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«La bataille doit être menée contre les facteurs de risque»
Messaoud Zitouni. Professeur chirurgien et coordonateur du Plan cancer 2015-2019
Publié dans El Watan le 04 - 02 - 2016

Dans cet entretien, le professeur Zitouni revient sur les grands objectifs du Plan cancer 2015-2019. La priorité, pour lui, est de mettre en place une politique de prévention forte et le dépistage précoce, sachant que le tout- curatif a montré ses limites chez nous et ailleurs dans le monde. Il plaide pour une réorientation de la politique du système de santé en Algérie.
- Une année s'est déjà écoulée pour le Plan cancer 2015-2019. Quelle évaluation faites- vous pour cette première période ?
Mon appréciation est mitigée. En même temps, je suis extrêmement satisfait parce que les espoirs que nous avions placés dans la vision et la stratégie de ce Plan cancer ont été pris en charge de manière responsable et totale par les professionnels de santé qui ont marqué un esprit de mobilisation sans précédent. Dans ce cadre, nous avons mis en place, grâce à leur participation, une véritable feuille de route qui vient en continuité de l'esprit de la philosophie du Plan cancer.
Une feuille de route qui va répondre, nous pensons, modestement à l'attente qu'a placée en eux le pouvoir politique, à savoir le président de la République. Il faut rappeler que le président de la République avait ordonné que le Plan cancer devait se faire dans un esprit de mobilisation sans précédent et les professionnels de santé ont tenu promesse. Dans les faits, des choses ont été réalisées, à savoir la mise en place du Comité national de pilotage, décidé à l'issue du Conseil des ministres du 24 mai 2015. Ce comité national du pilotage s'est déjà réuni à deux reprises, j'ai coordonné ces travaux et la prochaine réunion est prévue pour début mars.
D'autres travaux sont entamés sur le terrain et ont rencontré une réponse positive de la part des professionnels de santé, médecins, infirmiers, administratifs, aussi bien que dans les structures de santé décentralisées ou centralisées, telles que les DSP, CHU, etc. Ce Comité national de pilotage composé d'une centaine de membres va travailler dans la transparence la plus totale et on a mis beaucoup de temps pour mettre en place le règlement intérieur.
D'autre part, une charte de travail et d'éthique a été adoptée. Ce travail se fait en réseau et toute contribution de la part des membres est soumise à l'appréciation de tous les autres membres dans la transparence la plus totale. Des synthèses sont faites, desquelles découlent des décisions qui ne sont pas, je précise, consultatives.
Il s'agit d'une feuille de route qui oblige les autorités pour leurs réalisations. J'espère que le Plan cancer va engager les Algériens dans un grand défi. Il est l'un des indicateurs premiers du succès de ce plan. Cela pour la satisfaction. J'ai dit aussi que mon avis était mitigé. En tant que responsable de ce plan, j'aurai pu me tresser des lauriers à partir du moment qu'un premier Plan cancer structuré, écrit est reconnu par les autorités. Mais je pense qu'actuellement, ce plan n' a pas tous les moyens stratégiques capables de libérer des élans encore plus fructueux pour la santé des Algériens.
Il y a encore des obstacles bureaucratiques, héritage normal des anciennes gestions. J'espère que la coordination et plus de coopération mettront à bas des cloisons et libéreront davantage les volontés des professionnels de santé. Comme il est aujourd'hui important d'arriver à une rationalisation de la gestion des dépenses financières (l'axe 8 du Plan cancer), nous avons été parmi les premiers à insister sur ce fait, car il y a tant de gaspillages...
- Quelles sont les actions concrètes menées durant l'année 2015 ?
Il n'y avait pas d'objectif fixé pour l'année 2015. Si vous reprenez le plan, nous n'avons jamais promis de résultats concrets sur le terrain pour l'année 2015, par contre nous avons promis comme premier élément, — qui va conditionner l'échec ou le succès de ce plan — de mettre en place des méthodes de travail différentes du passé.
Des méthodes innovantes qui ont réussi partout dans le monde. Comme il y a aussi est un paradigme auquel nous devons nous habituer c'est celui d'accepter le verdict de l'évaluation. Nous avons pris effectivement du retard, mais nous avons réussi à instaurer les indicateurs déterminants dans la réussite ou l'échec de ce plan. Il était question de se fixer des échéanciers (par exemple sur la baisse de la mortalité) et l'évaluation des résultats.
- L'ouverture de nouveaux centres anticancer ont permis, selon le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, une amélioration de la prise en charge et la réduction des délais d'attente, notamment pour la radiothérapie. Qu'en pensez-vous ?
J'ai travaillé pendant trois ans exclusivement sur ce sujet. La réalité, il y a trois ans, il n'y avait que 6 centres anticancer. Actuellement, ils ont presque doublé et il ne faut pas oublier que ces centres étaient prévus pour être ouverts entre 2011 et 2014. Il y a eu aussi un apport significatif par les trois centre privés construits en un temps record, même des étrangers le reconnaissent, à Tizi Ouzou, Blida et Constantine et qui ont déjà certaines technique de diagnostic et de traitement qui n'existent pas dans le public, à l'instar du PET scan (cyclotrope).
Maintenant, pour l'amélioration de la prise en charge, sans vouloir détourner la question, celui qui est le plus apte à y répondre à est le malade. Si nous avions pris comme devise le Plan national cancer et pour une nouvelle vision, le malade au centre de la problématique, ce ne sont pas des mots vides de sens. Malheureusement dans le débat actuel, le malade est le grand absent. Tout le monde parle de cancer et on entend peu la voix du malade.
Bien entendu, un cancéreux ne pas sortir manifester dans la rue. Dans les pays où il y a la démocratie sanitaire, aucune grande décision stratégique de santé n'est prise sans l'association des malades et c'est souvent grâce au Plan cancer comme c'était le cas aux Etats-Unis. Il faut dire que l'Etat algérien n'a pas lésiné sur les moyens pour justement améliorer la prise en charge des malades, malheureusement les résultats que nous constatons ne sont pas à la hauteur des moyens déployés et des efforts consentis.
- Le problème d'accès aux soins de radiothérapie persiste, malgré l'acquisition de nombreuses machines (accélérateurs) installées dans les CAC. Où se situe, d'après vous, le blocage ?
Effectivement, l'Algérie a acheté les appareils pour les traitements de la radiothérapie, mais pas plus que les autres pays. La Turquie possède pratiquement 10 fois plus d'accélérateurs que l'Algérie sans parler de la France et de l'Allemagne. En tout cas, la trajectoire prise par l'Algérie au point de vue nombre est louable, mais comme je l'ai mis dans le rapport d'octobre 2013, il y a peut-être une réflexion à mener sur une réorientation de la stratégie des centres anticancer. Lorsqu'on parle de CAC, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un petit CHU, il doit répondre à trois missions, à savoir les soins, l'enseignement et la recherche.
Ces structures sont difficiles à construite, à gérer et à exploiter. Actuellement, comme cela se fait ailleurs, la logique veut que l'on s'oriente vers la construction de service de radiothérapie, d'autant que les autres prestations, diagnostic, chirurgie et chimiothérapie se font très bien dans les hôpitaux algériens.
Ce sont les services de radiothérapie qu'il faut multiplier et non pas les centre anticancer. C'est l'une des propositions faites par le comité de pilotage du Plan cancer au gouvernement. Mais vous avez raison de parler de leur efficacité et de la rentabilité vis-à-vis des maladies et la sûreté de leur utilisation. L'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a récemment fait une tournée d'inspection et il faut voir quelles ont été ses conclusions.
- Le Plan cancer s'est fixé de nombreux objectifs, dont la prévention et le dépistage. Sont-ils les priorités de l'année 2016 ?
Je vous remercie pour cette question parce que vous avez touché du doigt le problème du cancer pas seulement en Algérie, mais au niveau international. Souvent les polémiques et les discussions portent sur le traitement du cancer. Or, bien maitriser le cancer c'est de ne pas l'attraper ou de l'avoir tout à fait au début. Cela ne peut se faire que grâce à la prévention primaire et la prévention secondaire.
Ce qui permet une meilleure prise en charge et un meilleur pronostic vital. Sans être alarmiste, le cancer a deux faces quand il est diagnostiqué tôt, il devient une maladie bénigne alors que pour la même maladie détéctée tard, aucun traitement ne peut la guérir, que ce soit chirurgie, la chimiothérapie ou la radiothérapie.Il faut lutter contre les facteurs de risque, à savoir le tabac, la pollution de manière générale et notamment les hydrocarbures, l'amiante, les produits cancérigènes toxiques et les mauvaises habitudes alimentaires, et il faut encourager l'activité physique. Certains auteurs américains ont défini le cancer comme une maladie fabriquée par l'homme lui-même.
Il est donc temps d'engager une nouvelle stratégie de lutte contre tous ces facteurs, notamment le tabac. Il existe un plan de lutte contre ces facteurs élaboré par le ministère de la santé en collaboration avec l'Union européenne qui s'étale de 2014 à 2018. Le comité de suivi a été également mis en place et nous avons pris contact avec les membres de ce comité pour savoir quelles sont les actions qui seront prévues notamment dans la lutte contre le tabac. Il faut savoir que des pays ont pris de l'avance en réorientant leurs politique de santé.
Les pays nordiques et l'Australie ont fait passer une loi réorientant complètement leur politique de santé vers la protection, la promotion et la prévention. Ils étaient arrivés au summum dans les traitements et ils se sont rendu compte que malgré toutes les dépenses ils n'arrivaient pas à faire baisser l'incidence du cancer. Aucun pays au monde n'a réussi à faire diminuer le nombre de cancers, par contre ils arrivent à diminuer la mortalité. L'orientation est également portée vers l'enseignement et la formation. C'est ce qui est primordial chez nous.
La formation doit être revue et renforcée notamment pour le médecin généraliste qui devrait être le pivot essentiel de toute politique de santé et de cancer. Nous avons trop axé durant 20 ans sur le traitement alors que l'Algérie a donné pendant des années l'exemple aux pays en matière de prévention. L'Algérie a éradiqué les maladies transmissibles, nous avons donc les armes du point de vue conceptuel pour redémarrer une nouvelle politique de prévention et surtout au niveau des écoles. Des programmes spéciaux doivent être élaborés et que nous ne devons pas comparer aux autres programmes d'enseignement.
Concernant le tabac, il est impératif de mettre en place des mesures coercitives, en l'occurrence le prix du tabac, le paquet neutre... Ce sont des méthodes difficiles à instaurer, mais cela donne des résultats. Pour ce qui est des cancers d'origine infectieuse (estomac, voies ORL,) la vaccination demeure efficace.
Quant au dépistage, il faut dire qu'il se fait de manière anarchique. Il faut reconnaître qu'il y a beaucoup de radiologues compétents et il y a des initiatives personnelles et institutionnelles qui sont organisées, mais ce genre de dépistage de l'avis de l'OMS est inutile et il est même dangereux. Il y a toute une littérature qui montre que seul un dépistage organisé doit être initié. Concernant les actions prioritaires de l'année 2016, le groupe chargé du dépistage du sein est sur le point de remettre ses propositions au ministère de la Santé.
Il y a donc cinq grandes actions prioritaires qui seront lancées : le dépistage, les soins palliatifs, la radiothérapie, la formation du médecin généraliste et le médecin généraliste coordinateur comme élément pivot du Plan cancer et la rationalisation des dépenses. Cela ne veut pas dire que les autres problèmes ne seront pas étudiés. Pour que le Plan cancer ne soit pas figé, il faut qu'il soit évolutif et nous corrigeons notre démarche tout en avançant.
- Le nombre de cas de cancers a souvent suscité la polémique. Quelle est aujourd'hui l'incidence des cancers en Algérie ?
Les chiffres que nous avons, présentés par les spécialistes sur le terrain, font état d'environ 50 000 nouveaux cas par an, toutes localisations confondues. A présent, nous attendons les résultats de la mise en réseau des registres nationaux du cancer initiée par le ministère de la Santé. Cela nous permettra d'avoir les chiffres exacts et les caractéristiques par rapport aux organes. Djamila Kourta


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