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70 ans de déni
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Publié dans El Watan le 07 - 05 - 2015

Le monde célèbre ce 8 mai le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une date symbole de la victoire sur le fascisme. Un symbole qui, pourtant, prend une autre signification de ce côté-ci de la Méditerranée, théâtre d'une barbarie sans égale commise par un colonialisme abject contre des populations civiles désarmées.
Le même 8 mai 1945, alors que les populations d'Europe manifestaient et défilaient dans les rues, respirant l'air de la liberté dans la liesse et la joie, les Algériens ont eu droit à l'expression la plus brutale de la répression coloniale. Ils sont sortis par milliers, par millions, dans les rues eux aussi armés de drapeaux et de slogans pour réclamer une liberté légitime et méritée.
Le colonialisme français leur a répondu par les balles, les bombes et la matraque. Le général Raymond Duval orchestra un massacre à grande échelle. Trois grandes villes furent particulièrement marquées par la sauvage répression : Sétif, Guelma et Kherrata. Les corps de milliers de victimes algériennes gisaient dans un fleuve de sang. Les colons se joignent à la barbarie policière et militaire et font de l'Algérien une cible à abattre. Les corps de milliers de victimes sont soit brûlés ou enterrés dans des charniers et fosses communes. Les estimations du nombre de victimes ne sont pas précises tant la répression s'abattait sur tous les Algériens.
On parle de milliers de morts. Du côté algérien, le nombre de morts est estimé à 45 000, le colonisateur parle de centaines. Les historiens placent le nombre entre 10 000 et 40 000 victimes. Une sauvagerie semblable à la barbarie nazie est appliquée sur les Algériens un jour de victoire sur les nazis. Un crime contre l'humanité est exécuté avec sang-froid et à huis clos, loin des festivités européennes.
Le général Duval, qui a pris plaisir à supplicier des Algériens pendant des semaines, se réjouissait d'annoncer au gouvernement français de l'époque lui avoir «assuré la paix pour dix ans». Dans un rapport transmis au gouvernement britannique par son Consul Général à Alger, John Eric Maclean Carvel, est décrite l'ampleur de la force utilisée par l'armée française : «Les autorités françaises ont pris de fortes contre-mesures. Un bataillon sénégalais et des blindées ont été acheminés à partir d'Alger, de Sidi Bel Abbès, Biskra, Bougie et Constantine.
Un détachement de 75 hommes de la légion étrangère fut transporté par avion vers Constantine. Des navires de guerre furent envoyés à Bougie pour y débarquer des soldats à Souk El Tnine. 1200 hommes du 13e régiment d'infanterie entièrement composé d'anciens membres de la ‘‘Force Française de l'Intérieur'' arrivent par les airs en provenance de la Dordogne et de la Creuse. Pas moins de 300 sorties d'avions ont été recensées entre le 8 et le 14 mai, ce qui dénote de la dense activité militaire aérienne.
On pense que l'action s'est déclinée la plupart du temps par des mitraillages et les bombardements. Les rapports des observateurs aériens indiquent que des villages entiers ont été détruits…». Un déploiement de guerre contre des populations civiles désarmées. L'image est effroyable, et même 70 ans après l'émoi est intact. Le colonialisme est une négation de la dignité humaine et un crime contre l'humanité tout comme le nazisme et doit être dénoncé en tant que tel.
Aujourd'hui, et même si du temps s'est écoulé, et pour que toutes les blessures se referment, il est important de dire ce qui fut et de reconnaître le caractère fasciste et inhumain de la colonisation. Depuis 1830 jusqu'à 1962 en passant par mai 1945, le colonialisme a tout fait pour nier l'humanité et la dignité des Algériens. 70 ans après les faits horribles de mai 1945, la France n'ose pas faire le pas de la reconnaissance, ni des excuses. De petits pas sont entrepris depuis 2005 par des représentants de l'Etat français, mais des pas qui peinent à toucher de ce côté-ci de la Méditerranée.
L'ambassadeur Hubert Colin de Verdière avait, en 2005 qualifié à Sétif les massacres de «tragédie inexcusable», son successeur, Bernard Bajolet, en 2008 à Guelma, a parlé pour sa part de «déchaînement meurtrier qui a fait des milliers de victimes». Sept ans plus tard, le Secrétaire d'Etat français aux anciens combattants, Jean Marc Todeschini, reprend les mêmes gestes des ambassadeurs en se rendant à Sétif pour déposer une gerbe de fleurs devant la stèle de la première victime algérienne, Saal Bouzid, et qualifie aussi les massacres de 1945 de «déchaînement meurtrier». Est-il donc si difficile de parler de «crime d'Etat» et de «massacres» qu'il est du devoir d'un Etat de reconnaître et de dénoncer ?
Au lieu d'évoquer «des aspects positifs de la colonisation», la France est en devoir de regarder le vrai visage de ce que fut son empire colonial, et en balayant toute démagogie agir, tout comme l'a fait l'Allemagne en s'excusant de ses actes. Ces actes n'ont pas été que le fait d'individus, mais une politique d'Etat qu'il faut officiellement dénoncer. Comment la France peut-elle jouir totalement de ce jour de victoire sur le nazisme si elle réfute son propre passé de colonisateur ayant commis des crimes contre l'humanité ?
Il est de bon ton de dénoncer le génocide arménien au nom des valeurs universelles de respect des droits humains, il serait aussi de bon ton d'en finir avec les petits gestes symboliques et dénoncer avec fermeté les massacres de mai 1945 qui s'apparentent aussi à un véritable génocide puisqu'il y a eu des exécutions systématiques et par milliers d'Algériens. La reconnaissance sera plus bénéfique aux Français qu'aux algériens qui ont eu la grande satisfaction d'arracher leur indépendance. Il reste toutefois à gratifier les milliers de victimes du 8 mai 1945 du statut mérité de martyrs.


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