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En France,les féministes musulmanes mènent une double lutte
Nadia Henni-Moulaï. Journaliste et écrivaine
Publié dans El Watan le 19 - 06 - 2015

En se réappropriant les textes religieux, les musulmanes ont arraché leurs droits et prouvé que le Coran est «féministe». En France, elles ont réussi à faire reculer le racisme. Explications.
- L'idée que le féminisme soit occidental pousserait à son rejet total. Spécialement dans les pays arabes et maghrébins ?
Si c'est le cas, cela montre donc à quel point les pourfendeurs du féminisme disposent d'arguments fragiles ! A mon niveau, pendant longtemps je ne me suis jamais considérée comme féministe. En tant que Franco-Algérienne, j'ai toujours assimilé le féminisme à la figure de la blanche-bourgeoise tournée avant tout vers les questions de libération sexuelle dans le sillage de mai 1968.
En France, le féminisme a été accaparé par les femmes de milieux plutôt aisés et excluant les femmes de banlieue dans la mesure où ce mouvement n'acceptait que les femmes qu'elles «assimilent» à une certaine vision du féminisme. Puis, mon point de vue a évolué. Quand j'ai compris que le féminisme n'appartenait à personne et surtout qu'en tant que Française et musulmane, je n'avais pas à demander l'assentiment des féministes historiques pour me revendiquer comme tel.
- Le féminisme islamique en France est-il le même que dans les pays anglo-saxons ? Où en est chacun de son évolution ?
Le féminisme en France est presque une nouveauté. Je dirais que nous en sommes aux balbutiements. Nous sommes d'accord pour dire que le féminisme dans les pays anglo-saxons ou français repose sur les mêmes bases, celle d'influer sur la misogynie qui se joue à l'intérieur des communautés musulmanes en France.
Comme le souligne Hanane Karimi, chercheure et figure émergente du féminisme musulman en France : «L'enjeu est de dépasser la lecture patriarcale des textes diffusés à travers la jurisprudence, mais aussi de lutter contre les discriminations à l'intérieur de ces groupes d'appartenance.» Mais comme souvent, il existe une exception française. Si au Royaume-Uni les féministes musulmanes ne sont pas freinées dans leur évolution et leur pratique religieuse, en France la situation est bien différente.
Elles mènent une double lutte, celle de faire accepter le féminisme chez les musulmans eux-mêmes, et celle d'imposer leur légitimité auprès des non-musulmans. Dans ce contexte d'islamophobie institutionnelle, il y a un effet de mise à l'écart de ces femmes musulmanes.
- Le féminisme islamique est traversé par plusieurs courants : libéral, radical ou réformiste traditionnel. Lequel est majoritaire en France ?
D'après les discussions que j'ai pu avoir avec des personnes de terrain, il est encore trop tôt pour affirmer que les courants sont clairement identifiés. Pour autant, ce qui se dégage depuis deux ou trois ans, le réformisme traditionnel est un peu le fer de lance du féminisme musulman en France.
L'ambition, celle de changer les choses en intra-communautaire, commence à prendre forme. Mais on voit aussi, comme le souligne Hanane Karimi, que «si les associations musulmanes de militants ne se revendiquent pas comme féministes, elles en produisent quand même le discours». Ce constat, à mon avis, s'explique comme je le disais plus haut par la difficulté de s'approprier «le féminisme» en lui-même, vu comme un concept occidentalisant, par opposition avec l'islam. Nous ne sommes pas encore dans l'acceptation de cette notion…
- Les militantes en France s'attaquent surtout au racisme et au sexisme contre la femme voilée. Mais il y a également une fracture entre les féministes de tout bord en France. Pourquoi ?
Si l'on remonte à la loi contre les signes ostensibles religieux à l'école, et donc le voile, votée en 2004, on voit bien comment cette question a mis en lumière les fractures dans le féminisme. Aucun collectif féministe «reconnu» n'a ainsi soutenu les femmes voilées, libres de se vêtir comme elles le souhaitaient.
Mais les choses évoluent. En mai, la direction du collectif féministe «Osez le féminisme», historiquement anti-voile, a vu une partie de sa direction lyonnaise démissionner contre un «fonctionnement pyramidal», en réaction aux propos de la porte-parole d'alors qui affirmait «être contre le voile», mais en dénonciation du silence autour de l'islamophobie. La question est donc de bien savoir à qui appartient le féminisme.
- Peut-on être féministe et porter le voile ?
Absolument ! Et toute la difficulté est bien de le faire comprendre en intra et en extra-communautaire. On ne peut nier, aujourd'hui, une lecture patriarcale des textes sans parler de l'instrumentalisation de la tradition pour asseoir une domination masculine. Or, si l'islam est parfait, les hommes eux non. Aux femmes de s'approprier les textes, de les comprendre et de les assimiler. Elles n'ont à demander d'autorisation à personne pour se sentir féministes, même avec un voile !
- Pensez-vous que ce mouvement fait peur parce qu'il remet en cause les lectures masculines du Coran ?
Je pense qu'il bouscule des habitudes extrêmement bien ancrées dans les esprits. Mais il y a une erreur de compréhension du côté des hommes musulmans qui assimilent le féminisme davantage aux caricatures, celles de la féministe qui voudrait «prendre sa place». Non, le féminisme cherche avant tout à proposer une lecture et donc une pratique équilibrée de la religion, qui ne lèse ni l'un, ni l'autre. Mais encore une fois, le bon sens doit permettre aux musulmans, hommes et femmes, de vivre leur foi à l'aune de la connaissance.
- L'Américaine Amina Wadoud a dirigé, en 2005, la prière du vendredi devant une assemblée mixte ; pour elle, l'islam doit être examiné par une «perspective féminine». Qu'en pensez-vous ?
Elle est effectivement considérée comme une pionnière. Personnellement, je pense que le réformisme en islam n'est pas un problème. Chacun devrait pouvoir aller vers ce qui le convainc dans son cœur. C'est la clé de l'interprétation de tous les textes. A condition bien sûr de faire l'effort vers la connaissance.


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