Khadidja Bouhala, Présidente du Club vert de Ouargla «Privilégier le ramassage effectué par des enfants» «Aujourd'hui, notre objectif est d'impliquer les enfants dans la préservation de l'environnement. La campagne de ramassage que nous avons organisée au mois de mai a permis de collecter 1,7 q et 700 kg de bouchons en seulement 15 jours et encore, j'ai préféré privilégier le ramassage effectué par des enfants, des familles entières parfois dans la rue, dans les lieux publics. Les bouchons récoltés dans les bases de vie sont tout aussi nombreux, mais nous les avons disqualifiés justement pour donner l'avantage aux enfants et leur inculquer cette habitude».
Aïcha Benyahia. Militante antigaz de schiste «Chacun de nous porte en son cœur cette résistance» «Ce soulèvement populaire contre un projet nuisible à l'homme et à la nature a totalement bouleversé In Salah. Il est vrai qu'aucune manifestation commémorative n'a été organisée pour célébrer le premier anniversaire des manifestations citoyennes contre l'exploitation du gaz de schiste, mais je pense que chacun de nous porte en son cœur cette résistance qui rejette ce projet et le refusera à jamais. Nous restons debout ici à Sahat Somoud, qui se métamorphose en une grande place publique. Elle témoignera à jamais de cette union qui a scellé un pacte populaire avec une seule volonté, une parole unique, un même dessein. Et même si le gouvernement pense le contraire, il sait qu'ici, il n'y aura qu'un seul mot d'ordre : non au gaz de schiste».
Fatima Khayar. Artisane et présidente de l'association Oyoun Thakafia de Bordj Omar Driss «L'artisanat traditionnel est l'essentiel de l'économie de notre région» Fatima Khayar est parmi les plus célèbres artisanes de la région de Temassinine, 700 km au nord d'Illizi. C'est la présidente de l'association Oyoun Thakafia. Elle estime que l'artisanat traditionnel constitue l'essentiel de l'économie de la région : Iyouanankid maraw nenagh, nerhatnes yegla, warnerha tinekes, wernerha tinandaw… nerhad yegla abedah herkouk (l'artisanat est l'héritage de nos ancêtres, nous voulons le transmettre, nous ne l'abandonnerons jamais… et nous devons le préserver et le sauvegarder). C'est par ces termes, qui forcent l'admiration, que notre artisane exprime sa fierté et son attachement à cette activité patrimoniale ancestrale. Nous confectionnons la tente targuie (ehakit), à savoir ehakit, elle-même, par ilamawen, esaber, ihwaren, etc. Il s'agit d'un travail dur qui peut prendre des mois en plein Ténéré et qui nécessite la collaboration de plusieurs tididine (femmes). Il faut savoir que l'artisanat constitue une source de nourriture pour mes enfants et nos préoccupations sont majeures. Ici, ils nous invitent avec insistance lors de différentes manifestations culturelles et surtouts lors des visites officielles, puis ils nous oublient durant toute l'année. La direction du tourisme ainsi que la Chambre d'artisanat et des métiers (CAM) d'Illizi doivent prendre nos préoccupations sérieusement en charge, cette distance de 700 km qui nous sépare nous pénalise davantage. Nous voudrions un véritable accompagnement par des mesures concrètes en moyens de transport, de locaux d'exposition et surtout de mécanismes de commercialisation de nos produits pour qu'on puisse réaliser des projets qui sortent de l'ordinaire, car les artisanes de Temassinine sont déterminées à aller de l'avant et pérenniser ce savoir-faire millénaire, il suffit juste que l'on nous tende une oreille attentive.