Nul n'est prophète en son pays, le proverbe est on ne peut plus vrai pour le cas du premier drone algérien. Promis par différents organismes étatiques depuis des années, le premier drone de test de conception 100% algérienne, a décollé cette semaine à… Montréal et sur les fonds propres de professionnels de l'aéronautique d'origine algérienne installés au Canada et localement. Le projet fou a été construit autour de l'ancienne équipe du drone Amel, fruit d'une initiative d'un centre de recherche local. Pris dans les mailles des lenteurs administratives, le démonstrateur a eu du mal à démarrer localement, bien que le projet soit toujours d'actualité. C'est donc l'initiative de Abdelkader Kherrat, ingénieur senior chez l'avionneur canadien Bombardier, et une équipe pluridisciplinaire composée d'assembleurs, d'experts en électronique, de designers, de structuristes, d'experts en système et en aéromodélisme, tous Algériens. Ensemble, ils ont pensé et conçu la plateforme de bout en bout et avec les moyens du bord. Dans le garage du domicile de M. Kherrat ou dans un hangar prêté par un ami canadien, sur le temps des passionnés qui ont sacrifié leurs week-ends pendant des mois et qui faisaient des allers-retours de 70 km. L'appareil, qui mesure 3 m d'envergure et qui a fait son vol inaugural samedi 27 juin, est une plateforme expérimentale qui sert, selon les concepteurs, à constituer une équipe et à démontrer la possibilité de concevoir et construire un drone de A à Z. Cet exercice permettra très facilement, en cas de financement, de passer à une étape industrielle et à adapter la plateforme aux besoins des clients civils et militaires. Pour ceux qui pensent qu'il ne s'agit là que d'aéromodélisme amateur, notre interlocuteur nous explique que la démarche de la construction de cette cellule obéit aux mêmes règles scientifiques que la conception d'un avion, le but étant de créer la silhouette parfaite, avec le plus faible poids possible, les meilleurs matériaux pour au final aller plus loin, plus longtemps en portant le maximum de charge utile. Et c'est à un jeune et brillant ingénieur algérien que l'on doit les calculs, Adel Belarbi, qui a bûché depuis plusieurs années sur la plupart des projets de drones en Algérie et qui s'achemine vers une carrière plus que prometteuse. A la question de savoir quelles seront les prochaines étapes, Abdelkader Kherrat (lire interview sur www.elwatan.com)nous répond qu'il faudra trouver un financement afin de passer à une étape industrielle. En réalité, la quête du drone est devenue quasi obsessionnelle pour l'ANP qui a multiplié les contacts avec différents partenaires étrangers et qui n'a jamais manifesté publiquement un intérêt envers le secteur privé national qui regorge pourtant de potentialités.