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Les producteurs de lait pâtissent de la cherté de l'aliment...
Manque de fourrage, aliments chers et subventions insuffisantes
Publié dans El Watan le 24 - 05 - 2015

Nous travaillons à perte. Notre activité est menacée de extinction. Les éleveurs de bovins et les producteurs de lait sont surendettés. Nous ne pouvons plus faire vivre notre cheptel».
Le propos est du président du Conseil régional interprofessionnel de la filière lait (Cril), pôle de Tizi Ouzou. Rabah Ouguemat, qui est également agriculteur et éleveur depuis des années, énumère les problèmes sans fin rencontrés dans ce secteur. «L'état des lieux a déjà été fait lors de notre première réunion tenue le 12 mars dernier à Boukhalfa ayant pour objet la définition d'une stratégie de développement de la filière lait.
Nous réclamons l'ajustement du prix de revient du lait cru (prix de base+subvention) aux nouveaux prix des aliments de bétail, l'exonération de la TVA sur l'achat des aliments, l'application et la révision de la prime pour l'achat des génisses pleines ou de vaches laitières, l'application de la prime de 1800 DA relative à l'insémination, l'approvisionnement des éleveurs en orge subventionné, la fixation du prix de vente aux éleveurs du son gros issu de meunerie à 800 DA/quintal, ainsi que la création d'un établissement financier propre à l'agriculture».
Selon notre interlocuteur, les principales revendications des éleveurs ont trait notamment à la nécessité d'augmenter le taux des subventions de l'Etat, actuellement de 12 DA/litre, accordées pour cette catégorie d'agriculteurs afin d'équilibrer leurs revenus. «Les pouvoirs publics doivent réagir, faute de quoi c'est toute cette activité qui fait vivre des milliers de familles dans la région qui risque de disparaître.
Nous endurons un véritable calvaire en raison de la cherté de l'aliment. Une botte de paille de 10 kg nous est revendue à 1080 DA, tandis que le lait cru nous est acheté à 34 DA le litre pour être écoulé sur le marché à plus de 70 DA/litre. En vue d'exposer dans le calme et la sérénité nos principales recommandations, nous sollicitons le Premier ministre pour un entretien dans les meilleurs délais. Le désarroi des éleveurs et des agriculteurs prend de jour en jour des proportions alarmantes. Le ministre de tutelle refuse de voir en face l'âpre réalité.»
Ce constat amer est corroboré par ses collègues. Yaâla Brahim, jeune éleveur de père en fils à Boujima depuis 1996, nous dit : «En 1996, le lait cru coûtait 32 DA/litre et l'aliment 2150 DA. Aujourd'hui, il est vendu à 34 DA/l, alors que l'aliment ne descend pas sous la barre des 4000 DA. Même la botte de paille qui coûtait 80 DA est cédée actuellement à 1100 DA. Nous avons beaucoup de dépenses relatives à l'alimentation du cheptel et autres frais de vétérinaire. Nous exerçons dans des conditions difficiles.» Moussaoui Méziane, éleveur de bovins à Makouda, se plaint de son côté du prix de l'aliment dans les minoteries : 2500 DA pour le son contre 1900 DA pour la farine.
«L'Etat subventionne les minoteries, le prix de l'aliment ne devrait pas dépasser 1900 DA». Il ajoute : «Depuis septembre dernier, nous n'avons pas encore perçu les 12 DA de subvention. Nous sommes vraiment sous pression. Trop de dépenses, pas de bénéfices. Il faut payer l'assurance de la vache laitière, l'insémination et les frais de déplacement du vétérinaire». Même dénuement chez Ammi Tahar, 59 ans, éleveur dans la localité de Fréha depuis l'âge de 13 ans, précise-t-il. «Aujourd'hui, je ne peux même pas acheter de l'aliment pour mes bêtes.
Faute d'argent pour m'en approvisionner, j'ai été contraint de vendre 12 vaches laitières cette année», témoigne-t-il sur un ton qui en dit long sur l'angoisse liée à son activité. «Comment peut-on gagner la bataille de l'indépendance alimentaire pour notre pays et lui assurer une autosuffisance si nous ne pouvons même pas nourrir nos vaches ?» s'indignent les éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou dans une lettre ouverte au président de la République, qualifiant de «condamnation à mort» de leur activité par ceux chargés de la «régulation des produits agricoles de large consommation».
Ils dénoncent, par ailleurs, le vaste business qui entoure la vente de l'aliment du bétail à travers le pays et le monopole des barons sur ce commerce livré à la spéculation. Pour les éleveurs de la wilaya, le prix de vente du lait cru doit être porté à 60 DA/le litre au lieu de 34 DA, et la subvention de l'Etat à 30 DA/litre au lieu de 12 DA. Il s'agit aussi de subventionner les prix de l'aliment de bétail, installer un laboratoire de contrôle local de la qualité, et de fixer le prix du «son gros» produit en meunerie.
Aussi, ils demandent la subvention des prix de semences des fourrages en raison de l'insuffisance de cet aliment dans la région où les pâturages tendent à disparaître, de rendre les engrais disponibles et faciliter leur acquisition. Réglementer les prix des viandes rouges constitue un autre sujet de préoccupation pour les éleveurs. «Nous sommes lésés. Nous vendons la bête au boucher au prix fixe de 700 DA le kilo. Les abats (foie, cœur, tête, pieds, tripes) que nous leur cédons gracieusement sont revendus au consommateur par les bouchers à des prix excessifs. A Tizi Ouzou, 1 kg de foie est affiché à 2000 DA.»
Bétail mal nourri
Pour Rachid Chebah, exploitant agricole et éleveur à Djemaâ Saharidj, «les éleveurs-producteurs de lait, laissés-pour-compte dans les montagnes et les zones rurales, sont abandonnés à leur sort et condamnés dans leurs fermes et exploitations à ‘‘traire'' des chiffres et ‘‘battre'' les statistiques». Membre de l'Union locale des paysans algériens (UNPA), ce professionnel de la filière explique les dysfonctionnements qui caractérisent ce secteur d'activité. «Les chiffres de la consommation nationale en lait et produits laitiers vont crescendo.
L'Algérie consomme plus de six milliards de litres/an, tous laits et produits confondus, dont plus de 2 milliards de litres sont destinés à l'autoconsommation et l'alimentation des veaux. Face à une telle cagnotte, aucun laitier ambitieux n'oserait s'aventurer à miser sa tête dans la production nationale. D'ailleurs, sur les 3 milliards de litres de lait en poudre importés par an, une moitié (50%) est achetée par l'Etat via l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), donc subventionnée et l'autre moitié par le privé destinée à la spéculation».
Selon lui, si on réunit l'ensemble des conditions d'élevage de bovins laitiers, avec notamment une alimentation équilibrée en fourrages et concentrés d'aliment, une vache de race sélectionnée peut produire une moyenne de 25 litres/jour, soit environ 5 à 6000 litres durant toute la période de lactation. «L'Onil verse des subventions de l'Etat directement sur les comptes respectifs des fellahs dit livreurs, des collecteurs et de l'usine. Les livreurs sont répertoriés sur une liste préalablement établie par l'unité de transformation approuvée par le collecteur et transmise aux services concernés pour chaque litre déclaré, le montant de soutien est de 12 DA/l au profit du fellah, 6 DA au profit de la laiterie, et 5 DA au profit du collecteur.
Toute cette gymnastique est confectionnée dans le but de ramener le prix du lait produit localement au prix accessible de 25 DA : 36 DA-(6 DA +5 DA)=25 DA». Et d'ajouter : «La fabrication et la commercialisation des produits laitiers et dérivés aussi riches que variés doivent être fabriqués sur la base d'un volume de lait cru cueilli ou recueilli quotidiennement auprès des éleveurs de la région. Ces derniers ne négocient malheureusement jamais leur bien. Ils sont exclus de toutes les opérations commerciales qui se font sur leur dos. Des familles entières ayant vécu dans la dignité durant des décennies deviennent du jour au lendemain dépendantes des jeunes ex-chômeurs convertis en collecteurs de lait».
A l'instar des éleveurs de la wilaya, Rachid Chebah est confronté à la cherté de l'aliment de bétail et du fourrage qui constitue, selon ses dires, un frein pour le développement de l'élevage bovin et la production laitière. «Sachant que ce n'est pas la vache qui donne du lait mais son alimentation, une vache de race ne peut donner suffisamment de lait que si on la nourrit abondamment en aliment de qualité. Pendant toute la période d'hiver, par exemple, une vache laitière doit recevoir environ 80 kg/j de fourrage vert de qualité car c'est à ce moment qu'elle peut donner le plus de lait.
L'herbe naturelle importante à partir de mars ne fournit pas à elle seule une bonne alimentation. Elle est peu nourrissante, comment peut-on tirer suffisamment de lait des mamelles d'une vache sous-alimentée ? 70 kg de forage vert, 10 kg de concentré d'aliment sont nécessaires pour une alimentation quotidienne». Sur un autre plan, cet exploitant agricole déplore : «L'APW de Tizi Ouzou nous a promis une journée thématique pour débattre de nos problèmes, mais elle n'a jamais eu lieu (…) Il y a un complot prémédité pour supprimer cette filière.
Nous vivons uniquement de cette paysannerie et de cet élevage». Le régime alimentaire des bovins est très important estime, pour sa part, Idrès Nacer, vétérinaire et vice-président de la fondation Fellah-innovation. «Dans les pays développés, la vache peut donner entre 60 et 80 litres/jour contre 20 seulement chez nous. Les régimes d'entretien et de production doivent être satisfaisants. En Europe, il n' y a pas d'interruption de la chaîne d'alimentation. Ce n'est pas le cas chez nos éleveurs. Toute cette anarchie dans la filière peut créer un état sanitaire désastreux, le lait non contrôlé d'une vache atteinte de brucellose, à titre d'exemple, peut causer des dégâts pour la santé humaine», nous a-t-il déclaré.


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