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L'enlèvement du poste d'El Horane par l'ALN, il y a 58 ans : le 4 février 1958
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Publié dans El Watan le 02 - 02 - 2016

L'histoire contemporaine de notre pays, notamment celle non encore écrite de la lutte de Libération nationale, est jalonnée d'exploits héroïques malheureusement voués à l'oubli, car inconnus par manque de médiatisation et surtout de vulgarisation.
Toutes ces prouesses aussi fantastiques les unes que les autres, intervenues partout à travers le territoire national, ont permis à l'ALN non seulement d'infliger des pertes considérables à l'ennemi, mais aussi de s'approvisionner en armes et en munitions chez l'ennemi-même. C'est pourquoi nous devons, pour ceux dont la mémoire reste encore intacte, les immortaliser en léguant aux générations futures ce glorieux et inestimable héritage, acquis grâce à l'abnégation et aux sacrifices consentis par nos vaillants combattants, aidés et soutenus en cela, par une population totalement acquise, pour accomplir l'idéal de justice, de liberté et d'indépendance.
Parmi ces faits, une action d'éclat dont très peu de gens ont vaguement entendu parler : l'attaque et la prise du poste militaire d'El Horane, le 4 février 1958. Ce poste, qui abritait le poste de commandement du 2e Escadron du 8e Régiment des spahis, est situé à Hammam Dalaâ, à 25 kilomètres à l'ouest de M'sila. Lieu d'approvisionnement des autres postes de la région, il renfermait un fabuleux entrepôt d'armes et d'équipements militaires.
Doté de 6 véhicules blindés armés d'un canon et de mitrailleuses 12/7 et 30, il était défendu par 31 spahis sous le commandement du lieutenant olivier Dubos, celui-là même qui avait, le 28 mai 1957, participé au massacre des habitants de Melouza. En attaquant ce poste avec un succès remarquable, l'ALN a récupéré une importante quantité d'armes et de munitions et fait de nombreux prisonniers, à leur tête un lieutenant. Cette action a été qualifiée de coup de tonnerre dans un ciel sans nuage en raison de la configuration semi-désertique des lieux réputés pour la tranquillité qui règne dans l'immense plaine des Maâdid et qui s'étend jusqu'à M'sila. C'est pourquoi il est important, aujourd'hui, d'immortaliser cette prouesse, de rendre hommage à ses acteurs en publiant ce témoignage relatant sa conception et son déroulement.
Cet exploit est l'œuvre du sergent-chef des renseignements de la région I, zone II, Wilaya III, Abdelhafid Adouane, qui fut le premier à établir le contact avec Mohamed Zernouh, originaire de Zaâfrane, une localité proche de Djelfa, alors sergent-chef de l'armée française dans ce poste, et qui a facilité grandement l'attaque. Comme c'est également l'œuvre de l'aspirant des renseignements Boubekeur Messaoudi, chef hiérarchique d'Adouane.
Evidemment, l'opération est appuyée et soutenue par le sous-lieutenant Rabah Beldjerb, chef de la région, et ses adjoints, les aspirants Saïd Saoud, dit «l'Autchkiss», et Aïssa Hebid, dit «Aïssa Blindé». A cet égard, un plan est établi dans le secret
absolu par le chef de région, Rabah Beldjerb et son adjoint des renseignements, l'aspirant Boubekeur Messaoudi avant de le soumettre à l'approbation du colonel Amirouche, qui désigne le lieutenant Mustapha Nouri afin de coordonner l'attaque et définir l'itinéraire de repli à travers les régions II et III, et ce, jusqu'au PC de la wilaya, dans la forêt de l'Akfadou. L'aspirant Hamid Mezaï, en sa qualité de responsable sanitaire de la zone II, est intégré au noyau de commandement. Il me confie l'installation d'un cordon sanitaire dans la forêt de Beni Ouagag, tandis qu'il sera sur les lieux de combat afin de donner les premiers soins aux blessés éventuels.
Il est également décidé que la compagnie de la région I, à tout seigneur tout honneur, scindée en quatre groupes, sera au cœur de l'attaque, appuyée par la 3e compagnie du bataillon de la zone II, sous le commandement de l'aspirant Moh'Arezki Ouakouak, tandis que la compagnie de la région II, qui reste sur son territoire, sera en couverture à Beni Ouagag, choisi comme lieu de repli des attaquants et que ces derniers doivent nécessairement rallier après cinq heures de marche. La date de l'opération est finalement fixée au mardi 4 février 1958.
Le jour venu, le dispositif est mis en place comme suit : trois sections embusquées sur chacune des routes menant au poste ont pour mission d'intercepter les renforts éventuels.
Le lieutenant Mustapha Nouri, le sous-lieutenant Rabah Beldjerb et l'aspirant Aïssa Hebid commandent chacune d'elles. Les autres sections sont scindées en quatre groupes, avec mission d'attaquer et d'occuper les objectifs fixés à l'avance, en l'occurrence : le réfectoire, le dortoir, le parc où sont stationnés les six véhicules blindés et l'arsenal. A cet égard, les aspirants Naïmi, Saïd Saoud, Arezki Ouakouak et Hamid Mezaï sont chargés de les diriger. L'assaut est donné tout de suite après la tombée de la nuit. Mohamed Zernouh ouvre comme prévu le portail métallique, permettant ainsi aux djounoud de l'ALN d'entrer sans bruit l'un derrière l'autre à l'intérieur du poste. Il donne ensuite des renseignements sur la position de tous les soldats français qui s'y trouvent : une partie des soldats est dans le dortoir et l'autre au réfectoire. C'est l'heure du dîner. Les quatre groupes de djounoud de l'ALN se déploient pour rejoindre les objectifs assignés à chacun d'eux. Le premier se dirige vers le dortoir pour neutraliser ses occupants, tandis que le second ayant pris la direction de réfectoire essuie des tirs touchant mortellement un combattant de l'ALN.
Assiégés, les soldats du réfectoire se barricadent à l'intérieur. L'aspirant Saïd Saoud, voulant forcer la porte du mess avec un coup d'épaule, est touché par une balle au bras droit. Pendant ce temps, pour ne pas perdre de temps, les deux autres groupes prennent possession des différents points du site, à savoir l'arsenal et le parc où se trouvent les voitures blindées. Ils s'emparent alors des armes, des munitions, des obus, des mitrailleuses 12/7 et 30 installées sur les voitures blindées. Dehors, 63 mulets attendent et sont prêts pour le chargement du butin. Chaque mulet est accompagné par son propre propriétaire (des civils de la région qui avaient été mobilisés pour la circonstance). A tour de rôle, ils chargent une quantité d'armes et de munitions. Au bout d'une heure, les 63 mulets sont tous chargés et prêts à partir.
L'ordre de départ leur est alors donné. Les autres djounoud restent sur place pour négocier la reddition des soldats du réfectoire. Face au refus de ces derniers de sortir, la décision d'asperger d'essence les fenêtres du réfectoire est prise. Voyant les djounoud de l'ALN s'apprêtant à mettre le feu au mess, les soldats décident de sortir les mains sur la tête. Il y avait en tout 17 prisonniers, à leur tête le lieutenant Olivier Dubos. Peu après, la deuxième équipe quitte les lieux avec les prisonniers, et ce, en prenant le soin de mettre le feu au poste et détruire tout ce qui ne peut être emporté. C'était gigantesque, les flammes sont visibles de M'sila, à 25 km.
Vers minuit, un avion est venu planer au-dessus du poste en flammes. Entre-temps, le convoi s'éloigne de plus en plus, les mulets devant et le reste derrière. A 6 heures du matin, il arrive à Beni Ouagag. A ce moment précis, on aperçoit un avion de reconnaissance qui survole la région cherchant d'éventuelles traces. C'est un succès : nous avons compté un seul martyr et un seul blessé. Le convoi arrive à Beni Ouagag à 6 heures du matin. Au refuge de la forêt de Beni Ouagag, les djounoud ayant mené l'opération sont mis au repos pendant que la compagnie de la région I assure la garde et tient à l'œil les prisonniers qui sont, eux aussi, très fatigués après les six heures de marche forcée.
Nous avions quitté la forêt de Beni Ouagag en fin de journée, vers quatre heures de l'après-midi. Nous marchons alors que les avions survolent la région. Nous sommes escortés par la compagnie du bataillon de choc, tandis que les compagnies des régions I et II rejoignent leurs bases. Nous marchons toute la nuit. Au petit matin, nous traversons l'immense oliveraie de la plaine de
Tazmalt avant d'arriver au douar Aït M'likeche pour nous joindre aux deux autres compagnies du bataillon de la zone II. Son chef, le lieutenant Chaïb Mohand Ourabah est là. Ignorant notre itinéraire de repli, il s'apprêtait, pour faire diversion, à organiser une embuscade aux goumiers du village de Taghalat. Mais l'ayant appris juste à temps, il avait aussitôt annulé l'opération.
Après la halte d'Aït M'likeche, d'autres mulets sont libérés et leur chargement dissimulé dans le village. Nous reprenons le chemin à la faveur de la nuit, sous une bonne escorte - celle du prestigieux bataillon de choc en entier - jusqu'au douar Ighram, situé non loin d'Akbou où nous séjournons pendant deux jours. Cette halte prolongée est mise à profit pour montrer nos prisonniers à la population de plusieurs villages du douar. C'était la manière la plus efficace pour nous de démentir la propagande de l'ennemi. Les locataires de la caserne d'Akbou où est stationné le régiment d'infanterie de marine sont sûrement mis au courant de notre présence par des informateurs, mais ils savent aussi fort bien que nous disposons d'armement de qualité et d'une unité d'élite.
Au bout de ces deux jours de repos, nous avons pris la direction d'Ouzellaguen, avant de gagner la forêt d'Akfadou où nous attend le colonel
Amirouche. A chacune de nos étapes, les mulets, soulagés de leurs lourdes charges confiées au chef du village pour les dissimuler dans des caches, s'en retournent alors chez eux, enfourchés fièrement par leurs propriétaires, heureux d'avoir accompli leur mission. La stratégie mise en œuvre pour suivre tout ce parcours a été payante à plus d'un titre, dès lors que nous avons réussi, tout au long de notre repli, à brouiller les pistes suivies par l'armée française.
Elle est mise dans l'incapacité de deviner la direction exacte que nous avons prise, depuis le départ du poste d'El Horane, en ayant jugé quasi-impossible, pour un convoi aussi lourd, de traverser la distance depuis El Horane jusqu'à la forêt de Béni Ouagag et surtout d'y arriver avant l'aube. Elle a manifestement ignoré l'usage des mulets pour transporter les armes et les munitions. Le choix du chemin le plus long a donc été décisif. Il faut dire aussi que là où nous sommes passés, il y a une organisation qui veille au grain. Les civils font sortir leurs chèvres pour effacer les traces de pas que nous laissons derrière nous. Nous sommes reçus, bras ouverts, par le colonel Amirouche, visiblement heureux de ce coup terrible porté à l'ennemi.
Il faut reconnaître que l'enlèvement du poste militaire d'El Horane est, sans conteste, l'une des actions les plus spectaculaires réussies par l'ALN. Aujourd'hui, nous sommes persuadés que ce haut fait d'armes réalisé par les combattants de la zone II de la wilaya III marquera les mémoires pour la postérité. Mais qui s'en souvient aujourd'hui en dehors de quelques vieux habitants de la région qui ont vu ce qui s'était passé ? Qui le commémore ? Qui parle de cet acte héroïque qui a marqué nos esprits ? Aucune stèle n'est érigée pour l'immortaliser, aucun hommage officiel n'a été rendu aux acteurs, notamment le fils de Zaâfrane, Zernouh Mohamed, qui fut l'auteur principal ? Il est tombé héroïquement au champ d'honneur, à son retour des Aurès, en avril 1960, au milieu de ses
djounoud dans une bataille prêt d'El Kseur, à l'âge de 46 ans, après avoir dirigé, avec le grade de lieutenant, pendant plus d'une année, le bataillon de choc de la zone II. 

Par Abdelmadjid Azzi
Ancien combattant de l'ALN


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