Mardi soir, l'association culturelle Mo'Zaïk, regroupant une dizaine de musiciens de Biskra, dont les vétérans de la scène musicale locale et de jeunes chanteurs et instrumentalistes, a présenté un concert à la salle Zaâtcha. Tour à tour, plusieurs musiciens se sont succédé sur la scène pour une représentation qui en a laissé plus d'un pantois, tant les performances ont été excellentes. Ainsi, pour la plus grande joie des mélomanes de Biskra, Abid Saouli, chanteur, compositeur ayant connu son heure de gloire dans les années 1980, Abdelouahab Benkkaddour dit Houba, que les habitants de Dhalaâ et de Biskra connaissent comme étant un guitariste hors-pair, Tayeb Souidi, organiste et arrangeur, dont la technicité est reconnue de tous, Hammoudi Hayouni, un batteur jouant aussi bien le répertoire de la world music que celui des chants traditionnels d'Algérie et Islam Cherif, jeune interprète lyrique à la voix mélodieuse, ainsi que d'autres artistes en herbe ont présenté un patchwork de musiques anglaises, françaises, espagnoles et algériennes, qui a séduit le public. Organisé avec le soutien du comité des fêtes de la ville de Biskra, ce concert est le premier d'une longue série d'autres. L'association Mo'Zaïk se veut un espace de rencontres entre les anciens et les jeunes talents qui peuvent y démontrer leurs talents et bénéficier des conseils de leurs aînés. «Notre ambition est de promouvoir l'art de la musique dans toutes ses variantes et d'inculquer au public la joie d'une soirée de musique. Puis dans un second temps de lui offrir des spectacles multidimensionnels alliant chants et musique, théâtre et pantomime avec une animation professionnelle comme cela se faisait à Biskra dans les années 1970 et 1980. Pour réussir cette entreprise, nous souhaitons seulement le soutien moral de tous», a confié Abid Saouli, initiateur de cette soirée et responsable de l'association précitée. N'ayant rien perdu de leurs talents, les musiciens les plus âgés de ce groupe sont, il est vrai, des revenants, voire des survivants d'une époque pas si lointaine où la Reine des Ziban connaissait une effervescence culturelle dans tous les domaines. Une époque, vous dira-t-on, qui a été occultée, effacée, escamotée par l'avènement des années 1990 et leur lot de tragédies. Beaucoup d'artistes de Biskra ont quitté les lieux pour les cieux d'outre-méditerranée. D'autres sont restés et ont continué, chacun à sa manière, de promouvoir l'art, l'ouverture d'esprit et la tolérance, peut-on dire pour leur rendre hommage. Quinquagénaires pour la plupart, ils ont toujours animé la scène locale sans avoir jamais demandé une quelconque contrepartie financière. Malgré leurs parcours plus ou moins chaotiques d'artistes musiciens évoluant dans une société ou l'art en général et la musique en particulier sont dépréciés et cela en dépit d'un riche patrimoine musical séculaire, ces vétérans de la musique à Biskra ont encore et par bonheur, de la pêche, de l'allant, de la hargne et du bagout à en revendre, ont remarqué les spectateurs de cette soirée dédiée aux musiques du monde.
