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L'aventure du cinéma
Cannes . Le journal du festival de Azzedine Mabrouki
Publié dans El Watan le 14 - 05 - 2016

MARDI 10 MAI. In Hollywood pourrait être le titre du film de Woody Allen qui ouvre le 69e Festival du film de Cannes annoncé sur la Croisette par de nombreuses affiches. Mais il s'intitule Café Society.
On imagine déjà les décors fastueux des demeures de Beverly Hills, les grandes fenêtres aux rideaux secouées par le vent de Californie, les fleurs et les tapis précieux. Wait and see, la projection de presse est prévue demain. Ainsi continue l'aventure du cinéma à Cannes avec des milliers de films du monde entier prêts à surgir sur les écrans. En cette veille d'ouverture, on s'en tient au programme et aux messages envoyés par les attachés de presse avec une telle efficacité ! Une poussée de premières œuvres d'inconnus et des signatures fortes d'auteurs parfois illustres déterminés à décrocher une Palme d'Or, des auteurs déjà connus du cercle magique de la Sélection officielle : Pedro Almodovar, Ken Loach, Sean Penn, Dardenne Brothers...
Le Festival de Cannes est un système complexe. Il y a différentes sections, des séances spéciales, des hors-compétition, la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique, Cinéfondation, etc., sans compter le Marché du Film. C'est dans la compétition que les choses se corsent à l'heure du palmarès. Assez souvent, des films rares, des perles y laissent des plumes. Pendant longtemps, le grand et même très grand cinéaste grec, Théo Angelopoulos, a eu du mal à décrocher une palme. On a fini par le couronner, ex-aequo avec un autre ! Et qu'est-ce qui a empêché Abderrahmane Sissako de remporter la Palme d'Or pour Timbuktu sinon les tractations nébuleuses d'un jury mal luné ? Petit scoop : cette année, c'est la fin de la suprématie d'Hollywood. Woody Allen est un cinéaste de la côte-est. Et Steven Spielberg revient cette année hors-compétition. Peut-être des révélations cette année avec la sélection d'auteurs du Brésil, d'Iran (avec 30 courts métrages), des Philippines et de ce que l'on nommait le Tiers-Monde.
En tout, Thierry Frémaux, le délégué général, a visionné 1869 productions et retenu 21 pour la compétition et 20 pour Un Certain Regard. Quand on lui a demandé pourquoi les mêmes figures reviennent, il a expliqué que le Festival de Cannes est comme le musée du Louvre, il garde les œuvres fortes, de grande valeur.
MERCREDI 11 MAI. Ouverture officielle aujourd'hui. Des vigiles viennent prêter main forte aux CRS qui veillent à la sécurité du festival. Le Bunker est entouré de barrières. Sans badge, inutile de s'approcher. Hier, le palais était calme, silencieux. Aujourd'hui, c'est la cour des miracles. Agitation fiévreuse à tous les étages de cet immense bâtiment d'une propreté suisse, rempli d'affiches et d'immenses bouquets de fleurs. On devine l'angoisse du metteur en scène venu montrer son film. A l'heure la plus silencieuse de la nuit, sans sommeil, il se voit déjà en haut des marches, mitraillé par les photographes, salué par la foule.
Qu'il soit court, moyen ou long, un film à Cannes peut réussir par les seules et uniques ressources de son expression. En plus, il y a le travail avec les médias. Un marathon dans les étages et sur la Croisette dès le lever du jour pour que tout soit prêt le jour de la projection. Seuls ceux qui croient avoir fait un chef-d'œuvre, un film «culte» probablement, ne bougent pas trop, attendant l'avis des critiques tapis au fond des salles obscures. Ceux-ci, en sortant de la salle, lâchent au hasard des mots irréversibles : beau, terrible, drôle, pas drôle, sordide, magnifique, blockbuster, disent aussi les Américains quand ils aiment un film...
Peu de choses dites pourtant sur le film de Woody Allen. A Cannes, on exclut d'emblée les films hors compétition de commentaires. Avant Café Society, Woody Allen est venu quatorze fois ici, en compétition ou hors. A Los Angeles où on joue des coudes pour décrocher un Oscar, le cinéaste new-yorkais en possède quatre. C'est dire qu'il n'a pas de souci à se faire. Il a choisi de faire une love-story à partir des rêves d'un jeune homme qui débarque à Hollywood pour faire carrière dans le cinéma. C'est comme dans Le Cid : «Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années.» Orson Welles avait provoqué un véritable coup de théâtre avec Citizen Kane. Il avait à peine 25 ans.
Que de films, de feuilletons, de romans déjà sur Hollywood. Beaucoup d'émotion passait déjà dans Le Grand Nabab, d'Elia Kazan (1976), tiré du roman de F. Scott Fitzgerald et joué par Robert De Niro, Robert Mitchum et Jeanne Moreau. Le film de Woody Allen semble un peu à la remorque de tout ce qui a été dit sur Hollywood. Intrigue mince comme du papier à cigarettes. Mais ce n'est pas une production en pure perte. Woody Allen a un public nombreux et fidèle, quoi qu'il fasse. On a vite fait la cartographie d'Afrique et du monde arabe : peu de films au programme. Hissen Habré, une tragédie tchadienne, de Mahamet Salah Haroun, est en séance spéciale, ainsi que Chouf, de Karim Dridi. Coup de maître posthume de Youcef Chahine : la copie restaurée de son Adieu Bonaparte (1985) est montrée à Cannes Classics. Echebak (Clash) de Mohamed Diab (Egypte) est à Un Certain regard. La Laine sur le dos, court métrage de Lotfi Achour (Tunisie), est en compétition. Et l'on retrouve à la Quinzaine les œuvres de Rachid Djaïdani, Houda Benyamina et Damien Ounouri, auteur de Kindel el Bahr, film algérien tourné à Gouraya. A propos d'Afrique : The Last Face, de Sean Penn, en compétition, a été tourné au Libéria, avec Xavier Bardem et Charlize Théron.
Ce qui étonne chaque année à Cannes, c'est le très grand nombre de participants, leur ferveur, leur appétit de découvrir les films. A toute heure du jour et de la nuit, un rassemblement, du genre Nuit Debout, se tient aux abords du palais. Non pas pour protester, mais pour obtenir des entrées. A Cannes, ça marche par invitations. Le festival n'est pas une entreprise commerciale. On n'y vend pas de ticket. Seule solution pour le public, s'adresser aux producteurs. Ou, chose étonnante, demander une invitation à un autre participant. Très tôt, chaque matin, sur la Croisette encore silencieuse, à l'heure où les camions ramassent les poubelles, on voit des cinéphiles vaguement conscients de leur peu de chances d'aboutir réclamer joyeusement le fameux carton d'invitation.
MERCREDI 11 MAI. Des bruits plutôt flatteurs précèdent déjà des films. A la Quinzaine des Réalisateurs celui de Marco Bellocchio : Fais de beaux rêves. Le metteur en scène italien avait provoqué une tempête en adaptant, il y a près de trente ans, Le diable au corps, œuvre jugée scandaleuse. Et celui de Pablo Larrain, évocation de la vie de Pablo Néruda, poète, romancier et prix Nobel chilien. Pas mal d'éloges aussi sur le travail de Pedro Almodovar en compétition avec Julieta, sujet qu'il aime, les rapports mère et fille conflictuels. Une jeune fille efface totalement sa mère de sa vie comme si elle n'avait jamais existé ni compté pour elle. Julieta est le vingtième long métrage de Pédro Almodovar et le sixième en compétition au Festival. Un sujet retient pourtant l'attention dans Mal de Pierres, de Nicole Garcia, en compétition. Par amour pour un homme, une jeune femme quitte ses parents et décide de s'enfuir avec lui sans laisser d'adresse. Nicole Garcia, l'Oranaise, elle-même actrice, dirige dans cette histoire Marion Cotillard et Louis Garrel.
Espérant une troisième Palme d'or après Rosetta en 1999 et L'Enfant en 2005, les frères Dardenne reviennent avec La Fille inconnue, triste histoire d'une jeune femme médecin qui refuse son aide à une personne qui meurt. Sujet de Loving de Jeff Nichols, en compétition : un couple mixte forcé en 1958 de s'exiler de l'Etat de Virginie où la loi risquait d'annuler leur union. En 1967, la Cour suprême américaine a pris une décision historique, un jugement déclarant anticonstitutionnelle toute loi interdisant les mariages entre Noirs et Blancs aux Etats-Unis.
Le lauréat de la Palme d'or 2006, Le Vent se lève, Ken Loach a filmé encore l'Angleterre des laissés-pour-compte dans son nouveau long métrage Daniel Blake,en compétition. Ken Loach a déjà été treize fois en compétition au Festival de Cannes. Record absolu. Venu de Récife (Brésil), Mendoça Filho dénonce dans Aquarius la mafia des promoteurs immobiliers, et de Manille (Philippines), Brillante Mendoza, dans Ma Rose, fait le récit des affrontements entre trafiquants de drogue et police. Tous deux en compétition aussi. Le dernier film sélectionné, Forushade, est aussi le septième long métrage de l'Iranien Ashghar Farhadi, auteur de La Séparation, Ours d'or au Festival de Berlin. Pour Forushade, le dossier de presse indique qu'il s'agit de l'histoire d'un jeune couple de Téhéran en proie aux malaises de la vie et qui soudain craque et voit son existence se dérégler. A suivre…


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