L'industrie pétrolière continue de payer un lourd tribut, conséquence de l'effondrement des cours du brut. Les compagnies pétrolières sont poussées à adopter des mesures drastiques d'économie pour la seconde année consécutive. Après l'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, qui envisage 2800 suppressions de postes, c'est au tour du groupe pétrolier britannique BP d'annoncer son intention de supprimer au moins 4000 emplois dans le monde en deux ans, soit un peu moins de 17% de ses effectifs de l'activité Amont (exploration et production) et près de 5% de ses effectifs totaux. «Compte tenu des problèmes bien connus de l'activité dans cette région qui devient mature et du durcissement des conditions de marché, nous devons prendre des mesures particulières pour nous assurer que notre entreprise reste compétitive et robuste», a expliqué Mark Thomas, président régional de BP pour la mer du Nord. Ces suppressions d'emplois viennent s'ajouter aux 2800 suppressions (3% des effectifs totaux) envisagées par la compagnie anglo-néerlandaise Royal Dutch Sheel dans le nouveau groupe fusionné issu de son rachat de BG Group. Sans compter les 7500 suppressions de postes déjà annoncées parmi les employés de Shell et ses sous-traitants directs. Avec des prix de pétrole au plus bas depuis 12 ans, le groupe britannique Tullow Oil a annoncé, quant à lui, qu'il allait réduire d'au moins 600 millions de dollars ses investissements en 2016. L'investissement en capital du groupe dans ses activités en cours passe de 1,7 milliard de dollars en 2015 à 1,1 milliard de dollars en 2016 et le groupe cherche des possibilités de le réduire davantage, a précisé Tullow Oil dans un rapport d'activité. Le montant consenti aux investissements en 2015, 1,7 milliard de dollars, a lui même été inférieur de 200 millions de dollars aux prévisions du groupe publiées l'an passé, en raison de mesures d'économie. Tullow Oil a expliqué en outre avoir enregistré plus de 900 millions de dollars de dépréciations diverses en 2015 à cause des cours du pétrole faibles. Au Brésil, le groupe pétrolier Petrobras va réduire de 24,5% son plan d'investissement jusqu'en 2019 et diminuera ses objectifs de production à cause de la chute des cours du brut et de la dépréciation du réal face au dollar. Ces nouveaux investissements (business plan, ndlr) 2015-2019, de 98,4 milliards de dollars représentent une réduction de 32 milliards de dollars par rapport aux montants initialement prévus (130 milliards de dollars). C'est la conséquence d'une optimisation du portefeuille de projets (-21,2 milliards de dollars) et du marché des changes (-10,7 milliards de dollars), selon un communiqué de Petrobras. Le groupe qui a réduit ses objectifs de production au Brésil pour 2016 prévoit des désinvestissements à hauteur de 15,1 milliard de dollars. Selon le cabinet de conseil spécialisé norvégien Rystad Energy, les investissements mondiaux dans le pétrole et le gaz devraient tomber cette année à 522 milliards de dollars, après une baisse de 22% à 595 milliards en 2015. «Ce sera la première fois depuis la crise des cours pétroliers de 1986 que l'on connaîtra deux années consécutives de baisse des investissements», a résumé Bjornar Tonhaugen, vice-président de Rystad Energy.