De son côté, le Dr Sadi rappellera les difficultés rencontrées avec ses camarades lycéens à Tizi Ouzou, au lendemain de l'indépendance, lorsqu'ils demandaient à baptiser leur lycée au nom du Colonel Amirouche. Parlant de Krim, Dr Sadi rappellera le génie de ce chef de guerre qui a pu sortir, après le Congrès en juillet 1954 de Hadj Messali à Hornu (Belgique), toute la Kabylie du giron du messalisme. Lors de cette rencontre, Messali avait imposé aux congressistes de l'élire à vie, ce qui était inacceptable, notamment pour Krim et Mostefa Benboulaïd. Krim avait réussi à ramener à la raison des militants nationalistes kabyles.