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Relance du tourisme à Annaba : Que des promesses !
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Publié dans El Watan le 27 - 07 - 2015

«Paroles, paroles et encore des paroles que tu sèmes au vent», chantait Dalida. Les responsables qui se sont succédé au département du Tourisme semblent en être fans.
Car eux aussi des paroles autour de la relance et de la redynamisation du secteur, axées sur les Zones d'expansion touristique (ZET), ils en ont semées au vent et généreusement. Pour preuve, plus de deux décennies ont passé et le programme national d'aménagement des Zones d'expansion touristique - le pays en compte 205 réparties sur les diverses régions dont 160 sur les villes côtières - attend toujours sa mise en route effective.
Et ce n'est qu'en 2014 que l'on s'était rendu compte que l'on avait trop parlé et qu'il était temps de passer à l'acte et à partir de Annaba. Ainsi, y avaient été lancés, en octobre de la même année, par l'ex-ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Nouria-Yamina Zerhouni, les travaux de viabilisation de la ZET de la commune de Chetaïbi, là où se niche l'une des plus belles baies au monde. La ZET de la baie ouest de Chetaïbi, située à près de 70 kilomètres de la ville de Annaba, à la frontière de la wilaya de Skikda, qui s'étire sur 328 hectares, est appelée à abriter diverses infrastructures touristiques d'une capacité d'accueil totalisant 1254 lits et à pourvoir le marché local du travail de quelque 934 emplois.
Autrement dit, c'est à partir de Chetaïbi que le programme national d'aménagement des ZET est étrenné, se félicitait Mme Zerhouni. Sauf que, cette dernière avait omis de préciser que son département avait revu à la baisse la superficie aménageable : à la baie ouest de cette commune, distante de 70 km de Annaba, il est désormais question d'aménager à peine une vingtaine d'hectares sur ce qui était initialement prévu.
Pourquoi ? A l'exception de ceux qui en ont décidé ainsi, personne ne le sait. Au même moment, personne n'ignore aussi que des hectares en des lieux incroyables, grandioses et paradisiaques dont regorge la baie de Chetaïbi, il serait plus judicieux d'en laisser de côté. «L'étude, confiée dans un premier temps à des italiens, puis à des Français et des Espagnols, avait été finalisée en 2006 pour être approuvée 5 ans plus tard. Contrairement à ce qui se dit, seulement 21 ha des 328 devraient être aménagés», a indiqué à El Watan Economie, Sihem Fnides, haut responsable à la direction du tourisme de Annaba. Et les futurs investissements seraient-ils algéro-algériens, ou incluraient-ils des capitaux étrangers ? «Je ne peux pas m'exprimer à ce sujet. Je ne suis pas habilitée à le faire», se contentera de dire la responsable.
Comme elle s'est gardée de commenter l'information selon laquelle le Groupe Cevital aurait remporté le projet d'aménagement des 21 ha de la ZET baie ouest de Chetaïbi. Confirmée, l'on ne peut que s'en réjouir. Et pour cause : nombreux, très nombreux furent les pseudo-hommes d'affaires étrangers à avoir fait miroiter aux officiels algériens des projets d'investissements touristiques à coups de millions voire de milliards de dollars. Mais ceux dont nos officiels se souviendront tout particulièrement ne sont autres que les Emiratis d'Al Mazroui Group. Idem pour les habitants de Chetaïbi qui en parlent toujours, bien que près de deux décennies sont passées.
Arnaqueurs sous habits d'investisseurs !
Hamed Al Shalaoui, «robuste» homme d'affaires, était l'un des membres d'une délégation de Group Invest, venue en Algérie à la recherche d'opportunités de business dans divers secteurs, le tourisme entre autres, et ce, à l'invitation de l'ancien chef de gouvernement Ahmed Ouyahia. C'était au début de l'été 1996. La délégation, composée d'une trentaine d'hommes d'affaires, des nationaux établis en Europe, des Belges, des Français, ainsi et l'Emirati Hamed Al Shalaoui, avait passé plus d'une semaine à Annaba, après de brefs séjours dans la capitale et à Oran.
A Annaba, alors relativement épargnée par la nébuleuse terroriste, les hôtes d'Ouyahia avaient été traités comme des princes par les autorités locales sur instructions venues d'Alger. S'en étaient suivies les promesses d'autres visites pour des investissements. Rien qu'à Annaba, étaient «promis» des hôtels de luxe à la ZET de Séraïdi, un village touristique à la baie ouest de Chetaïbi, un musée marin à Annaba (chef-lieu) et une salle de conférences haut standing destinée aux grands congrès politiques, économiques et scientifiques internationaux, un aquaparc et deux palaces à la ZET de la corniche (commune de Annaba), une usine sidérurgique en partenariat avec feue Sider... fusaient de partout. Néanmoins, seul Hamed Al Shalaoui avait «tenu» son engagement.
Fin juillet 1996, il était de retour à Annaba avec 5 collègues d'Al Mazroui Group (Abu Dhabi). Ce dernier étant un consortium international regroupant 19 sociétés du Golfe, d'Amérique et d'Europe et intervenant dans les hydrocarbures, la pétrochimie, l'hôtellerie, la sidérurgie, l'agroalimentaire, les mines, le bâtiment, la santé, la communication…
Et, avant d'y atterrir, M. Al Shalaoui, patron de la filiale Establishment & Compagnies Fully Owned by or in Partnership with M. A. Al Mazroui et ses accompagnateurs de Al Mazroui General Trading Est, Arabian Industrial Gases, Krupp Lonrho GMBH, Al Fandi Al Mazroui Travel & Tourism, week-end Hotel et Pipeline Services Mazroui Ipedex, Al Mazroui Global International Center WLL et Grandlay Construction Ltd, avaient préalablement été reçus par les plus hautes autorités du pays : des rencontres de plus de deux heures avec Ahmed Ouyahia alors chef de gouvernement ainsi qu'avec ses ministres de l'Habitat, l'Industrie, le Tourisme, l'Energie et l'Agriculture.
Surmédiatisées, ces rencontres avaient même fait la Une du JT de 20h. Mais c'était à partir de Annaba que les représentants du groupe Al Mazroui avaient annoncé l'engagement d'investir en Algérie plus de 4 milliards de dollars, dont deux milliards dans l'hôtellerie et le tourisme, à la charge de la filiale espagnole basée dans les îles Baléares.
Si ses 5 «compagnons de voyage» dont un Koweitien, un qatari et un Libanais ont rejoint Abu Dhabi, le chef, M. Al Shalaoui avait préféré prolonger son séjour pour les besoins des procédures et formalités administratives avec les ministères concernés. Finalement, quelques mois plus tard, il s'était avéré qu'en fait d'hommes d'affaires, il n'en fut rien : l'investisseur, Hamed Al Shalaoui - un nom d'emprunt - était en réalité un agent des services secrets libyens, dépêché en «mission» spéciale dans notre pays. Mieux, l'émir, propriétaire d'Al Mazroui Group, avait, dans une déclaration téléphonique à El Watan, formellement récusé le déplacement en Algérie d'une quelconque délégation représentant son groupe, et que ce dernier n'avait à aucun moment projeté ou cherché à s'y installer.
In fine, la pseudo-délégation émiratie avait des visées de nature tout autre : la recherche de possibilités d'implanter dans notre pays «un grand centre d'études islamiques tel que celui existant au Soudan, appelé à trôner sur toute la région du Maghreb», d'autant que le contexte politique d'alors - décennie 1990 - était des plus favorables. Entre-temps, alias Hamed Al Shalaoui qui avait séjourné à l'hôtel El Aurassi sous une fausse identité, puis loué une luxueuse villa à Chéraga, avait pris la poudre d'escampette non sans laisser en pleurs sa fiancée algérienne, une jeune étudiante à qui il avait promis un mariage et une vie digne d'un conte de fée.
Trois années plus tard, (janvier 1999), son compatriote Omar El Mahdi Aboucharida avait fait mieux : la trentaine, cet autre «homme d'affaires» tantôt libyen, tantôt koweitien ou asiatique avait soumissionné pour le rachat de l'hôtel Seybouse International au prix de 750 millions DA, puis 1,5 milliard de DA. A l'époque, le Conseil national de privatisation (CNP) avait décidé d'engager la privatisation de certains établissements hôteliers publics dont le Seybouse International et Sofitel.
Cessions qui devaient rapporter à l'Etat quelque 6 milliards DA. N'était le niet catégorique opposé par ses travailleurs et cadres gestionnaires et la détermination de certains dirigeants de la holding qui criaient à l'arnaque, le Seybouse serait passé sous le contrôle de ce jeune pseudo homme d'affaires libyen. Certes, aujourd'hui, les chiffres d'affaires de 400 à 500 millions DA et les bénéfices nets de 50 à 80 millions DA/an d'antan ne sont plus d'actualité. Mais l'heure est à la mobilisation générale pour redresser la courbe et recouvrer la cinquième étoile qu'il a perdue.
D'autant que, fera savoir Mme Fnides de la Direction du tourisme de Annaba, El Mountazeh (Seraïdi) et Seybouse International figurent parmi les 58 hôtels publics pour la rénovation et la réhabilitation desquels plus de 44 milliards DA ont été mobilisés par l'Etat. C'est dire que le dernier épisode du feuilleton, à la turque ou à la mexicaine, des investissements étrangers dans le secteur du tourisme à Annaba, c'étaient les Saoudiens de Sidar qui le dévoileront au grand public annabi. «Sidar et la ZET de Sidi Salem, c'est de la vieille histoire et je préfère ne pas m'y étaler», nous dira Mme Fnides.
Sidar - Société Eddar International - née en 1998 en Algérie à l'initiative d'hommes d'affaires saoudiens, jordaniens et palestiniens intervenant dans la promotion immobilière est un nom qui n'est pas étranger aux habitants de Sidi Salem, localité populaire (commune d'El Bouni, Annaba). Et pour cause, nombreux étaient les rêves d'une vie meilleure et d'une image moins détestable qui s'y étaient construits au lendemain de la pose, en mai 2007, par Abdelaziz Bouteflika, de la première pierre, y lançant la réalisation d'un village touristique.
Quid des ZET ?
Pour la mise en route de ce projet prévu dans le plan d'aménagement de la ZET de Sidi Salem qui s'étire sur 36 hectares, en plus des deux autres - un centre d'affaires et des résidences haut standing en plein centre-ville, ainsi qu'un complexe hôtelier très haut de gamme le long de la corniche annabie -, Sidar devait déployer des investissements à hauteur de 50 millions de dollars. Aussi, pas moins de 15 000 emplois, directs et indirects, en étaient attendus. Les années passèrent et repassèrent et tous ces milliers de rêves finirent par s'effilocher, la pierre de Bouteflika de s'effriter.
Des guerres d'intérêts occultes dans la plus haute sphère décisionnelle du pays avaient eu raison des trois projets. Attendant son ou ses éventuels «aménageur (s)», la ZET de Sidi Salem n'a rien à offrir, sauf un décor des plus repoussants : des montagnes de décombres, de cadavres de bouteilles d'alcool, d'ordures ménagères et de déchets hospitaliers d'où se… nourrissent des vaches et des chiens errants. Quant aux ZET de la corniche (356 ha), Chetaïbi-centre (196 ha) et Seraïdi (1375 ha dont 137 aménageables), selon les chiffres de Mme Fnides, leur aménagement n'est, semble-t-il, pas à l'ordre du jour.
A Annaba, la course est plutôt à l'édification d'hôtels bas de gamme (0 à 1 étoile). Car en réalité, pour nombre de promoteurs de projets dans le secteur, c'est le foncier bien situé qui importe le plus. En témoignent les 14 établissements, en cours de réalisation, cumulant un millier de lits et appelés à créer environ 800 emplois, selon la direction locale du tourisme. C'est pour dire qu'à de rares exceptions, comme le complexe Sabri, Rym El Djamil, Majestic, Mimosa Palace, Seybouse International, El Mountazeh, ou encore le Sheraton (203 lits) qui sera réceptionné en mars 2016, les établissements hôteliers annabis s'apparentent pour la plupart à des immeubles-dortoirs, pour ne pas dire des pensionnats abritant les réfugiés syriens et subsahariens.
N'est-il pas déplorable que l'une des plus belles villes côtières d'Algérie, voire du continent, vers laquelle affluent des centaines de milliers d'estivants/an - 1,7 million en 2014 et 2,5 à 3 millions attendus en 2015 - soit dotée d'à peine 42 hôtels et seulement 4136 lits ? La même cité, où paradoxalement les promotions immobilières privées poussent comme des champignons sur des sites initialement réservés ou affectés à des projets touristiques. C'est à se demander si les nouvelles mesures appelées à entrer en vigueur en septembre prochain et qui sont susceptibles de «révolutionner le tourisme algérien», promettait Amar Ghoul, ne sont pas des paroles et rien que des paroles dont on ne cesse de gaver les Algériens ?


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