CHU de Tizi Ouzou, 22 juillet, midi. Des youyous fusent dans le couloir du service des urgences médicochirurgicales. Une vingtaine de femmes en robe kabyle accueillent avec allégresse un enfant qui vient de subir une opération de circoncision. Une joie qui tranche avec l'activité quotidienne des UMC et le ballet d'ambulances déversant un flot de patients et de blessés. Pas pour longtemps. La sirène d'un véhicule sanitaire retentit devant le bâtiment. Une infirmière sort un chariot brancard sur lequel git un sexagénaire heurté par une moto. Il vient d'Iferhounène, à 70 km du chef-lieu de wilaya. Evacué la veille, le malade est «renvoyé» après examen médical vers son secteur d'origine où il sera gardé en observation. Le lendemain, l'équipe médicale de l'hôpital de Aïn El Hammam l'oriente de nouveau vers le CHU de Tizi Ouzou pour passer un scanner. Premier «test» : deux heures d'attente dans un couloir bondé où transitent, sous les yeux des enfants et des adultes, des blessés étendus sur des civières. Dans un coin, deux ouvriers munis de perceuses effectuent des travaux au milieu des malades. 13h45, le vieil homme, visage creusé par la fatigue, prend son mal en patience devant la salle des consultations de neurochirurgie. Il ne s'exprime que par des gestes. «Les médecins du service sont au bloc opératoire. Il n'y a personne pour signer la fiche d'admission», lance-t-on aux accompagnateurs du malade. Ce n'est que vers 14h, soit deux heures après son arrivée aux urgences que le patient est transporté vers la salle d'imagerie médicale, sous un soleil de plomb. Mais ce n'est pas tout. Le scanner fonctionne mais il n'y a pas de cliché. Il faut lire le diagnostic sur écran numérique. Reste à trouver un médecin disponible pour le faire. «Mon fils âgé de 2 ans a fait une chute sur la tête. Il vomit. Je crains un traumatisme interne. Je suis arrivée aux UMC à 9h et ce n'est qu'à 14h qu'on a pu avoir un OK pour un scanner, mais on nous a dit qu'il n' y a pas de cliché», nous dit une maman. «Tous les cas jugés urgents par les médecins sont pris en charge immédiatement», rétorque le Pr Ziri, directeur du CHU. «Pour une meilleure organisation du service, toute demande de scanner dans le cadre des urgences est subordonnée à une hospitalisation. L'admission demandée par le médecin est entérinée par l'administration via le bureau des entrées. Une fois la fiche navette faite, le malade fait son scanner.» Il poursuit : «Nous assurons jusqu'à 400 clichés par jour. La radio numérique fonctionne H24. Elle ne s'occupe pas uniquement des urgences. Par moment, elle tombe en panne ce qui nous contraint à balancer sur la radio numérique située au niveau de la radiologie centrale.» «Lits occupés à 220%» Une moyenne de 400 malades est enregistrée quotidiennement au niveau des urgences du CHU. Pas moins de 92 000 malades ont été pris en charge par le service des UMC durant l'année 2014. Quelque 14 683 admissions d'urgence ont été dénombrées et 2681 actes opératoires effectués. «Les UMC disposent de 60 lits. Le service est dépassé par le flux de malades avec un taux d'occupation de 220%. Le coefficient de rotation des lits est de 386%», explique le Pr Ziri. Un constat corroboré par le chef de service des urgences : «Est-ce normal qu'on évacue un malade vers le CHU pour une simple appendicite ? Le service minimum doit être assuré dans les autres structures de santé durant les congés. Nous avons un manque de paramédicaux. Notre service ne dispose pas d'assez de places», souligne le Dr Oukid Karima précisant que tous les cas urgents sont pris en charge immédiatement. «Une quinzaine d'actes opératoires est effectuée quotidiennement. Quand l'équipe du jour arrive au bloc opératoire à 8h, celle qui était de garde fonctionne encore», fait remarquer, de son côté, le coordinateur du service des UMC.
