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Au pays du sultan Si Zaghdoud
Cap de fer «Ras Lehdid» de Skikda
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2015

L'isthme du Cap de fer (Ras Lehdid) est le point le plus septentrional de la côte algérienne. On dit que c'est le plus beau cap de la rive sud de la Méditerranée. On dit aussi que son phare, qui porte d'ailleurs son nom, dépasserait de son imposante stature promise aux quatre souffles tous les sémaphores et tous les feux de la côte algérienne.
On dit beaucoup de choses à propos du Cap et on raconte tant de légendes, mais Ras Lehdid, qui porte bien son nom, s'entête à couver ses mystères.
Son phare, lui, aime plutôt à s'exhiber tel un burlat sur la mamelle d'un féminin corsage. «Regardez l'allure de ce grand rocher qui s'étend sur plusieurs dizaines de mètres.
Regardez, c'est par là. N'y voyez-vous pas l'image d'un corps de femme endormie ?» insiste le vieux Messaoud, notre accompagnateur.
En scrutant l'espace délimité, l'imaginaire ne peut alors qu'accompagner ce fantasme masculin qui voit du féminin dans tous les recoins, fussent-ils des pierres d'un mont des plus rocheux.
Que de vagues rochers !
Pour parvenir à ces lieux, on emprunte le chemin communal qui prend naissance de La Marsa, un semblant de commune située à moins de 60 km à l'est de Skikda.
De là, Messaoud, le guide de fortune, s'est plu à nous faire voguer dans un monde imposant fait de monticules et de rochers le long des 12 km formant le trajet. Dès les premiers kilomètres, on est vite saisi par d'insolites couches pourpres du sol et par d'étranges tons blanchâtres des rochers.
De grands rochers aux contours polis et délicatement arrondis par l'effet des vents souvent violents dans ces lieux. Autant on avançait, autant on subissait l'imposant paysage volcanique de cet isthme aux rebords ourlés et tourmentés qui chutent mollement pour finir dans la mousse des vagues.
Ces lieux restent connus pour deux événements historiques. Le premier est en relation avec le signalement du passage du navire de guerre le Breslau et le Goeben, deux croiseurs allemands qui, le 4 août 1914, venaient de tirer les premiers obus de la Première guerre mondiale sur les villes de Skikda et Annaba. «Le Breslau n'arrête pas de changer de direction», notaient alors les gardiens du sémaphore de Ras Lehdid.
Un signalement qui ne fut pas pris en considération et qui permit aux deux navires allemands de prendre le large sans être inquiétés. Le second remonte au mois de janvier 1841 lorsqu'une tempête emporta 28 navires dont le fameux Espérance qui se brisa sur les rochers du Cap de fer.
Les naufragés ont alors été secourus par un certain Cheikh
Bouafia, qui les ramena par la suite sains et sauf à Skikda. «Voilà, on y est», annonce Messaoud comme pour nous ramener au présent. Nous voilà donc au Cap de fer perchés à plus de 450 m d'altitude, juste au pied du mont Menada.
Et voilà aussi que le phare du Cap expose insolemment sa blancheur. On est au point le plus élevé du Cap, et de là on aperçoit l'isthme se rétrécir et aller se morfondre, tel un serpent, et se jeter, plus loin, dans les eaux de la grande bleue.
Menada ! C'est une élévation rocailleuse qui semble veiller sur les lieux.
Messaoud raconte que cette imposante masse de roche couve en son sein deux excentricités. «C'est le seul endroit en Algérie où on trouve des figues de barbarie sans épines.
Seulement, il faudrait escalader ces lieux pour dénicher ces fruits exotiques qu'on épluche à mains nues», se plaît-il à rapporter. Il raconte aussi que Menada abrite plusieurs petites grottes où pullulent des dizaines d'essaims d'abeilles. «Personne ici ne s'aventure à aller récolter le miel.
Les gens de la région placent seulement des récipients au-dessous de ces grottes pour recueillir le miel sauvage au goût si singulier qui en déborde». Il se rattrapera par la suite pour évoquer une autre curiosité propre au Cap : «Ici vit une race autochtone de mulets. C'est une race sauvage qui survit dans ces terres et ces monts depuis des lustres. Ces bêtes sont différentes de l'autre espèce de mulet connu en Algérie.»
Si Zaghdoud, le Sultan oublié
Le mont Menada tire son appellation de celle d'une famille qui habitait ces lieux bien avant la colonisation française. Ils sont les descendants de Si Zaghdoud. Ce personnage ne vous dira rien, peut-être. Normal, c'est l'une des rares personnalités historiques de l'Algérie à n'avoir jamais eu la reconnaissance qu'on lui doit. Pourtant ! «Si Zaghdoud était dans la province de Constantine ce qu'est Abdelkader (l'Emir) dans les provinces d'Oran et d'Alger», écrivait en 1885 le colonel De Montagnac dans l'une de ses lettres.
C'est ce même colonel qui assassina Si Zaghdoud dans ces mêmes lieux le 3 mars 1843, mettant fin à l'une des plus belles épopées des luttes populaires dans l'Est du pays. Sa mort n'avait pas suffi à l'époque.
L'armée française est allée jusqu'à le décapiter et exhiber sa tête comme un étendard. Même la bourse en cuir qui se trouvait sur lui fut exposée comme un butin de guerre lors de l'inauguration du Musée de l'armée à Paris en 1897.
C'est dire que le colonisateur n'ignorait pas la valeur de cet homme qui voulait libérer Constantine. Il a même mené des batailles aux portes de Skikda, Annaba, Jijel et Béjaïa. Il disposait d'une véritable armée composée de plusieurs tribus locales dont les Zardezas, les Beni Mhenna, Béni Ishak, Béni Oulbène, Ouled El Hadj… qui le proclamèrent sultan.
Berbère des Ouled Djebbara, Si Zaghdoud s'installa au Cap de fer bien avant la colonisation après avoir suivi des cours de théologie à Constantine.
Cette consécration lui permit d'officier en tant que Cheikh auprès de la tribu de Beni M'hammed, originaire du Cap. C'est ici d'ailleurs qu'il entame sa lutte le 19 juin 1841 en s'attaquant à un convoi de 25 spahis commandés par le sous-lieutenant Allaume, venus collecter les impôts auprès des habitants. A partir de cet instant, Si Zaghdoud est déclaré ennemi public numéro un, ce qui ne l'empêcha pas de se rendre à la tribu des Zardezas et de les convaincre de lutter contre le colonisateur.
D'autres tribus viendront se joindre à lui et la lutte est alors déclarée. Parler de toute cette épopée populaire nécessiterait toutes les pages de ce journal.
On retiendra cependant quelques haltes significatives. Sa lutte connut son apogée durant l'année 1842. Fin stratège, il ne se contentait pas de défendre, mais osera même s'attaquer aux militaires français.
Mais ses plus valeureux faits d'armes sont incontestablement les batailles menées à El Harrouche et à Souk Tleta, au sud de Skikda. La bataille d'El Harrouche qui eut lieu le 20 mai 1842 est en fait une double attaque. Si Zeghdoud et plus de 2000 combattants se sont attaqués au camp militaire censé sécuriser la route menant de Constantine à Skikda ainsi qu'au camp d'Eddis.
La bataille de Souk Tlata, entre El Harrouche et Mjez-Dchich, est digne des grandes batailles militaires et reste aussi très significative puisqu'en la préparant Si Zaghdoud ne cessait de répéter à ses hommes : «Je veux reprendre Constantine aux Français».
Il montra aussi son ingéniosité amenant les colonisateurs à lui reconnaître le sens de la stratégie militaire. Cette bataille eut lieu le 4 mai 1842 lorsque le colonel Brice à la tête de 2000 soldats était venu chercher Si Zaghdoud et ses hommes.
Ces derniers se montrent au départ, puis se dispersent et font semblant de partir.
Croyant qu'ils avaient peur des soldats français, Brice rebrousse chemin mais fut aussitôt pris au piège. Une bataille s'engagea et dura près de 24 heures.
Si Zaghdoud en sortit victorieux et reçut en signe de reconnaissance un canon et 50 boulets. Au lendemain de cette bataille, l'Emir Abdelkader lui écrit pour lui promettre une dotation en armes. Si Zaghdoud poursuit sa lutte jusqu'au mois de mars 1843 quand il fut donné par son propre secrétaire qui montra aux soldats français le lieu où il se reposait. Il fut surpris et tué alors qu'il dormait au milieu de sa famille.
Le lendemain de sa mort, sa femme et ses quatre enfants sont emmenés vers une prison pour femmes. En dépit du deuil, la femme de Si Zaghdoud étonna les soldats français par son attitude.
Voici ce que rapportait à l'époque le journal parisien La Presse : «La femme de Si Zaghdoud a 30 ans ; elle n'est pas jolie à la façon de nos parisiennes, mais elle a de grands traits pleins de noblesse et de fierté (…) cette femme n'avait pas poussé un cri, pas fait entendre un gémissement, pas versé une larme, sa figure était restée calme ; peut-être même hautaine». Comme quoi, bon sang ne saurait mentir.


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