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Sur les mers, d'Osaka à Bab El Oued
Boualem Boughella
Publié dans El Watan le 14 - 08 - 2015

«J'habitais sur les hauteurs de Bab El Oued et je voyais passer les bateaux tous les jours», raconte Boughella Boualem, ce pilote arrimé à Bab El Oued.
Certainement le défilé des navires qui accostent ou des vaisseaux en rade dans la baie d'Alger qui a, inconsciemment, forgé sa vocation de pilote. Boualem Boughella est entré dans la marine dès l'âge de 21 ans.
«Elle est venue à moi, un camarade avait un père à l'école de la marine marchande», raconte-t-il. Ce camarade l'incite à tenter le concours. Il ne se pose pas de questions et passe le concours : «Qui n'aime pas la mer ? Qui ne voudrait pas voyager ?» Il le réussit brillamment.
Cette année-là, ils n'étaient que sept à l'avoir réussi. Modeste, il ajoute : «Il y avait peu de candidats», «soixante-douze», précise-t-il, comme sa mémoire ne vacille pas. A l'école, l'ENSM (l'Ecole nationale supérieure maritime), après une première année préparatoire, les aspirants officiers partent naviguer durant dix-huit mois. «ça m'a plu», lance Boualem Boughella, «et pour réussir quelque chose, il faut aimer». «Il y avait beaucoup de professeurs français à l'époque», note-t-il.
«En 1972, je suis monté sur mon premier rafiot à Bougie», port où il achève sa longue carrière. Il a pris la direction de Sète, sans présenter de supplique. Ensuite, ce fut «la mer, la mer, toujours recommencée». Il a tracé ses sillons sur la mer et les océans un peu partout. Il s'est attardé sur les quais de ports mythiques : Anvers, Hambourg, Brème, Rotterdam. Il a poussé jusqu'en Pologne, puis les pays baltes et la Suède.
Le voyage le plus mémorable ? Un souvenir quelque peu cauchemardesque: «Une fois, j'étais un marin malade, à quatre jours du port le plus proche, j'ai été obligé de détourner le navire au sud de l'Inde, à Goa, c'était la mousson.» Son voyage le plus long ? Un trajet de 41 jours : au départ de l'Espagne, «sans passer pas le canal de Suez», il a longé le continent africain pour parvenir à Osaka. Ensuite, il a frénétiquement parcouru le Pacifique. Il a vu la Corée, Taïwan, à une époque où les échanges mondialisés n'étaient pas si intenses, et ces périples rares ou inespérés pour le plus grand nombre. Son coup de cœur, à l'enfant de Bab el Oued, c'est le Japon. Il aurait pu y vivre, nous confie-t-il. Le reste – du monde – ne lui dit pas grand-chose : «Je suis trop attaché à l'Algérie.»
Sextant
D'ailleurs, ses traversées au large des cinq continents ne l'ont pas empêché de fonder une grande famille. Marié à l'âge de 22 ans, il est le père de huit enfants : «Quatre filles et quatre garçons.» Le pilote précise qu'«au début, il n'y avait pas de long cours». L'évocation de l'éloignement fait surgir une pointe de sensibilité calfeutrée : «Ma femme ne dit rien, c'est une mère déterminée.» Il ne faut pas confondre ce voyageur avec un simple baroudeur, ou un passager clandestin avec sa besace sur le dos.
Commandant ou pilote, c'est avant tout «un état d'esprit» pour Boualem Boughella. Le «respect» est la valeur cardinale à bord. Savoir prendre des décisions est une exigence.
En mer, «il y a des moments critiques qu'il faut savoir gérer», explique-t-il. «Il faut gérer son stress», par exemple dans «les brumes de la mer du Nord».
Notre pilote ajoute qu'«avant ce n'étaient pas les mêmes instruments, il n'y avait pas de radar ; on faisait nos propres calculs, sur des feuilles, appelées ploting shit : l'anglais est une langue primordiale à bord.» Il taquine la jeune garde : «Les officiers aujourd'hui ne savent pas utiliser un sextant, ils ont toujours des GPS.» Il prodigue des explications sur la manipulation du sextant qui font voyager dans le temps : «Il faut une bonne vision de l'horizon.
On choisit les étoiles les plus brillantes ; quand se croisent les trois étoiles, vous avez votre position, le sextant donne la hauteur de l'astre plus le relèvement.» Il parlera même de l'astrolabe, mis au point par les Arabes. S'il appréciait ses périples, le rôle de pilote lui sied encore plus. Il y trouve du plaisir : «Ce que j'aime ce sont les commandes.» Après de longues et trépidantes années comme commandant, de 1995 à 2006, il a accédé au rang de pilote.
Tonicité
Pour monter en grade, un commandant doit, en vue de devenir pilote, suivre douze mois de formation et réussir, en bout de course, l'examen qui les sanctionne. «Il faut, au minimum, quinze ans de commanderie.» Le pilote est en charge des manœuvres : rigueur, prudence et méticulosité sont ses maîtres-mots.
En règle générale, arrivé aux abords du port, «si le commandant est apte à faire sa manœuvre, il peut la faire». Autrement, un pilote chevronné, justement parce que naguère le commandant procédait à la manœuvre à sa place. Ainsi, vif d'esprit, les manœuvres le stimulent : «Pour faire accoster un navire, il faut prendre en considération les conditions climatiques, apprécier les distances, les vents, les courants ; l'an passé, j'ai fait plus de 900 manœuvres.» Techniques, les manœuvres sont aussi intuitives : «Chaque navire appréhende la réalité à sa façon, il faut connaître», commente-t-il.
Il poursuit : «Le plus important pour diriger un navire, ce sont les techniques de stabilité ; vous pouvez faire chavirer un navire sans aller en mer si vous ne les maîtrisez pas.» Il peut se targuer d'une grande expérience qui l'a doté d'une précision redoutable.
Passionné par son métier, Boualem Boughella n'en demeure pas moins lucide. Malgré une bonne formation, une pratique conforme aux règles internationales, la profession reste peu connue et manque de considération : «Les Algériens sont les moins payés, même les pilotes nigérians le sont plus...» Alors, «les jeunes vont beaucoup au Golfe, moi je suis trop vieux pour y aller».
Ce regard porté sur lui ne l'empêchera pas de saisir sa corde à sauter et d'entamer une série de sauts impressionnante de tonicité : «Il faut garder la forme pour naviguer.» La sienne résiste à l'épreuve de l'âge.


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